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[On a marché sur la bulle. N° 28, Francq ; Bihel | Yanni...] |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Jeu 15 Nov 2012 19:27
Sujet du message: [On a marché sur la bulle. N° 28, Francq ; Bihel | Yanni...]
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Philippe Francq est un homme pressé dont le temps est compté. L’entretien donné au fanzine à l’occasion de la sortie du tome 18 de Largo Winch n’y va pas par quatre chemins, franco de port (en mer Noire) si j’osais les calembours bien relou du magazine, exemple : « Philippe Francq. Force est de reconnaître que la frappe est en lui ! ». Je n’ai pas bien compris le sens mais si l’interviewer considère que Francq est une frappe (un voyou), alors il a intérêt à pratiquer l’art de l’esquive parce que les gnons vont pleuvoir. Quoi qu’il en soit, Francq travaille d’arrache-pied 322 jours par an pour mettre en page, crayonner et encrer une aventure de 46 planches quand Jean Van Hamme veut bien fournir le scénario à temps. Il faut encore compter les délais de la mise en couleur. La collaboration entre les deux hommes dure depuis plus de vingt ans. Il y a de la fidélité dans l’air. Le premier album de Largo Winch date de 1990. Le succès est tel que l’auteur se consacre exclusivement à cette série. D’ailleurs il a entrepris de refaire les couleurs des quatorze premiers tomes à l’aide de trois coloristes afin que la couleur « ne dépasse plus le trait noir ». On sent que l’œuvre se bâtit et se peaufine. La sortie d’un album est suivie d’une promotion que l’auteur cautionne mais oriente. L’accueil fait au fanzine montre néanmoins un dessinateur relativement ouvert aux médias, même confidentiels. Francq réalise aussi des ex-libris afin d’aider les libraires malmenés par les grandes surfaces, les ventes en ligne et consorts. On ne saura rien des goûts et des couleurs de l’artiste, en marge de son travail si ce n’est qu’il écoute parfois le silence et qu’il ne louperait « pour rien au monde l’émission radiophonique « Sur les épaules de Darwin » diffusée par France Inter le samedi matin de 11h00 à 12h00. Il ne dévore plus de bédé depuis des lustres alors qu’il a été un lecteur compulsif mais « il ne peut plus lire une bande dessinée sans l’analyser ». Des crayonnés de Colère rouge agrémentent l’entretien. Il n’y a rien de sensationnel, aucune révélation n’est faite ni personne n’est balancé. Comme le milliardaire de papier exsudant la « coolitude », Philippe Francq est sobre et zen, politiquement correct. La prochaine aventure de Largo Winch est déjà dans les tubes. Van Hamme a mis le turbo à son diesel. Les repérages à Londres sont pour bientôt.
L’interview suivante consacrée à Claude Pelet montre un dessinateur gardois discret mais bien campé dans sa tête. Continuateur inspiré de la bédé culte de Vicomte, Pelet a marqué son but d’un or filigrané avec le tome 2 de Sasmira. Les questions laissent parfois le lecteur sans voix mais le dessinateur fait le job et répond sans barguigner. Il y a du brassage de clichés dans le grand pot du lieu commun. La bouillie qui en résulte n’est pourtant pas totalement indigeste. Ses inspirations viennent de la peinture impressionniste pour la « lumière, la vie et les ambiances » et de Toulouse-Lautrec pour la virtuosité graphique. Ses goûts en bédé sont disparates avec des dessinateurs extraordinaires tels Franck Frazetta, John Buscema ou Gene Colan, d’autres discutables à l’exemple de Barry Smith ou de John Romita. Ses influences françaises sont aussi contestables avec Bilal ou Bourgeon mais c’est son choix et ça se discute comme disent les autres. A l’évidence, le lecteur averti ne sent pas une culture très développée du 9e art. D’ailleurs, Pelet reconnaît en fin d’entretien qu’il n’a jamais lu Jean Giraud, un monument en la matière, néanmoins, transmutation en plus.
