C'est dans un jardin en ruine que je retrouve Riri, chaque soir, même l'hiver, après le collège, à dix-huit heures tapantes. Nous marchons à la rencontre l'un de l'autre comme deux voleurs puis nous déguerpissons à gauche dans une ruelle herbeuse, un coupe-gorge bordé de plaques de ciment, un sentier qui donne sur le plus grand et le plus sauvage des jardins de la ville : les remparts. C'est notre salon d'été ou d'hiver, notre cabane de trappeur, notre igloo, notre hutte, notre grotte ou notre caverne secrète. On s'invente des histoires à partir du craquement d'une branche ou du cri d'un oiseau. On se raconte des trucs qu'on n'ose dire à personne et puis on rentre chez soi en se serrant très fort la main : à demain matin huit heures pour partir à l'école. Dors bien, sinon, rendez-vous à la fenêtre avec la lampe !