"Extension du domaine de la lutte", ou comment un homme "étend" sa solitude, son enfermement , sa dépression, sa réclusion. Un titre énigmatique, donc, très intrigant, un titre houellebecquien.

Le héros est ingénieur informaticien. Chargé par ses supérieurs d'aller en province initier des fonctionnaires à un progiciel, il tombe vite dans le cycle de maladie-dépression.
Le monde n'est pas fait pour lui, lui qui ressent si fort sa superficialité, qui "lutte" si fort contre le mensonge que ce monde véhicule.

Il y a des passages très comiques, comme l'expédition à Saint-Cirgues-en-Montagne, petit village isolé de l'Ardèche.
D'autres sont éprouvants.

Houellebecq est l'écrivain du roman réflexif, centré sur un personnage dépressif. Les thèmes semblent rebattues comme des cartes : l'enfermement, de la vieillesse, de la peur de la mort sous-jacente.
Il faut le lire, sachant où on va en faisant cette démarche.

J'avais lu ce livre il y a une bonne dizaine d'années, mais je n'en avais pas gardé beaucoup de souvenirs... Dernièrement, j'ai lu un article du magazine littéraire qui y faisait allusion et j'ai eu envie de le relire...
Je m'aperçois que je ne suis pas loin de partager son cynisme et son désenchantement. Ce livre est désespérant de grisaille, mais je le trouve lucide et drôle et j'aime beaucoup l'écriture de Houellebecq.

Ce court roman est déprimant. C'est d'ailleurs de dépression qu'il est question puisque le narrateur, personnage principal de l'histoire y sombre peu à peu, au cours d'une longue errance solitaire ou mal accompagnée.

Lucide, il ne se dissimule pas son mal, ne cherche pas à le contrer, l'accepte.

C'est aussi l'histoire d'un informaticien qui est chargé d'assurer la formation à l'usage d'un logiciel dans plusieurs antennes du ministère de l'agriculture. Il n'a pas de famille, pas d'amis. L'amour ne l'intéresse plus. En fait rien ne l'intéresse vraiment.

Constater que c'est souvent le Houellebecq que les gens ont préféré m'étonne. Ce n'est pas mon cas.

Cette observation du comportement humain dirigée par le libéralisme, ça me fait jubiler.
Houellebecq fait preuve d'un cynisme, d'une lucidité et d'un pessimisme auxquels j'adhère totalement.

Ben, c'est mon premier Houellebecq et ce sera sûrement le dernier. Je n'ai pas trop accroché.
Dans les livres au propos très extrêmes comme celui-ci, j'ai toujours du mal à croire au détachement complet de l'auteur et du coup, j'ai un peu de mal à lire un auteur qui pense ne serait-ce qu'un peu comme son personnage.
La première page du roman me l'avait d'ailleurs fait reposer deux fois au paravent.
-"Ce sont deux filles pas belles du tout, les deux boudins du service en fait. Elles vont manger ensemble et elles lisent des bouquins sur le développement du langage chez l'enfant, tout ce genre de trucs."

Cela fait longtemps que je repoussais l'instant de ma rencontre avec Houellebecq, et finalement, je le regrette, bien que je ne sois pas certaine d'avoir un jugement pertinent sur le sens qu'il a donné à ce roman. De toute façon, il m'a plu.

Je ne sais simplement pas dire si le sourire que j'ai entrevu au milieu du récit, l'espèce de jubilation qu'il y avait parfois, et qui était un véritable pied-de-nez, très gai, n'était pas celui de l'auteur, qui domine son déprimant sujet. Ce que le narrateur feint de dédaigner, sur quoi il ironise froidement, reste son centre d'intérêt.
J'ai même copié à part quelques passages, notamment le parallèle entre le libéralisme économique et le libéralisme sexuel, la diatribe réjouissante contre la femme analysée...
Je pense que c'est à lire.