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[L'inconnue de la Seine | Didier Blonde] |
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Auteur |
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1965 Localisation: Ile-de-France
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Posté: Jeu 06 Jan 2022 4:24
Sujet du message: [L'inconnue de la Seine | Didier Blonde]
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Commentaires : 0 >> |
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L'on trouve encore à Paris les masques mortuaires de l'Inconnue de la Seine, qui a inspiré de nombreux illustres écrivains du passé. De la vitrine de nombreux libraires, j'apprends que Guillaume Musso s'est aussi récemment approprié ce personnage pour en faire un polar à succès. J'ai repensé donc à ce roman de Didier Blonde que j'avais désiré après la lecture, il y a 5 ans, de Leïlah Mahi 1932, une enquête sur la photo d'une défunte inconnue du Père-Lachaise.
Mais je suis un peu déçu de cette Inconnue de la Seine, peut-être parce qu'il s'agit cette fois d'un roman, peut-être parce que j'ai retrouvé, avec un trait grossi, donc moins fin, le même procédé que Blonde avait déjà utilisé. Ici, le personnage principal est Simon, un libraire dont l'acquisition d'un calque a poussé à entreprendre l'enquête sur l'identité de l'Inconnue. On comprend très vite qu'il compose dans son esprit une identification entre elle et Marie, une femme aimée qui est décédée. Au cours de ses recherches à la Bibliothèque Ntionale, Simon fait la rencontre de Hella B. une chercheuse qui prépare une thèse sans doute sur le thème littéraire des femmes disparues dans la Seine. Et soudain cette rencontre revêt davantage d'intérêt que l'enquête. Hella B., qui représente la détentrice du savoir, lui confie même le manuscrit de sa recherche que Simon ne lira pas, mais qu'il aura une envie criminelle de faire disparaître. L'auteur suggère à ce moment, par la voix de la chercheuse, que l'identité de l'Inconnue est sans importance, qu'il s'agit peut-être d'un canular. Je ne gâcherai pas davantage le plaisir des lecteurs futurs en révélant la chute du roman. Mais je regrette que, si telle devait être la fonction du personnage féminin, il n'ait pas été traité avec davantage de finesse : en particulier, des parallèles plus construits auraient pu/dû être établis entre l'Inconnue, Marie et Hella, que l'oracle sibyllin de cette dernière : « […] Personne ne voudra de vous avec cette morte au fond du cœur... Le jeu est trop inégal. Les morts ont toujours raison. Mais aimer une morte, c'est le contraire d'aimer. » (pp. 112-113).
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[L'inconnue de la Seine | Didier Blonde] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 29 Aoû 2017 20:04
Sujet du message: [L'inconnue de la Seine | Didier Blonde]
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Commentaires : 3 >> |
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Les vies enfuies
Simon, trentenaire, libraire de livres et disques d’occasion à Paris, fait l’acquisition chez un brocanteur de la copie du masque mortuaire en plâtre d’une jeune femme inconnue, probablement noyée en Seine en 1901. Fasciné par la beauté opalescente et l’énigmatique sourire semblant tourné vers l’au-delà, Simon va enquêter sur la disparue anonyme en fouillant les archives photographiques, les registres de la morgue (aujourd’hui institut médico-légal où passent les morts non identifiés avant leur atterrissage en fosse commune) et les fonds imprimés de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu. Il échafaude des scénarios, élabore des vies probables mais l’inconnue pourtant mise à nu s’escamote, rétive à toute identification. Simon finirait par lâcher prise s’il ne croisait in extremis une thésarde allemande travaillant sur le même sujet sous la coupole de la salle Labrouste et disposant d’une avance considérable dans son travail de recherche. Simon se sent dépossédé et il va tenter de s’approcher de la chercheuse qui est peut-être une incarnation de l’inconnue.
Quête identitaire magnifique et lumineuse, L’Inconnue de la Seine est une œuvre subtile et envoutante qui dresse en « profil perdu » le portrait de Didier Blonde. L’auteur cisèle des phrases courtes, aériennes, simples et immédiatement compréhensibles mais porteuses d’un sens dissimulé à l’instar du masque de plâtre. Il suffirait, pour tenter d’approcher le mystère poétique, de s’attarder sur cette phrase, radieuse comme une épitaphe qui évoque des photons tramés dans des particules en suspension, dans une fin d’après-midi ensoleillée : « La poussière tombe avec la lumière, imperceptiblement », ainsi de la dissolution des morts dans le puits de la lumière.
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