6 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 5 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : betise, dialogue, enfance, insulte, integrisme, jeunesse, maltraitance, misogynie, paris, rue, snobisme, ville, violence, violence verbale
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[La vie secrète des jeunes. III | Riad Sattouf] |
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Message |
Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2642
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Posté: Ven 04 Juil 2014 11:59
Sujet du message: [La vie secrète des jeunes. III | Riad Sattouf]
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Complètement d'accord avec ce qu'en dit Franz.
Cf. brève note sur mon blog.
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[La vie secrète des jeunes. III | Riad Sattouf] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Dim 03 Fév 2013 19:12
Sujet du message: [La vie secrète des jeunes. III | Riad Sattouf]
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La méchanceté gratuite est partout et surtout là où on ne l’attend pas. La 1re planche du 3e recueil de La vie secrète des jeunes montre un couple recomposé de trentenaires accompagné d’une jeune fille qui complimente la petite amie de son père à propos de ses chaussures et la blonde rétorque à la fillette que son front est fendu et qu’on voit son crâne par-dessous, entraînant les ricanements des deux adultes et l’angoisse de l’enfant. La planche suivante est aussi déprimante. Un copain salue son amie en la surprenant dans la rue. Il se glisse derrière elle et lui empoigne les seins, lançant un « Comment tu vas bien ?!? ». La fille, scrutant la tête d’abruti boutonneux à deux doigts de son visage, fond en larmes et s’écroule au sol en sanglotant. La pauvre cloche regarde autour de lui, éperdu et lui dit : « Relève-toi Marie c’est dégueu par terre ». Plus loin dans le livre, un enfant insulte un marchand des quatre saisons avec le consentement de sa mère : « J’vais pas lui couper la langue ». Au cinoche, deux meufs jacassent malgré les remontrances d’un spectateur. Pas une saynète ne transpire la joie de vivre. La bêtise crasse suinte par tous les pores, à chaque case, de planche en planche et chaque individu, quel que soit son milieu, en tient une bonne couche, le jeune, le vieux, le bobo, le bébé, le clodo, l’homo, l’hétéro, l’Arabe, le Français de souche. Parfois, le lecteur frôle l’apoplexie lorsqu’il croise vers le milieu du recueil deux jeunes femmes qui viennent s’enquérir de la dureté du macadam auprès d’un couple de SDF et leur apportent des chouquettes pour les réchauffer. On se dit que c’est gratiné mais la suite ne dépare pas du reste. Malgré cette débauche de comportements viciés, d’échanges souvent réduits à des borborygmes, de violence soudaine, de médiocrité étalée au grand jour, en soliloque, en dialogue, dans les portables, dans le métro, sur les places, dans les lieux publics, on s’arrime, on s’accroche, on s’attarde et on y revient, détaillant le graphisme d’une étonnante rigueur sous une apparente facilité, la position des personnages, les répliques. Après, dans la vraie vie, quand on saisit une débilité du même acabit, on se dit : « Tient ! Ca pourrait aller grossir le livre de Riad Sattouf !» mais alors, il ne ment pas, il retranscrit bien ce qu’il a vu et ce que nous ne voulons plus voir, la cour des miracles sans merveille à la clé, sans baguette magique, réduite à ses plus simples pulsions. La barbarie est bien là, au cœur de la cité ; elle est sans gêne, virulente et ne se dissous pas dans la masse. Mieux vaut en rire car elle est en nous tous. La culture est un combat de tous les instants et le mémoire est criblée de trous qu’il faut sans cesse colmater.
