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[Tonnerre de bulles ! : la revue des petits Sapristains....] |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Dim 20 Avr 2014 13:17
Sujet du message: [Tonnerre de bulles ! : la revue des petits Sapristains....]
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La 4e livraison du fanzine Tonnerre de bulles ! paru en janvier 2014 apporte son nouveau lot de portraits d’artistes du 9e art. René Hausman, l’illustrateur inspiré des bestiaires et des fables, répond sans ambages aux questions faiblement excitantes de Nathalie Troquette, sa jeune épouse. On en apprend assez peu sur un dessinateur d’envergure, né en 1936, à Verviers, en Belgique et toujours fécond. Ses intérêts pour le théâtre et la musique traditionnelle wallonne sont brièvement évoqués, ses sources d’inspiration à peine effleurées, Félix Lorioux, Beuville et Jobbé-Duval. L’article suivant rend hommage à Bruno Le Floc’h, dessinateur breton, né en 1957, décédé le samedi 6 octobre 2012. D’abord storyboarder dans le dessin animé, il entre tardivement en bédé avec un album abouti et hautement apprécié, Trois éclats blancs, relatant la construction à l’extrémité de la chaussée de Sein du phare mythique d’Ar-Men, le rocher en proie aux déferlantes atlantiques. Artiste attaché à son Pays Bigouden, il apprécie des peintres du cru ou influencé par l’Armor tel Mathurin Méheut, Jean Julien Lemordant ou Lucien Simon, Parisien devenu le « peintre du Pays Bigouden », enterré à Combrit, dans le Finistère. Exigeant, Le Floc’h ne tergiverse pas avec l’art. La technique seule n’est rien sans l’œuvre habitée par l’artiste. Son musée imaginaire est riche d’enseignements et de rencontres, Piet Mondrian, Hans Bellmer, François Dilasser, le « seul peintre avec Rembrandt » à l’avoir touché aux larmes mais aussi Stravinsky, Borodine, Bach, Tom Waits, l’abbatiale de Conques, Joseph Conrad, Jean-Pierre Abraham, écrivain et gardien du phare d’Ar-Men [au chirurgien l’opérant d’un cancer de la vessie, il lui demande s’il peut lui implanter une lanterne à la place], Francisco Coloane, l’écrivain des terres australes, Norman Mac Laren, réalisateur canadien de films d’animation, Stanley Kubrick, Frederico Fellini, etc. Il y a beaucoup à glaner dans un univers aussi riche et cohérent, largement encré dans la mer. Le 3e auteur interviewé est Jim, [Thierry Terrasson], « pseudo crétin » selon lui, très apprécié pour son dytique Une nuit à Rome, « plus de 200 pages en deux volumes ». Son regard porté sur le petit monde de la bédé est pertinent. Infichu de répondre à la question bêtasse de sa BD de chevet, Jim propose tout de même au débotté Le Journal de Fabrice Neaud : « J’ai adoré son travail, son ton, la justesse du trait comme de la pensée ». Eclectique et attachant, l’auteur, scénariste, dessinateur, réalisateur reste engageant et donne envie de le découvrir.
Tête-bêche, on peut partir à la rencontre de Juanjo Guarnido, né à Salobreňa, en Andalousie, dessinateur apprécié de Blacksad, série scénarisée par Juan Dias Canales. Il répond aimablement à la batterie de questions. Marqué par l’univers de Walt Disney, Guarnido intègre l’écurie des studios Disney à Montreuil, travaillant sur le personnage de la panthère dans le film d’animation de Tarzan ou encore sur Hadès dans le film d’Hercule. Il y rencontre le couple Theresa et Juan Dias Canales, les futurs scénaristes respectivement de Sorcelleries (3 volumes) et de Blacksad (5 albums) séries sur lesquelles Guarnido va développer son talent de dessinateur. A la suite, le lecteur découvre le personnage de Fenice évoluant dans un monde cyberpunk imaginé par Virginio Vona puis scénarisé par Iah-hel. Deux albums sont parus en autoédition. Une telle bédé personnelle et exigeante, inspirée par la Divine comédie de Dante peut paraître rebutante avec son graphisme échevelé qui « vibre et s’interprète, il vit » et son propos sombre : « […] dresser le portrait de la nature humaine, de son côté bad dans toute sa réalité ». Enfin, la parole est donnée à Serge Diantantu, dessinateur né au Congo belge, au départ menuisier ébéniste, auteur et auto-éditeur de La Petite Djily.
