On revient chez soi. Beaucoup d'amis me demandent comment je fais pour ne pas me lasser de voyager autant et souvent si loin. On se lasse au contraire de rester chez soi, dans sa propre ville et son propre monde, où l'on est broyé par des tracas et des devoirs, transpercé par les mille flèches banalement empoisonnées du quotidien, opprimé par les idoles de sa propre tribu. C'est quand on est chez soi que se jouent, en bien et en mal, la vie, le bonheur et le malheur, la passion, le destin. Le voyage, même le plus passionné, est toujours pause, fuite, irresponsabilité, trêve de tout véritable risque. On revient donc chez soi, au monde : adulte, sérieux, envahissant. |