Dans l’antre du prophète.
Le piège posé par Cunnigham dans l’étroit défilé semble signer la déroute des guerriers du prophète lancés en mission punitive contre les assassins d’un campement indien. Satisfait de sa stratégie et de son œuvre de mort, l’ex colonel a fait parler un Indien capturé, dépendant du « pain de Dieu », une drogue rendant inconscient face au danger encouru. Cunnigham décide de pousser son avantage en s’introduisant dans la forteresse naturelle de la Sierra Madere afin d’occire Revekti. Une escarmouche a eu lieu entre Tex, Tiger, Mazay et un groupe de cavaliers à la solde du rancher. L’étau se resserre, le dénouement approche, le piège s’ourdit et l’antre du prophète va devenir le chaudron du diable. Bien des hommes vont y laisser leur peau.
Suite et fin des Tex 606 et 607, soit trois fois 114 pages de plaisir ininterrompu d’une lecture prenante. Les hommes tombent les uns derrière les autres comme à Fort Alamo. Impitoyables, ils révèlent un courage et une force galvanisés qu’un coup mortel finit toujours par faire plier. Mauro Boselli a parfaitement structuré son histoire avec un parallèle dressé entre Tex Willer et son fils Kit, l’un sauvant l’autre et vice-versa. Le dessin de Yannis Ginosatis demeure exemplaire de bout en bout.

La vallée des dieux.
L’expédition punitive dirigée par l’ex colonel sudiste Miles Cunnigham contre le prophète Revekti et ses affidés sous emprise progresse dans la zone semi-désertique du sud de l’Arizona, à proximité du Mexique. Tex, Laredo et les scouts de Fort Apache s’approchent aussi de la Sierra Madera, refuge inexpugnable de l’illuminé meurtrier. Sur le chemin, Cunnigham fait massacrer un village indien qu’il imagine en intelligence avec l’ennemi. L’équipée de Tex Willer arrive après l’ignominie, enterre les morts et continue. Ahwig survient pour découvrir le sort réservé à son clan et décide de rejoindre Revekti. Il va en devenir un allié zélé et impitoyable, mettant en péril la stratégie de Goyaklee, frère du scout Mazay. Le prophète, en réaction au génocide indien, envoie une troupe aguerrie affronter la bande de Cunningham mais rien ne va se passer comme prévu, chacun culbutant dans un traquenard inattendu.
La suite du Tex 606, Chasse infernale, ne faiblit pas en intensité. Willer et Laredo semblent toujours à la traîne, presque en marge au déroulement de l’histoire alors que Cunnigham occupe le devant de la scène. Revekti apparaît enfin et ne déçoit pas. Ses décisions sont avisées, autoritaires et impitoyables. Toutes ces fortes personnalités vont converger et s’affronter dans le Tex 608. Le dessinateur grec Ginosatis, pour sa première réalisation dans la saga texane, produit une histoire magistrale.

Chasse infernale.
A Folkestone, l’ex lieutenant Eddie Parkman, maintenant solitaire et désœuvré, remporte un concours de tir et attire l’attention de deux cow-boys à mines patibulaires. Ils l’accostent et lui proposent de rencontrer leur boss, le riche rancher Cunnigham, ex colonel admiré de ses hommes. Une semaine plus tard, sur la piste de Tucson à Tombstone, la diligence qui vient d’embarquer Kit Willer est attaquée par des Apaches. Le raid rapide, violent et meurtrier pourrait être sans issue pour les voyageurs si Tex Willer et Tiger Jack n’intervenaient in extremis. Le ranger retrouve en ville Johnny Laredo, le chef des scouts de Fort Apache. Ils décident de s’unir pour essayer de dénicher le prophète Revekti [en langue yaqui, cela signifie divisé en deux] qui galvanise les guerriers notamment avec des drogues sensées les rendre invincibles. Pendant ce temps, Cunnigham lève une troupe déterminée dont Parkman fait partie afin d’aller anéantir le prophète et les rebelles indiens fanatisés.
Mauro Boselli n’a pas pris le temps d’installer le climat comme à son habitude, faisant languir l’action au profit d’une immersion du lecteur. Il s’est attaché à camper une galerie de personnages suffisamment bien travaillés pour être clairement identifiés et appréciés en conséquence. Eddie Parkman et Johnny Laredo sont des personnages récurrents (voir les Tex n° 458-459-460 édités par Clair de Lune et intitulés Mescaleros). Il n’y a aucun temps mort tant l’action palpite et que les scènes intermédiaires dégagent une tension visible. Le dessin de Yannis Ginosatis est une découverte renversante. Une nouvelle fois, la bédé populaire atteint des sommets narratifs et graphiques. Les cadrages, les expressions des visages, les paysages palpitent. Les scènes nocturnes sont bluffantes. Le lecteur croit suivre un film puissant et habité (suite et fin dans les n° 607 et 608) et il en reste coi d’admiration.