Les trois ex-libris qui accompagnent le fanzine sont signés Hausman, Vona et Diantantu et ils ne valent par tripette alors que Guarnido, Le Floc’h ou Jim auraient pu rehausser le niveau. Le fanzine, avec toutes ses imperfections, reste toujours un agréable moment de lecture car il propose des regards vivants sur des dessinateurs connus, méconnus, voire inconnus. Les multiples illustrations qui parsèment les interviews, même en noir et blanc et en petit format, rendent compte du potentiel d’une œuvre graphique.
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[Tonnerre de bulles ! 2, Walthéry ; Di Sano | Yannick Bo...] |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Ven 03 Mai 2013 22:14
Sujet du message: [Tonnerre de bulles ! 2, Walthéry ; Di Sano | Yannick Bo...]
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François Walthéry a connu le succès avec Natacha, la gironde hôtesse de l’air. L’entretien réalisé entre amis pour « Tonnerre de bulles ! » cherche à sortir de l’ordinaire mais ne casse pas la baraque à frites ni l’ornière des questions formatées. Walthéry sait aussi manier le calembour bien pesant. Il n’est pas dépaysé avec les bulles de béton du fanzine. Du studio Peyo en compagnie de Wasterlain et Desorgher, Walthéry fait ses armes puis prend son essor mais la collaboration avec le père des Schtroumphs aura duré vingt-neuf ans. Bien que Walthéry sache pincer la taille des femmes, remplir avantageusement leur corsage et ourler délicatement leurs lèvres boudeuses, le lecteur ressort de l’entretien sans désir pour l’œuvre du dessinateur belge, sans animosité non plus. Walthéry doit être un bon poteau pour écluser des bières et sortir des blagues françaises, à Ligugé ou à Cheratte mais je ne prendrai pas l’avion ni avec lui ni avec son personnage de papier, encore moins avec son interviewer. Chacun ses tripes et ses voyages ! C’est dommage car le dessinateur doit être doté d’une grande culture qui ne transparaît nullement dans la discussion. L’entretien qui suit est d’un autre calibre. Max de Radiguès répond sans détour aux questions simples mais justes de Philippe Gorgeot. Alors que son dessin n’est pas convaincant à première vue avec un trait d’apparence malhabile et bâclé, pauvre, un cadrage basique et répétitif, le lecteur a envie d’en savoir plus sur un créateur qui se pose de bonnes questions sur son art et son expressivité, sur l’intérêt du fanzinat permettant de travailler vite et sans contrainte éditoriale, sur la simplification du trait et de la couleur au service d’une lisibilité immédiate et sur un cadrage plat et invisible afin de toujours « mieux raconter ». C’est étonnant d’entendre un dessinateur parler de sa difficulté à travailler les masses et les ombres et de réfléchir en « trait ». L’auteur a aussi su cerner son créneau en parlant dans ses bédés des adolescents autrement qu’en fainéants sales, pas drôles et parfois méchants. Selon lui, chez l’ado, « la moindre chose prend de l’importance » ; il « s’intéresse et croit en plein de choses où se mélangent des envies d’enfant et d’adulte ». Sans aucune forfanterie, le jeune auteur belge parle de sa tentative à tracer sa propre route en sachant y reconnaître les balises laissées par les grands anciens que sont Hergé ou Franquin. Son travail seul ou en groupe, ses animations d’atelier ouvrent sur des remises en question, des découvertes et des progrès techniques. Ses propos sur l’apprentissage à tout âge de la bédé évacuent les idées préconçues sur l’art et le don inné.
