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Les notes de lectures recherchées

3 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (3 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : biographie d'auteurs, corps, marche, meditation, philosophie

[Marcher, une philosophie | Frédéric Gros]
Auteur    Message
Tchoutora



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 20 Juil 2011
Messages: 350
Localisation: Bruxelles

Posté: Lun 01 Juin 2015 20:41
MessageSujet du message: [Marcher, une philosophie | Frédéric Gros]
Commentaires : 0 >>

J'ai lu plein de choses décevantes ces derniers temps, excepté ce petit bijou, qui s'accorde parfaitement avec mes envies du moment.

Frédéric Gros explore ici, en une série de méditations philosophiques et en compagnie d'illustres penseurs en semelles (Nietzsche, Rimbaud, Rousseau, Thoreau, Nerval, Hölderlin) mille et une façons de marcher - flânerie, errance ou pèlerinage -, comme autant d'exercices spirituels.

Frédéric Gros écrit bien et son écriture est limpide : j'ai trouvé cet essai passionnant et très instructif. C'est une ode à la marche à l'enthousiasme contagieux !
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[Marcher, une philosophie | Frédéric Gros]
Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 23 Aoû 2007
Messages: 1959
Localisation: Ile-de-France

Posté: Jeu 08 Mai 2014 15:11
MessageSujet du message: [Marcher, une philosophie | Frédéric Gros]
Commentaires : 3 >>

Mes plus profonds remerciements à l'ami Franz, grâce à qui cette lecture est survenue en ce moment, pourtant fort peu propice, pour m'offrir néanmoins tant de moments de bonheur et de jubilation (ainsi que, très prosaïquement, mon projet de vacances d'été !). Mon souhait serait que mes quelques mots, unis aux siens, puissent en exhorter d'autres (lecteurs, moments de bonheur et mots...).

Les phrases de ce livre ont la fluidité d'une pensée pure et rythmée - j'ai envie d'ajouter : comme des pas. Elles en ont aussi l'élégance. Ainsi, la scansion entre les chapitres thématiques et ceux qui sont entièrement consacrés à un auteur et à ses rapports à la marche : Nietzsche, Rimbaud, Rousseau, Thoreau, Nerval, Kant, Gandhi, possède-t-elle le naturel de la logique évidente. Si l'on recherche un catalogue pragmatique des attributs de la marche, ou de ses raisons d'être invoquées par les grands marcheurs-penseurs, serait-ce d'ordre philosophique, introspectif-existentiel, anthropologique, sociologique voire enfin politique et mystique, on sera repu ; mais on recevra en surcroît une dynamique intérieure qui, à l'instar d'une initiation, semble dévoiler progressivement des dimensions de plus en plus composites et - à mon sens - humainement plus enrichissantes de la marche. En d'autres termes, on pourrait voir dans la progression des idées un parcours de décentrement de soi - et j'apprécie qu'en cela le long chapitre "le Pèlerinage" soit assez médian.

Le lecteur déjà adepte de la marche, de la philosophie ou des deux aura sans doute le bénéfice de l'identification - et la possibilité de la déceler dans la filigrane des propos de l'auteur - comme le fait Franz - ; aux autres, comme moi, celui de la promesse de dons encore en grande partie inattendus ou même inconnus...
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[Marcher, une philosophie | Frédéric Gros]
Auteur    Message
Franz



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 01 Déc 2006
Messages: 1992
Localisation: Nîmes

Posté: Sam 22 Mar 2014 13:54
MessageSujet du message: [Marcher, une philosophie | Frédéric Gros]
Commentaires : 2 >>

