Robi et Mordi se retrouvent par hasard sur le quai d'une gare, quelque part en Europe, après la guerre. Deux ombres grises dans la brume d'une ville en ruine, qui parlent un langage d'ombres. Deux hommes réduits à leur plus simple expression. Ils se connaissent d'avant, mais on ne sait rien ou presque de leur passé. Ils vont ensemble à la soupe populaire, et c'est pour eux un luxe de refuser ce repas quand il est froid. Alors que Robi recherche sa famille, rêve d'amour et de fortune, Mordi reste prostré chez lui, à essayer de comprendre. L'affaire chocolat pourra-t-elle leur apporter la richesse, ainsi que Robi l'imagine ? Juifs, survivants. Ces mots n'apparaissent jamais. Mais on sait. Dialogues épurés, atmosphère raréfiée, évitant tout ce qui, depuis, a pu devenir " cliché ", ce roman unique a la densité de la poésie de Paul Celan, l'intense retenue des textes de Samuel Beckett. " Ce conte singulier frappe par son approche oblique. Plutôt que de décrire Auschwitz, Haïm Gouri s'attache à ceux qui le portent toujours en eux. En racontant l'histoire de ces survivants, il rapproche le lecteur de ceux qui sont morts et ont emmené leurs rêves avec eux. " |