Tête-bêche, on trouve un autre auteur avec Frédéric Bihel (« Les Héritiers du soleil »). On découvre son itinéraire sur un plan technique et relationnel avec des rencontres plantées comme des jalons. Il est bon de rappeler des évidences : « […] les outils se sont diversifiés, la palette graphique a rejoint le crayon et le pinceau mais les jeunes auteurs… se confrontent toujours à la mécanique du récit, aux recherches graphiques… Le support peut changer, se dématérialiser, il s’agira toujours de dessin et d’histoires à raconter ». La très courte interview suivant consacrée à Sébastien Morice (« Papeete ») est très intéressante et donne envie d’en savoir plus en se plongeant dans l’œuvre dessinée. Architecte non pratiquant, infographiste puis auteur illustrateur, Morice a cherché sa voie et se « désigne comme un vieux « jeune dessinateur » de 37 ans ». Avec le scénariste Didier Quella-Guyot, ils composent une histoire policière à Papeete en 1914, recherchant le vraisemblable grâce à une documentation conséquente mais sans prétendre restituer exactement un univers qui a disparu et dont « plus personne de vivant ne peut témoigner ». La multiplicité des détails en toile de fond rappelle le travail de l’illustrateur et ne sera probablement pas perçue lors d’une première lecture. Ces « petite choses qui magnifient la réalité » sont destinées à être découvertes lors d’une relecture. Les auteurs ont fait le « choix du non-dit, de la suggestion, des détails discrets ». L’album a aussi été remarqué pour ses couleurs « chaudes et sensuelles », ses « effets de lumière et d’ombre ».
Enfin, deux pages présentent le film d’Avril Tembouret sur Laurent Vicomte réalisé durant huit ans, le documentariste ayant été aspiré dans le « temps vicomtien » : « J’ai découvert sa difficulté d’avancer sur Sasmira et ses tentatives de renouvellement : réalisation de bijoux, écriture de chansons. » Le dvd sera disponible dans une édition collector de Sasmira.
Trois ex-libris de Thillet, Bihel et Morice parachèvent le dernier numéro d’OAMB qui se lit de bout en bout, avec un grand plaisir.
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[On a marche sur la bulle. N° 28, Ted Benoit ; Jean Solé...] |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mer 09 Mai 2012 20:08
Sujet du message: [On a marche sur la bulle. N° 28, Ted Benoit ; Jean Solé...]
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On a marché sur la bulle (OAMB), fanzine noir & blanc au petit format A5 (21 cm x 15 cm), sous sa double couverture en quadrichromie, arrive tête-bêche pour biner les esprits, ensemencer le printemps 2012 et donner des élans au lecteur en lui rapportant les entretiens réalisés auprès de Ted Benoit et de Jean Solé en tête de gondole.
L’enthousiasme de Solé, dessinateur pop et rock, est communicatif. Il sait rendre compte de la découverte essentielle des Beatles lors d’un concert mythique à l’Olympia en février 1964 et l’ouverture à une culture alternative qui s’ensuivit, culture underground, émancipatrice. Il a 14 ans et a obtenu un billet gratuit par son frère, pompier de Paris, de service au music hall ce soir-là : « J’ai pris une claque monumentale, c’était des extraterrestres, je n’avais jamais vu ça. Ils étaient charismatiques, bourrés d’énergie, drôles. » A travers la vie de Solé défilent les années Pilote (le contact pris avec Goscinny est superbement rendu), Rock & Folk, L’Echo des Savanes, Métal Hurlant. On a envie d’aller voir l’exposition parisienne, « En écoutant des images » qui lui est consacrée courant mai 2012 à la médiathèque Marguerite-Duras. Un période faste, délirante, créative semble révolue et s’estompe des esprits avec le vieillissement et la disparition inévitables de ses acteurs. Le bel et simple hommage rendu ensuite à Moebius, disparu en mars 2012, en est un banal et sidéral exemple. Jean Giraud a « transmuté ». L’interview suivante concerne la dessinatrice Valp dont les influences en bédé sont intéressantes : « Gaspard de la nuit » de Johan de Moor et Stephen desberg, « Les Pixies » de Robert Rivard et Pierre Dubois, « Les Gardiens du Mäser » de Frezzato, « Bones » de Jeff Smith mais aussi Tom et Janry pour « la dynamique du scénario et du dessin », Frank Frazetta, Brian Froud, Claire Wendling, etc. mais aussi « Fringe » de J. J. Abrahms, Tim Burton, David Lynch, « Star Trek », « Docteur Who » de Russell T. Davis et Stephen Moffat et encore « Time Machine » [« La machine à explorer le temps »] de Klaus Badelt, « Titan A.E. », « Waterworld », « Stargate ». La sincérité du propos montre des facettes intéressantes d’une œuvre en train de se construire à travers l’apprentissage et le peaufinage de diverses techniques ainsi que la combinaison libre et cohérente d’autres œuvres empruntées à des artistes graphiste, cinéastes ou musiciens en tant qu’influences notables. Le lecteur est toujours preneur de cette mise au net sans esquive des sources d’inspiration d’un auteur.
