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5 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (3 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : autofiction, camps de concentration, grande guerre, nazisme, prix orange, secret de famille

[L'origine de la violence | Fabrice Humbert]
Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 23 Aoû 2007
Messages: 1965
Localisation: Ile-de-France

Posté: Lun 31 Déc 2012 19:40
MessageSujet du message: [L'origine de la violence | Fabrice Humbert]
Commentaires : 0 >>

Ce livre est d’abord une autofiction. Centrée sur le dévoilement d’un secret de famille qui a pour héros un aïeul déporté à Buchenwald, le petit-fils narrateur parvient à retracer son histoire ainsi que celle de tous les personnages qui l’entourèrent : parents, presque-parents et bourreaux du camp.
Cette reconstruction est réussie, dans le déroulement narratif, avec toute l’épaisseur, la complexité caractérielle et les rebondissements de notre représentation des personnages, et ce en dépit de la gageure de vouloir encore percer et transmettre de nouveaux éclaircissements sur l’horreur concentrationnaire, alors que l’on n’en fut pas le témoin (ni l’auteur ni le lecteur).
Mais il existe une autre gageure sans doute encore plus ardue : c’est la nature même de l’autofiction, surtout dans le cadre d’un silence biographique si pesant, car chargé d’autant de violence. Le « cœur du projet du livre » dit l’auteur, a été de rattacher l’interrogation sur la violence nazie à une recherche introspective sur la propre violence enfouie du narrateur et sur son origine. Le postulat implicite était que le silence et le refoulement du secret de famille constituaient des actes eux-mêmes d’une telle violence qu’elle a été transmise d’une génération à la suivante. Un opportun questionnement final sur le thème du rôle d’héritier sous-entend à l’évidence que le narrateur est aussi désigné ou reconnu comme l’héritier de cette violence en même temps qu’il est sommé de la perpétuer par l’oubli et le silence. Son refus serait alors la justification de l’écriture de l’opus et l’antidote à la perpétuation de la violence.
Or, face à cette seconde difficulté, l’ouvrage m’a paru plus insuffisant. Paradoxalement, mais très logiquement à la fois, c’est le narrateur lui-même qui ressort doté de la moindre consistance : sa propre violence ne se résume qu’à une anecdote initiale effleurée sans aucun ancrage dans le passé ; sa remise en question pourtant suggérée par le personnage de la fiancée allemande (Sophie) est esquivée avec une légèreté désolante ; sa trame biographique en dehors des résultats de la recherche – en particulier sa carrière de prof et son installations en Allemagne – paraît être soit sans rapport soit à l’inverse terriblement pertinente alors qu'elle est désespérément survolée.
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[L'Origine de la violence | Fabrice Humbert]
Auteur    Message
lucky44



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 29 Déc 2008
Messages: 79
Localisation: Bouguenais , France

Posté: Mer 25 Aoû 2010 15:20
MessageSujet du message: [L'Origine de la violence | Fabrice Humbert]
Commentaires : 0 >>

un très beau roman sur l'inhumation d'un secret familial qui entraîne le lecteur dans l'horreur des camps de concentration mais aussi dans une réflexion sur la violence et ce qui nous y porte.
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[L'origine de la violence | Fabrice Humbert]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Jeu 19 Nov 2009 14:50
MessageSujet du message: [L'origine de la violence | Fabrice Humbert]
Commentaires : 0 >>

Lors d'une visite au camp de concentration de Buchenwald où il accompagne ses élèves, un professeur découvre sur une photographie un détenu qui ressemble à s'y méprendre à son propre père. Troublé, il entreprend des recherches qui vont le mener sur le double chemin de son histoire familiale et de la folie nazie.

Peut-on comprendre les mécanismes qui font que des hommes se livrent à la barbarie ? Peut-on percer l'essence du "Mal absolu" dont les camps de la mort furent le théâtre, quand, ainsi que le déplorait Jorge Semprun, le tourment moral qui habitait les détenus, au coeur de l'expérience de ces camps, est intransmissible ? Intransmissible parce que ce mal n'est pas un concept, mais quelque chose que l'on ressent à l'intérieur de soi, et qui est indicible parce que ne peuvent l'appréhender que ceux qui l'ont subi.

Fabrice Humbert a l'intelligence -ou l'humilité- de ne pas prétendre résoudre cette énigme. Au lieu de cela, il se sert de son récit et de son personnage principal (le professeur narrateur) pour s'interroger sur l'héritage que nous laisse ce terrible pan d'histoire, "ce laps de temps court mais effrayantouvrant la boîte de Pandore de l'Humanité", et qui ne serait que le révélateur du potentiel de violence que recèle l'homme depuis toujours. Et de rappeler qu'en effet, le nazisme ne fut pas l'oeuvre de quelques fous furieux dont la monstruosité aurait été évidente -et rassurante-, mais une violence administrative, organisée, dénuée de passion... C'est pour cela qu'en recherchant l'origine de cette violence en se basant sur l'exemple des camps, le narrateur en vient à s'interroger sur la genèse de sa propre violence, et par extension sur celle qui sommeille en chacun de nous. Et en partant du principe qu'en ce qui le concerne, ce sont ses peurs qui réveillent sa colère et sa brutalité, il imagine qu'en les analysant, il parviendra peut-être à comprendre le processus de cette violence. C'est pourquoi, lors de son enquête, il s'intéresse presque davantage au bourreau -un médecin SS- de son aïeul génétique qu'à ce dernier. En effet, ce médecin non seulement est le parfait exemple de ces individus qui furent des rouages du mécanisme d'extermination mis en place par le IIIème Reich (un homme somme toute banal) mais il est aussi pour cette raison celui que choisit notre professeur comme représentant de ses peurs. S'il élucide les raisons qui ont poussé le médecin à devenir ce monstre ordinaire, il maîtrisera ces peurs -nées, finalement de l'incompréhension face à l'horreur- et donc sa violence...

J'en reviens à cette notion d'héritage que j'évoque plus haut... l'abomination que furent les camps d'extermination (et l'ensemble des comportements qui y ont contribué : les dénonciations, la résignation...) nous a surtout laissé des questions sans réponse. Elle est une preuve de ce dont l'homme peut se révéler capable, et nous laisse démunis face à ce constat.
C'est ce qu'évoque Fabrice Humbert sans jamais tomber dans le manichéisme.
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