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[La vie secrète des jeunes. II | Riad Sattouf] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Ven 18 Jan 2013 17:23
Sujet du message: [La vie secrète des jeunes. II | Riad Sattouf]
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Dans l’empilement des planches qui forment le cercueil haut de gamme d’une jeunesse égoïste, outrancière et stupide, Riad Sattouf, dans sa chronique dessinée, cloue le bec d’une faune urbaine bredouillant ses angoisses existentielles en langage SMS, basique et phonétique. On peut rire en jaune ou en noir mais il faut bien reconnaître qu’on y revient, sur ces planches habilement croquées, vives, précises, lisibles afin de les détailler mais il y a quand même un nuage nauséeux en voile de fond tant l’accumulation des travers humains semble sans lumière. Le second recueil de La vie secrète des jeunes débute par un appel téléphonique qu’une femme reçoit. Son compagnon de tablée lui demande de se calmer et prend le téléphone portable afin de s’expliquer avec l’interlocuteur qui est le frère de la femme. Filmée, une telle saynète aurait peu d’intérêt. Dessinée par Riad Sattouf, elle est saisissante. Les qualités d’observateur sont tout de suite évidentes. La vacuité est dans le regard de la femme, l’attitude de l’homme. Le comique de la scène provient du règlement de compte par téléphone interposé dans un lieu public entre une sœur et un frère, du compagnon attablé, malabar sortant probablement de prison, cherchant à calmer le jeu, impressionnant le frère par son calme apparent et la reprise du dernier mot de son entretien, clamée fortissimo par la sœur conquise : « Discrétion !!! ». La suite est aussi inventive et captivante. La dernière planche représente un père et son fils dans le métro, ligne 9. Le jeune enfant bredouille quelque chose et son père lui intime l’ordre de se taire : « Ah non chh ! » ; « Voilà : chut. Toujours : chut ». Le lecteur a envie d’en savoir plus sur ces vies secrètes, vaines mais tellement présentes au quotidien.
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[La vie secrète des jeunes. I | Riad Sattouf] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Ven 11 Jan 2013 15:44
Sujet du message: [La vie secrète des jeunes. I | Riad Sattouf]
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Moches, bêtes et méchants, le credo du magazine Hara-Kiri (1960-1970), mâtiné de Reiser, définit assez bien l’œuvre de Riad Sattouf, La vie secrète des jeunes, qui paraît depuis 2004 dans le journal satirique Charlie Hebdo (1970-1982. 1992-….) à raison d’une planche hebdomadaire. L’idée de Sattouf proposée à Val est simple. Il s’agit de retranscrire tel quel, par le dessin et les dialogues, une tranche de vie (une tronche déviée) prise sur le vif, dans un fast-food, le métro, la rue, le train, au café, dans le taxi, etc., sans détour et sans surenchère. Le procédé pourrait rapidement lasser mais le dessin étonnant, les expressions verbales traduites phonétiquement stagnant dans leur jus, les onomatopées toujours dans le tempo concourent à rehausser un exercice de style en recueil de planches anatomiques d’un traité sociologique à inventer. Le jeune y est disséqué, du bébé au trentenaire, garçon ou fille, zonard, clodo, bobo. Le scénario des saynètes est apporté sur un plateau par le flux constant de la vie sociale. Il suffit à Riad Sattouf de se déplacer, d’observer et de prélever un échantillon. Ensuite, face à sa planche à dessin, il peut à loisir reconstituer ce qu’il a vu, entendu, ressenti. Il pointe alors une loupe grossissante sur des petites choses noyées dans la masse, des riens qui finissent par constituer un tout miné par le néant et la vacuité. « Vazi fé voar ! » ; « N’importkwa ! » Des thèmes se dégagent du magma, notamment celui de l’éducation, de la sexualité, de la religion, etc. Parfois, une belle passagère s’assoit un instant et le greffier des intimités volées s’attendrit. Son histoire se passe de commentaire quand un ange passe. Dans ce copieux premier volume reprenant scrupuleusement et chronologiquement les planches parues entre 2004 et 2007, il n’y a rien à jeter. A peine fini une page, on déguste déjà la suivante. « Huulalaaa ! »
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[La vie secrète des jeunes | Riad Sattouf] |
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Auteur |
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Message |
Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2642
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Posté: Mer 09 Juil 2008 10:28
Sujet du message: [La vie secrète des jeunes | Riad Sattouf]
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Probablement l'album de Sattouf que j'ai préféré. C'est un recueil des planches parues dans Charlie Hebdo, et Sattouf s'inspire, ce dont doutent régulièrement ses lecteurs (pas moi), de ce qu'il voit et entend autour de lui.
Il est vrai que les sottise, violence, snobisme, prosélytisme, lubricité, égoïsme ordinaires dans le monde de l'enfance et de la jeunesse (pas forcément entre elle) m'ont fait comme une impression de déjà-vu. Il y a probablement une sorte de catharsis dans la démarche de relater brièvement l'absurdité et la force de ces scènes quotidiennes, qui nous salissent, qu'on n'ait fait qu'y assister ou y participer. C'est un album que je relirai, peut-être même avant de le rendre.
Un petit sourire en retrouvant chez le "videur" qui se fait provoquer par un jeune sarkozyste, dans les dernières pages, une ressemblance frappante avec Pascal Brutal.
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