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Les notes de lectures recherchées

4 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (1 livre correspondant à cette oeuvre a été noté)

Mots-clés associés à cette oeuvre : 2007, aventure, estonie, grand prix de l'imaginaire, le tripode, magie, meteores

[L'homme qui savait la langue des serpents | Andrus Kiv...]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Mer 27 Jan 2016 13:31
MessageSujet du message: [L'homme qui savait la langue des serpents | Andrus Kiv...]
Commentaires : 0 >>

D'emblée, "L'homme qui savait la langue des serpents" exsude à la fois l'étrangeté, la solitude et la tristesse. Le narrateur est le dernier représentant d'un clan qui a totalement disparu. Terré dans la forêt, où il vit coupé du monde, il revient sur les événements qui ont conduit à cette extinction.

Estonie, à une époque que l'on devine moyenâgeuse...

L'invasion du pays par les puissants chevaliers allemands a conduit à une mutation sociétale. Séduits par la maîtrise du progrès technique dont se prévaut l'envahisseur teuton, le peuple estonien a quitté les forêts dans lesquelles il menait une existence quasi primitive, pour apprendre l'agriculture, l'élevage et le tissage, adopter la foi chrétienne, et couper tous les liens qui l'unissaient au monde sylvestre.

Quelques récalcitrants y sont toutefois demeurés, refusant de se plier aux coutumes des "hommes de fer", mais ils sont de moins en moins nombreux, et leur culture est sur le déclin. Leemet est l'un d'eux. Il est le dernier, grâce à son oncle qui la lui a enseignée, à parler parfaitement la langue des serpents. Cet idiome, transmis de génération en génération, permet de communiquer avec les animaux et de les asservir, exception faite des serpents, quasiment considérés comme des égaux, avec lesquels le peuple de la forêt entretient des relations séculaires et amicales.

Mais à qui Leemet pourra-t-il à son tour transmettre ce savoir ? Peu à peu, les habitants de la forêt ne se réduisent plus qu'à une poignée...

Malgré quelques défauts stylistiques qui ont parfois gêné ma lecture (le narrateur s'exprime de manière hétérogène, alternant à quelques reprises maladresses grammaticales et belles phrases au vocabulaire littéraire), "L'homme qui savait la langue des serpents" est un roman marquant. Je me suis surprise, même après l'avoir terminé, à y repenser souvent, pas tant à son intrigue ou ses personnages, qu'au questionnement qu'il induit sur la posture des individus face à l'intrusion dans leur univers d'êtres différents. L'auteur oppose, à travers ses héros, deux attitudes possibles en réaction à l'invasion allemande : celle des opportunistes qui s'adaptent aux us de l'occupant en reniant du jour au lendemain leur propre héritage culturel, et celle des réfractaires à tout changement, à toute compromission, qui s'accrochent à des traditions moribondes.
Dans les deux cas, le mode de vie, les croyances indigènes sont vouées à disparaître... ce qui amène à nous interroger sur le sens de la survie d'un peuple qui a perdu tout ce qui faisait sa particularité.
Quelle importance doit-on accorder à la sauvegarde des patrimoines -notamment immatériels- qui caractérisent les communautés ? Comment trouver l'équilibre entre l'assimilation de nouvelles technologies, de nouvelles croyances, et la conservation des savoirs hérités des aînés ?

Andrus Kivirähk n'apporte pas véritablement de réponse, et c'est sans manichéisme qu'il développe son propos. Il exprime autant d'ironie envers les villageois obtus qui se sont imprégnés sans discernement de la culture -religieuse, social, économique- apportée par l’envahisseur, qu'envers certains habitants de la forêt incapables de se détacher de vieilles superstitions invraisemblables, qu'ils imposent avec violence. Il pose sur l'ensemble de ses personnages un regard dénué de tout sentimentalisme, et ne succombe à aucun moment au travers qui consisterait à idéaliser le passé et le mode de vie ancestral des estoniens. L'existence dans la forêt, loin du rêve bucolique de quelque aspirant écolo, est ainsi décrite comme rude et parfois barbare...

L'autre intérêt de "L'homme qui savait la langue des serpents" est de mêler réalité historique et univers fabuleux. La fantasmagorie populaire s'y heurte au pragmatisme qu'imposent les contraintes du quotidien apporté par "les hommes de fer". Pendant que les nouveaux villageois se familiarisent avec les moissons et la prière, les femmes de la forêt s'adonnent à l'adultère avec des ours, serpents et individus cohabitent, pour hiverner, dans un même terrier, d'autres capturent le vent dans des sacs...

Au-delà de sa dimension "philosophique", ce roman, épopée à la fois tragique, sanglante et merveilleuse, représente donc également un véritable divertissement.

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[L'homme qui savait la langue des serpents | Andrus Kiv...]
Auteur    Message
Laudateur



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 29 Fév 2008
Messages: 1599
Localisation: Quimper

Posté: Lun 14 Sep 2015 16:43
MessageSujet du message: [L'homme qui savait la langue des serpents | Andrus Kiv...]
Commentaires : 0 >>

"Voici l'histoire du dernier des hommes qui parlaient la langue des serpents, de sa soeur qui tomba amoureuse d'un ours, de sa mère qui rôtissait compulsivement des élans, de son grand-père qui guerroyait sans jambes, de son oncle qu'il aimait tant, d'une jeune fille qui croyait en l'amour, d'un sage qui ne l'était pas tant que ça, d'une paysanne qui rêvait d'un loup-garou, d'un vieil homme qui pourchassait les vents, d'une salamandre qui volait dans les airs, d'australopithèques qui élevaient des poux géants, d'un poisson titanesque las de ce monde et de chevaliers teutons un peu horrifiés par tout ce qui précède. Peuplé de personnages étonnants, empreint de réalisme magique et d'un souffle inspiré des sagas islandaises, L'homme qui savait la langue des serpents révèle l'humour et l'imagination délirante d'Andrus Kivirhk. Le roman, qui connaît un immense succès en Estonie depuis sa parution en 2007, retrace dans une époque médiévale réinventée la vie d'un homme qui, habitant dans la forêt, voit le monde de ses ancêtres disparaître et la modernité l'emporter. Une fable ? Oui, mais aussi, comme le souligne dans une postface bien renseignée le traducteur, un regard acéré sur notre époque."

Voilà une belle surprise! Un ami me l'a offert, et franchement c'est peut-être bien la première fois qu'on m'offre un livre (de type roman, je précise) qui me fait cet effet-là. Tombé amoureux des les premières pages, j'ai absorbé cette histoire à dormir debout car elle m'a touché au plus profond de moi. Drôle, triste, imaginatif, inventif et captivant, franchement j'ai a-do-ré. Je conseille à tous ceux et toutes celles qui aiment les univers un peu délirants, mélangeant anciens temps et contemporanéité, le faux et le vrai, le réel et le fantastique...
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