Dans chaque civilisation, les pierres parlent une langue singulière. Enfant d'un pays de menhirs, Segalen découvre au fil de ses séjours chinois, entre 1909 et 1914, les pierres écrites. Il en conçoit le projet de Stèles : non pas un recueil de traductions, mais plutôt une transposition, un détournement de la vertu pierreuse (pétrifiée, pétrifiante...) des mots au profit d'un monde de sensations et de visions qui lui est propre. La présente édition se propose de donner à entendre les résonances les plus lointaines de chacun de ces poèmes. Résonances chinoises, d'abord, à travers les références et les sources livresques qu'invoque le poète lui-même. Mais résonances imaginaires surtout, tant ce livre, l'un des plus étonnants de l'immédiat avant-guerre, engage déjà, dans sa complexité, les œuvres qui le suivront : Peintures, Equipée, René Leys, Le Fils du Ciel. Sont rassemblées ici, non seulement les stèles constitutives de l'édition de 1914, mais aussi celles qui, bien qu'achevées, furent finalement écartées de la publication. Une chronologie, une bibliographie, enfin un dossier de textes de Segalen à propos de Stèles contribuent à éclairer de la manière la plus précise ce monument de la langue dont on découvre chaque jour un peu mieux la modernité sans âge.
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