En plein cœur de la vieille Bahia, une ancienne bâtisse coloniale, apparemment comme les autres, au n°68 de la Montée-du-Pelourinho. Quatre étages. Un escalier obscur. Le bistrot de Fernandes sur le devant. Dans les cent seize chambres, plus de six cents personnes, sans compter les rats. Isaac, dona Risoleta, la douce Linda, le Noir Henrique, Arthur dont la machine a broyé les deux bras, qui mendie et fait peur aux enfants, l'agitateur Avaro Lima... c'est tout un monde prétendu sans hygiène et sans morale que Jorge Amado met en scène dans ce seul lieu qui évoque l'arène du théâtre antique et où s'élevait autrefois le piloris destiné aux esclaves. Un monde malade, révolté, misérable, qui sue de la sueur des opprimés, dégage une odeur de chambre de défunt, mais qui aime et reste la vitalité même, et saura peut-être un jour bouleverser sa condition, pourtant la plus désespérée. |