Tête bêche, Bruno Di Sano complète le fanzine par une brève discussion, relatant son parcours atypique avec un grand saut tardif dans le monde de la bédé et finissant par percer grâce à des planches polissonnes. Il faut avouer qu’il sait bien cambrer et mouler Rubine, femme flic de choc et de charme dans la continuité de la série éponyme créée par Mythic et Walthéry. Alors qu’un éditeur exige des ventes à partir de 12 000 exemplaires, la série Rubine plafonnant à 8 000 a été arrêtée par manque de rentabilité. Quatre pages sont ensuite consacrées à Daniel Desorgher, dessinateur de Jimmy Tousseul sur des scénarios de Stephen Desberg. Rien à signaler hormis ses pins up aguichantes. L’étonnement provient surtout des trois pages suivantes relatant les performances de body-painting du couple Sylvain Paris et Stéphanie Essayan. On ne sait pas si sous le lard le cochon sommeille ou plutôt que signifie une « expression primitive [qui est] une forme d’expression dansée dynamique et festive basée sur la pulsation qui allie la voix à un geste rythmé, déconstruit et simplifié de manière à obtenir un mouvement archétypal et stylisé ». Sur la photographie jointe au Who’s who, les deux artisses sont à ouelpé, lui dissimulé derrière un masque d’éléphant, elle juchée par-dessus lui, le corps amplement peint. A première vue, la pose est pour le moins ridicule, voire grotesque et la bédé semble bien éloignée du concept in progress. Pourtant, là encore et contre toute attente, la curiosité et l’intérêt du lecteur sont piqués et tenus. Enfin, le fanzine se termine par un entretien très intéressant avec Laurent Lefeuvre, pasticheur inspiré des illustrés d’antan. Le lecteur nostalgique a fortement envie d’en savoir plus sur les éditions ROA (tiré du nom breton Roazhon pour Rennes, la ville d’attache de Lefeuvre comme un clin d’œil aux éditions LUG sises à Lyon, auparavant Lugdunum, spécialisées dans les petits formats noir & blanc très bon marché).
Trois ex-libris complètent l’envoi du n° 2 de Tonnerre de bulles ! Bien fourni en publicité, le fanzine présente souvent les affiches des festivals de bédé à venir. L’illustration en quadrichromie d’Emmanuel Lepage pour le 5e festival Bulles à croquer les 8 et 9 juin 2013 à Saint-Brieuc est un enchantement visuel.
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[Tonnerre de bulles ! | Yannick Bonnant] |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 26 Mar 2013 18:53
Sujet du message: [Tonnerre de bulles ! | Yannick Bonnant]
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L’éditorial n’explique pas pourquoi la revue a changé de titre, « On a marché sur la bulle » devenant « Tonnerre de bulles ! ». La rédaction parle d’un « nouveau concept », d’une « nouvelle maquette » mais tout est rigoureusement identique aux précédents opus d’OAMB et il n’y avait pas lieu de s’en plaindre hormis des jeux de mots potaches d’une totale ineptie qui finissent comme des mantras par charmer. Qu’importe ces petites escarbilles dans l’œil du lecteur, les entretiens sont bien menés, instructifs et permettent de découvrir des auteurs talentueux. Visiblement, l’intervieweuse Arena Baud Mevorach est tombée sous le charme de Bernard Yslaire, auteur inspiré de Sambre : « un homme élancé dont l’allure fière rappelle celle de ses personnages… ». Le croquis d’illustration est dans l’allant du discours, dans le « han ! » du coup de rein. L’artiste belge n’est pas dénué de chichi et de blabla : « Dessiner, ce serait accoucher d’un trait qui se suffit à lui-même ». Yo, man ! Mariant les genres, il est au fait de la technologie puisqu’il travaille sur une application IPAD : « ce support permet de mêler vidéos, photos, dessins, articles… tous au service d’une même narration qui s’étendrait sur plusieurs niveaux ». A travers son discours techno-scientifique, Yslaire n’en est pas moins romantique, voire métaphysique car il pense « qu’une mission [lui] est imposée » et qu’il disposera des années suffisantes pour clore le cycle de Sambre. Dieu l’entende ! L’entretien se conclut par une prière : « Loin de l’être froid et distant, un peu hautain… je découvre quelqu’un… à qui l’immense talent n’a pas fait perdre une franchise dans le regard, une sincérité dans le rire, une humanité dans le cœur. Soyons fiers de côtoyer son œuvre. » Alléluia ! Hosanna ! Sambre Dieu !