L’incipit de l’essai du philosophe enseignant Frédéric Gros oppose sport et marche à pied : « Marcher n’est pas un sport » puis il développe succinctement en quoi les deux pratiques se différencient : techniques, règles, scores, compétition, apprentissage, effort, discipline, endurance, marchandisation et médiatisation pour le sport ; « intensité du ciel, éclat des paysages » pour la marche. Le ton est donné. L’auteur aurait pu y adjoindre l’extraordinaire pouvoir subversif de la marche comme pratique gratuite, élémentaire, instinctive tournant royalement le dos au consumérisme ambiant mais l’orientation de l’ouvrage eût été autre. Le chapitre suivant enchaîne sur la notion de libertés (suspensive, le temps d’une randonnée ; de rupture avec la plongée dans la nature sauvage ; de renoncement en se détachant exactement de tout ce qui nous constitue socialement et civilement : « C’est au moment où on renonce à tout que tout nous est offert, au moment où on ne réclame plus rien que tout est donné, à profusion. Tout, c’est-à-dire l’intensité même de la présence ». Déjà vingt pages sont passées à toute vapeur produisant l’étonnement émerveillé du lecteur. L’écriture est lisible sans jargon philosophique ou formule alambiquée, les idées exposées simplement, étayées d’exemples éclairants. Les chapitres enchaînent les réflexions incisives et les portraits lumineux d’écrivains pour qui la marche a été un ouvroir de philosophie, de littérature ou de poésie, essentielles : Friedrich Nietzche, le marcheur des abrupts, depuis le village de Sils-Maria dans la haute Engadine : « Ne prêter foi à aucune pensée qui n’ait été composée au grand air… Être « cul-de-plomb »… c’est le vrai pêché contre l’esprit » ; Arthur Rimbaud, l’homme en marche contre tout, des Ardennes à l’Abyssinie : « Allons ! La marche, le fardeau, le désert, l’ennui et la colère » ; Jean-Jacques Rousseau, le promeneur herborisant : « Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi… que dans les voyages que j’ai faits seul et à pied… » ; David Henry Thoreau, le marcheur de l’Ouest : « C’est dans la vie sauvage que repose la sauvegarde du monde » mais encore les cyniques de la Grèce antique (« cynique » de « kunos », « chien », philosophes marcheurs à la vie de dogue, prompts à l’invective aboyée, pourfendant l’hypocrisie), Gérard de Nerval, l’errant mélancolique, ténébreux et hanté, Emmanuel Kant, Walter Benjamin, Gandhi, le rouet hindou, Hölderlin, le poète à vif et tant d’autres, anonymes pèlerins, lointains aborigènes, colporteurs disparus… Frédéric Gros ne perd jamais le fil de son propos, la marche à pied et ses effets, modifiant la perception des êtres et des choses. Il n’élude pas les difficultés rencontrées par le marcheur dans sa peine pédestre : « Il n’y a plus qu’un immense renoncement… les jambes sont aspirées par le chemin et l’esprit flotte au-dessus ». A la lecture de ce passionnant et instructif ouvrage, le lecteur sent que l’auteur, n’hésitant pas à partager ses expériences de marcheur, maîtrise son sujet comme le montre à l’envi la précieuse bibliographie en fin de volume. Il est rare de rencontrer un livre sur la marche qui ne se perde pas dans des considérations métaphysiques plan-plan, un lyrisme aphone, un mysticisme hermétique. Beaucoup de moments forts parsèment l’ouvrage à l’instar des chapitres consacrés à Thoreau, Gandhi ou Rimbaud mais peut-être l’acmé du livre se situe-t-il lors de l’évocation des pèlerinages de Compostelle, du Kailash au Tibet et surtout quand il raconte la grande marche du peyotl effectuée par les Indiens Huichol dans la Sierra Madre, au Mexique. Le lecteur, mis en appétit, aimerait en apprendre davantage en parcourant lui-même les antiques tracés. Dans ces pages célestes, la Terre apparaît éminemment désirable avec ses cols vertigineux et ses chausse-trapes abyssales. Comme l’aurait dit David Henry Thoreau sur son lit de mort au prêtre lui évoquant l’au-delà : « S’il vous plaît, un seul monde à la fois ».
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