S'il est vrai que les révolutions conceptuelles sont étroitement liées aux mutations politiques et sociales, alors Wladimir Vernadsky est un cas d'école. Aristocrate russe, académicien, membre du Conseil d'État dès 1906, ce scientifique de renommée internationale porta bien haut, sous le tsarisme comme sous le stalinisme, la bannière d'une science libérale, ennemie des totalitarismes et rétive aux obstacles institutionnels. Sa pensée transdisciplinaire, qui procède du même esprit, l'amena à fusionner les sciences de la vie et celles de la Terre, alors radicalement séparées, pour donner une synthèse d'une stupéfiante modernité. En filigrane derrière sa " biosphère ", vision globale, voire cosmique, d'une planète vivante, c'est toute l'écologie moderne qui se dessine. Avec ses enjeux scientifiques, humains... et politiques.