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Les notes de lectures recherchées

2 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (2 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : afrique, afrique contemporaine, biographie de freud, burundi, freud, jung, psychanalyse, rwanda, vienne

[Mon patient Sigmund Freud | Tobie Nathan]
Auteur    Message
andras



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 20 Sep 2005
Messages: 1800
Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France

Posté: Mer 25 Jan 2017 11:28
MessageSujet du message: [Mon patient Sigmund Freud | Tobie Nathan]
Commentaires : 0 >>

Tobie Nathan, célèbre ethnopsychiatre, a inventé une belle histoire pour nous faire découvrir l'envers du décor des débuts de la psychanalyse. Nous sommes quelques années après le génocide rwandais : un médecin psychiatre, Leopold Caro, qui travaille au Burundi, pays voisin du Rwanda, pour le compte des Nations Unis se retrouve un jour en possession du journal d'un jeune médecin d'origine russe qui a vécu à Vienne au début du XXe siècle et est devenu le confident du "Professeur" Freud, l'ami d'Otto Gross et l'amant d'une patiente qui sera soignée à la fois par Freud et par Jung (appelé "Alt" dans le roman). Mais la possession de ce "brulot" va compliquer la vie du Dr Caro. On alterne avec bonheur entre la partie africaine et contemporaine de ce scénario et la partie viennoise. Je trouve que Tobie Nathan se révèle être un très bon romancier et sa connaissance de la psychanalyse rend savoureuse sa description de l'entourage de Freud et de façon plus large, toute la vie viennoise de ce début de siècle, jusqu'à la prise de pouvoir par Hitler et même au-delà. Une très belle découverte.
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[Mon patient Sigmund Freud | Tobie Nathan]
Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 23 Aoû 2007
Messages: 1959
Localisation: Ile-de-France

Posté: Sam 11 Juin 2016 13:57
MessageSujet du message: [Mon patient Sigmund Freud | Tobie Nathan]
Commentaires : 0 >>

Voici un roman sous forme de double journal : celui de Léopold Caro, coopérant universitaire au Burundi qui dirige un centre de psychothérapie en 2003-2004, et celui d'Isaac Rabinovitch, alias Jack Bean, alias Dr. Heinrich Funk, jeune psychiatre ami et confident de Sigmund Freud, bientôt militant de premier plan du Komintern, dont les mémoires s'étendent entre 1908 et 1939, ayant toujours pour objet ses relations ambivalentes avec le père de la psychanalyse. De la rencontre entre le premier personnage-narrateur (qui peut ressembler à l'auteur) et les descendants du second (sans doute un personnages fictionnel), du croisement entre ces deux textes diaristes, surgit une intrigue à suspense haletant, au rythme accéléré, où les attentats, les menaces, la corruption et violence ordinaires et l'espionnage dans l'Afrique post-génocide rwandais font ricochet avec la vie d'un Juif, dandy anarchiste d'avant la Grande guerre converti au communisme et à la clandestinité dans l'Europe hitlérienne.

Néanmoins, par-delà le suspense et la description des deux environnements politico-historiques, je m'attendait à un règlement de comptes avec la psychanalyse, comme c'est souvent l'intention de ceux qui s'attellent aux biographies confidentielles ou « non-autorisées » (fussent-elles fictionnelles) de Freud, et sachant aussi que Nathan a pris ses distances de cette thérapeutique il y a longtemps. Or, distanciation par rapport à l'histoire officielle de la psychanalyse, il y a, indubitablement, mise en perspective du mythe qui entoure le fondateur de la discipline aussi, avec de justes, nombreux et instructifs apports informatifs sur le contexte de cette immense découverte, mais aucune animosité personnelle : le personnage de Freud en ressort même grandi, à mon sens, car humanisé, avec tous ses doutes, ses manies, ses transgressions et même ses petitesses...

Le contexte intellectuel de la naissance de la psychanalyse est sans doute le thème principal du livre, et le plus approfondi en nombre de pages. J'ai appris la proximité de celle-ci avec des drogues trop accessibles et pas assez redoutées (Freud n'était pas le seul cocaïnomane, désintoxiqué ou non...), et avec des mouvements à caractère nettement plus politique et donc plus « révolutionnaires » qu'elle, science aux principes subversifs mais aux procédés bien bourgeois ; des mouvements fondés sur la critique de l'ordre sexuel des premières décennies du XXe siècle, qui gravitaient en particulier autour de la figure historique d'Otto Gross et des intellectuels et artistes qui fréquentaient la colonie Monte Verità à Ascona, en Suisse. La centralité de la sexualité dans la psychanalyse ne sortit donc pas du néant, ni son attention à la mythologie et au théâtre grecs, ni sa mise en perspective historique et anthropologique des monothéismes et du patriarcat réciproquement... De plus, du point de vue des réalisations concrètes et de la conscientisation politique du sexuel, Mai 68 n'a donc rien inventé non plus !
À ce propos, je me suis laissé prendre au jeu de vérifier l'existence des noms de toute cette pléthore de personnages, penseurs qui évoluaient à différents titres (souvent comme disciples bientôt dissidents) autour du professeur Freud et du docteur Gross : à ma surprise ils sont réels, à la seule et notable exception de Carl Gustav Jung, nommé, de manière entièrement transparente et significative, C. G. Alt (Ancien donc, pas Jeune...!).
J'ai émis des hypothèses sur l'identité éventuelle de deux des personnages féminins les plus importants dans l'intrigue : la comtesse Hanna von Kessler, Hanna qui « je le comprenais enfin, avait été immolée sur l'autel de la psychanalyse » (p. 326), et la comtesse Isabella de Montmaurin, dont Freud s'enthousiasme : « […] je peux vous affirmer sans forfanterie : succès total ! Et sur toute la ligne... Autrement dit : victoire complète sur l'ennemi ! Elle ne présente plus aucun symptôme » (p. 411). Mais je n'en dirai pas plus, n'étant pas parvenu à des réponses certaines...

Mon seul petit regret : que Léopold Caro ne se soit pas attardé un peu davantage sur l'Afrique et ce qui l'y attirait. Mais je comprends que c'eût été au détriment du rythme du récit d'espionnage.
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