D'abord, c'est "la P. respectueuse" que j'ai lue, il y a bien longtemps, et je préfère ce titre (auto)censuré (?) au 'Putain' en toutes lettres.
En effet c'est à une pièce de théâtre à laquelle nous avons affaire, qui a été écrite avant ou sous la 2e guerre mondiale. La morale ne permettait pas de mettre sur le devant de la scène comme sur la couverture d'un livre des mots aussi crus. J'ai aimé ce livre. Il y a opposition, bien sûr, entre deux notions : putain et respectueuse comme entre bourreau et bienveillant. La figure d'opposition stylistique est brillante parce qu'absurde à la fois.
L'histoire se passe aux Etats-Unis entre trois personnages : la putain, le Noir qui cherche à se cacher, le représentant de l'ordre, sénateur, par ailleurs client de la putain.
La putain va-t-elle choisir d'aider le fugitif noir comme lui commande son coeur ? Ou va-t-elle être du côté du respectable sénateur, par ailleurs raciste et sans scrupule ?
L'individu contre la Société. La Société qui, au nom des individus qu'elle "réunit", écrase l'individu et son libre-abitre.
Pour finir, je n'ai pas beaucoup d'intérêt ni d'estime pour Sartre. Mais là, il a montré son talent.

La putain respectueuse, suivie de Morts sans sépulture... J'aurais fait l'inverse, la deuxième pièce m'ayant paru beaucoup plus intéressante que la première.
La première pièce traite du racisme dans une petite ville du sud des États-Unis, où un homme noir est accusée à tort d'avoir violé une femme. La prétendue violée, une prostituée, va subir des pressions de la part des blancs bien pensants de la ville pour témoigner contre l'homme noir.

La deuxième pièce, Morts sans sépulture m'a paru avoir beaucoup plus de corps et d'intérêt. Pendant la deuxième guerre mondiale, un petit groupe de résistant a été arrêté, et ils attendent la torture. La pièce est très dense et sombre, et on y retrouve la question de savoir pourquoi on fait quelque chose, traitée dans Les mains sales.