Quand on a la chance d'être né, avec son frère, dans le Montana, pays des Rocheuses et des grandes rivières à truites de l'Ouest américain, la pêche à la mouche, c'est un peu comme le tir à l'arc pour les Japonais : une leçon de vie, une façon méticuleuse d'ajuster ses gestes et de participer à la beauté du monde. Cela prend du temps, de la patience -comme tout forme de perfection. Le frère du narrateur était, dans les années 30, un magnifique lanceur qui semblait prendre les poissons au lasso. C'était aussi un mauvais garçon, un joueur de poker imprudent que sa famille aimait sans le comprendre. Cette précision et ce talent qu'il faut pour tromper un animal aussi malin que la truite, Norman MacLean les a pour capturer dans son récit la lumière bénie des jours disparus qui, à jamais, vous hantent. Ce roman autobiographique est devenu un classique de la littérature américaine. En 1991, Robert Redford en fait un film : et au milieu coule une rivière.