J'ai rencontré Robert Desnos en 1938 et je l'ai revu régulièrement jusqu'à son arrestation par la Gestapo, le 22 février 1944. Je l'admirais et nous étions complices.
À vingt ans, Robert Desnos rejoint le groupe surréaliste encore nommé Dada, fondé par André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault, Paul Eluard, Tristan Tzara ainsi que Benjamin Péret, René Crevel et tous les autres. Rebelles aux massacres de la Grande Guerre, les dadaïstes veulent la révolution des mœurs et de toutes les expressions de l'art, de l'écriture, de la sensibilité.
Robert Desnos devient le centre et le médium de leur descente aux abysses du langage et participe aux " Grands Sommeils ". Hypnose vraie ou délires simulés ? " Qu'importe, dira Desnos. Ce que nous avons vécu seul compte, et les traces qui en demeurent. "
Adorateur des rythmes et des voix, Robert Desnos s'éprend d'amour inassouvi pour Yvonne George, l'" Étoile ", tragédienne de la chanson qui mourra en 1930. En 1928, il rencontre le second visage de son unique amour : Youki Foujita, la " Sirène ". Passion tumultueuse qui durera jusqu'à la mort de Robert dans un camp nazi en 1945.
" Ce cœur qui haïssait la guerre " était un fou de liberté qui a mené dans le Paris de l'Occupation une double vie de poète résistant et de journaliste exposé à la censure hitlérienne.
À la façon des pianistes virtuoses, Dominique Desanti joue la partition ou les variations sur Robert Desnos, mêle l'œuvre à la vie, leurs rencontres, les confidences du poète aux témoignages des amis qui lui ont survécu. |