On est revenus vers le chemin qu'était pas très loin de là où on avait passé la nuit. Il marchait devant et je suivais. Je suivais comme les chiens suivent qui savent pas où aller. Parce qu'un jour on leur a donné quelque chose, ou parce qu'on leur a gratté la tête, ils se mettent à vous suivre n'importe où et même si on les bat, ils reviennent quand même. Dans mon dos, y avait la maison de Nane. J'ai tourné la tête à moitié, mais j'ai pas voulu tourner la tête tout à fait parce que ça faisait trop mal d'être là sur ce chemin que j'aurais préféré être six pieds sous terre parce qu'en plus du chagrin de revoir le soleil et la plaine que j'aimais pourtant mais que je supportais plus, y avait l'autre de savoir que j'étais comme un chien qui suivait le vieux pour la pitance et pas d'autre toit où aller...