La suite du fanzine n’est pas en reste avec la découverte de l’auteur Gordon Zola (Gorgonzola, le fromage du Piémont ?), romancier pasticheur, éditeur, reprenant les aventures de Saint-Tin et son ami Lou. Les éditions Moulinsart, garante de l’intégrité de l’œuvre d’Hergé et des royalties afférentes, ont attaqué le Léopard masqué, la maison d’édition du Zola injustement accusé de « plagiat, contrefaçon… et parasitisme ». Il faut dire que Gordon a le jeu de mot laid (mollet ?) fort lourd. Ainsi « Le trésor de Rackham le Rouge » devient « Le « 13 heures » réclame le rouge » ; « Vol 714 pour Sydney » se crashe en un « Vol des 714 porciney » ; « Le crabe aux pinces d’or » est « Le Crado pince fort », etc. Il y a de quoi être véner quand on s’est chargé de veiller sur le temple et la cassette mais pas de quoi interdire une telle œuvre pasticheuse nécessitant une sacrée constance dans l’absurde. La pataphysique n’est pas loin ainsi que le rire au second degré.
Enfin, trois pages sont consacrées à Fabrice Meddour, dessinateur, scénariste et enseignant, auteur assez confidentiel mais dont la collaboration avec Philippe Bonifay sur l’œuvre de Blanche neige, 70 planches, trois années de boulot, devrait prochainement faire parler de lui parmi les aficionados du 9e art.
Tête bêche comme à l’accoutumée, le fanzine propose un excellent entretien réalisé par Joëlle Bernard avec David Lloyd, dessinateur britannique du célèbre « V for Vendetta », œuvre emblématique de politique fiction en six volumes, scénarisée par Alan Moore, entre 1986 et 1990. Auteur modeste et lucide, éminemment sympathique, David Lloyd parle de ses influences picturales et de sa sensibilité aux lumières dans les tableaux à travers Turner, Rembrandt et Millet. Les dessinateurs anglais mentionnés, Geoff Campion, Steve Dowling, Giles, George Woodbridge, Jack Davis, Wally Wood, Alex Toth, John M. Burns, etc. sont aujourd’hui peut-être méconnus en France mais leurs talents sont remarquables voire exceptionnels à l’exemple de Josh Kirby, illustrateur talentueux des couvertures de Terry Pratchett, Ron Cobb et Basil Gogos pour leurs illustrations stupéfiantes du magazine « Famous Monsters of filmland » ou de l’immense Frank Frazzetta, peintre habité d’une puissance insondable. Plus étonnant, Lloyd cite Jack Kirby et Steve Ditko avec « son travail sur « Amazing Adult Fantasy » qui était la bande dessinée la plus constamment puissante, individualiste et chargée d’atmosphère… ». Hum ! Sont ensuite donnés pêle-mêle des écrivains et des cinéastes, Orson Welles côtoie Harryhausen (« Le 7e voyage de Simbad » avec ses monstres en carton-pâte ultra kitchs) ou Don Medford, Richard Matheson, Robert Bloch, etc. Pour un lecteur français, il y a beaucoup de possibilités de découvertes et d’enthousiasmes à partir des sources d’inspiration de David Lloyd. A l’aide d’un moteur de recherche sur Internet, de nombreuses reproductions s’affichent et donnent le la. La symphonie qui suit est l’œuvre de chacun. Le regard de l’auteur porté sur les goûts graphiques en France est intéressant car si nous aimons la « ligne claire » (qui est un concept pour définir le style d’Hergé), « très ordonnée et disciplinée », en Angleterre, le « style réaliste britannique » tend à rendre la vie telle qu’elle est, « brouillonne et dure et souvent sombre ». Enfin, le fanzine laisse la parole à un dessinateur bas-normand, Sébastien Corbet. Vingt dious, un gars d’che nous ! Il rend honneur à ceux dont les images l’ont « percuté », Loisel et Bilal. Le dessinateur de « La quête de l’oiseau du temps » se révèle un homme impliqué et ouvert aux autres. Corbet va bénéficier de l’écoute, des conseils et des recommandations de Loisel. Au regard de ses crayonnés, le lecteur peut avoir envie de s’intéresser aux albums du Normand, même bas. Son propos est mesuré comme celui d’un homme plus mûr qui a tâté d’autres métiers avant de s’atteler à ses planches de bédé.
Trois ex-libris accompagnent la revue. Celui de David Lloyd se détache naturellement du lot.
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