Les héros du Texas
Dans Fort Quitman déserté par les soldats, les futurs assiégés méditent sur leur sort dans l’attente des attaques indiennes imminentes. Certains des forçats libérés sur ordre de Tex pour prêter main-forte aux colons se demandent si l’occasion n’est pas unique pour s’enfuir et gagner le Mexique et la liberté. Face au danger et à la mort, les langues se délient, les cœurs s’ouvrent, les amitiés se nouent. Le prisonnier enchaîné appelé Ogre ne s’exprime que par borborygmes. Sa force colossale le rend redoutable. Le jeune Jamie qui s’est pris de sympathie pour l’Ogre lui redonne la parole. Jethro, Doyle Kirby, Glenn Corbett, Terence Carradine, chacun va jouer sa partition dans le symphonie macabre qui s’annonce.
Superbe histoire de Mauro Boselli qui termine un récit entamé dans le Tex 497 et poursuivi dans le n° 498 où des hommes perdus font front jusqu’au bout de leur vie parce que la fraternité les transcende. Carlo Marcello pressé par le temps n’est pas toujours totalement convainquant notamment dans la restitution des visages mais son graphisme reste empreint d’élégance dans l’ensemble. Jusqu’aux toutes dernières pages le lecteur ignorera l’identité du défunt que Tex vient honorer bien des années après. Les deux couteaux Bowie jetés sur le cercueil et la bourrasque de vent en disent long sur la précarité de la vie. « Whooossshh ! »

Guerre de frontière
Au Trading Post du Rio Concho dont les occupants viennent d’être massacrés pas les Comanches, Tex, une poignée de soldats encadrant des forçats et quelques familles de colons s’installent dans les lieux d’autant plus lugubres que des signaux de fumée au loin indiquent la présence indienne. Le ranger stupéfie son entourage en proposant de faire demi-tour car le refuge de Fort Davis initialement envisagé est inatteignable du fait de l’omniprésence indienne. Il vise maintenant Fort Quitman, seul espoir de survie. Aldrich, un fermier vindicatif et entêté décide de poursuivre la fuite en avant contre le refus formel de Tex. Aldrich entraîne une autre famille avec lui. Ensemble, ils s’éclipsent de nuit. Tex va risquer sa vie pour les faire revenir d’autant que l’attaque comanche est intense, violente et sans merci. Force est de constater qu’il faut armer les forçats afin d’augmenter les forces vives du groupe face à la déferlante indienne. Parmi les prisonniers momentanément libérés, certains songent à prendre la fuite.
Suite de l’aventure débutée dans le n° 498, la « Guerre de frontière » est un nouvel épisode passionnant qui joue sur les valeurs humaines que l’habit de forçat ne peut corrompre et le respect de la parole donnée avec la mort en face. L’histoire est d’autant poignante qu’elle est racontée par Tex lors des funérailles d’un vieil ami dont le lecteur ignore toujours de qui il s’agit, un acteur essentiel des évènements passés d’une stature exceptionnelle.

Tambours dans la forêt
Tex et Carson ont tiré des griffes d’un ours le fils de l’agent indien Charlie Ford, de mèche avec le mystérieux chef charismatique des Indiens Dakotas surnommé le « Crâne » mais Ford ignorera toujours le geste salvateur des rangers à l’égard de sa famille. Au contraire, l’agent indien corrompu va tendre un piège aux deux rangers en les entraînant vers le repaire du « Crâne ». Une embuscade indienne tendue dans la forêt met à mal les deux amis. Si Tex prend le bouillon dans les rapides du « Grand saut des saumons », Kit Carson est attendri à coup de tomawak et saucissonné au poteau de torture. La neige, les loups et le froid viennent s’ajouter en tourmente. La survenue inespérée d’un trappeur français repousse pour un temps les avanies et les crocs de l’enfer. Le repaire du « Crâne » apparaît enfin mais les rangers texans vont être stupéfiés par l’homme caché derrière le masque de bois.
« Sangue del demonio », « Fiamme d’inferno », les rangers découvrent la vérité et elle a un bien triste visage. Claudio Nizzi a imaginé un scénario pathétique où la vengeance se nourrit d’une haine puisant dans la souffrance et la perte, en vain. Jose Ortiz reprend un peu du panache de ses pinceaux en œuvrant sur le visage du trappeur français. Le lecteur peut imaginer ce que le puissant dessinateur ibère aurait fait quelques années auparavant, alors au faîte de son talent, d’une histoire balayée par la tempête.

Guet-apens sur le lac
Le sergent Buford de Fort Clark, vieille éponge et ancienne connaissance de Tex Willer a permis aux rangers de circonvenir leur enquête dans le périmètre d’action du « Crâne », énigmatique fomenteur d’une révolte indienne d’envergure. Tex et Carson s’en prennent aux trafiquants d’armes alimentant les rebelles Dakotas.
Le scénariste prend son temps pour ménager la découverte du mystérieux chef dissimulé derrière un masque en bois représentant grossièrement un crâne humain. L’aventure sur Flatehead Lake ne fait que retarder l’échéance sans pour autant faire trépider le lecteur d’impatience. Jose Ortiz délivre une copie satisfaisante mais non enthousiasmante. L’exceptionnel dessinateur ibère s’est essoufflé avec les années, rigidifiant et caricaturant tous ses personnages. La fin de l’histoire et la mise à bas du masque est dans l’épisode suivant n° 497, « Les tambours dans la forêt ».

La grande invasion
Whhooossshhh ! Dans la ville venteuse de Wackett, au Texas, Tex Willer et son fils Kit se rendent au cimetière pour un ultime hommage à un homme injustement déconsidéré. Le soir, Tex entreprend de raconter une de ses premières missions. Face à une imminente attaque comanche d’envergure menée conjointement par trois chefs indiens, Quanah Parker, Tonkawa et Buffalo Chief, le ranger part convaincre les fermiers de quitter leurs terres pour se réfugier au fort le plus proche. Entre escarmouches et attaques sporadiques, les colons subissent déjà de douloureuses pertes et les guerriers comanches ne constituent que l’avant-garde d’un puissant rassemblement belliqueux en marche. La course contre la montre est entamée. Au convoi disparate de fermiers guidé par Tex s’est adjoint une poignée de soldats surveillant et déplaçant des prisonniers enchaînés et encagés.
Mauro Boselli a corsé l’attaque indienne comanche en la révélant progressivement à travers des affrontements mortels mais limités qui laissent à imaginer la violence à venir. Afin de complexifier un peu plus l’affaire, le scénariste imagine de mettre dans une cage mobile des prisonniers qui ne peuvent accepter leurs conditions qui les portent pieds et poings liés vers l’abattoir. Enfin, le flash-back est l’essentiel de l’aventure. Alors que le lecteur ignore l’identité du défunt mis en terre sans autre présence que celle du fossoyeur, de Tex et de son fils, il ne peut que supputer qu’il s’agit d’une personne exemplaire par son courage et son abnégation qui aura joué un rôle décisif dans la grande attaque indienne narrée par Tex. Si le dessin de Raffaele Marcello reste plaisant à voir et reconnaissable, le trait s’est fait moins précis notamment dans le rendu des expressions sur les visages.