Ted Benoit se livre sans fard et sans lard, à l’os. Il dit son peu de goût pour l’usage de l’outil informatique et du dessin à l’aide de la palette graphique : « Il n’y a pas de contact physique et je n’y prends pas vraiment de plaisir. » Ted Benoit parle de son blog « Les Pensées de Ray Banana » né de son désir de rompre avec la ligne claire et les décors travaillés et de retrouver la spontanéité du dessin de presse où l’idée colle au dessin. Enfin, un auteur brestois, Gwendal Lemercier, raconte son parcours dans le domaine de la fantasy, de ses sources d’inspiration, les préraphaélites, les illustrations d’Arthur Rackham, l’œuvre de Waterhouse et de Burnes-Jones ainsi que l’étude de l’encyclopédie médiévale de Viollet-le-Duc. Jeune homme des confins, ici le Finistère breton, l’artiste se sent en prise avec les éléments naturels, sources d’inspiration et de confrontation. Le fanzine est agrémenté de trois ex-libris au format du magazine signés par Lemercier, Valp et Ted Benoit.
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[On a marché sur la bulle. N° 27, Marini ; Schuiten | Ya...] |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Dim 26 Fév 2012 19:57
Sujet du message: [On a marché sur la bulle. N° 27, Marini ; Schuiten | Ya...]
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Chaque trimestre, depuis 2003 et son numéro zéro, le fanzine « On a marché sur la bulle » (OAMB) rapporte les interviews de deux solides auteurs de la bédé et les présente tête-bêche, ce qui a l’avantage de gratifier le lecteur avec deux couvertures différentes. Ainsi, le numéro 27 de janvier 2012 relate un entretien avec Enrico Marini et un autre avec François Schuiten. A ces deux dessinateurs virtuoses s’adjoignent des auteurs plus confidentiels tels Eric Chabbert (« Uchronie(s) »), Christophe Dubois (« Octruce »), Laurence Baldetti (« Perle blanche ») et le scénariste Nicolas Pona. Chaque numéro est accompagné d’ex-libris couleur de belle facture, joliment imprimés sur un beau papier et signés. OAMB est une revue de petit format A5 en noir & blanc, brochée, agrémentée de nombreux dessins inédits, de croquis, de crayonnés, de photographies illustrant les interviews. Les entretiens se bâtissent autour d’un canevas identique : parcours, influences, technique, projets, etc. L’intérêt réside dans les réponses apportées. Le lecteur se fait une idée d’après ce qu’il sait glaner et mettre en perspective. Ainsi, quand François Schuiten évoque Jacques Abeille et son œuvre, « Les Jardins statuaires », qu’il trouve « émouvant, magnifique » ou encore Gérard Manset, « artiste fulgurant avec un univers dans l’écriture et dans la musique d’une complexité, d’une force qui se réécoute toujours… », on sent les connivences s’établir et « Les Cités obscures » briller d’un éclat neuf. On peut parfois regretter les coquilles paf et les calembours pif. Toutefois, une cinquantaine de pages bien remplies, plus trois ex-libris pour une mise trimestrielle à 5,50 €, avec la quasi assurance de tout lire de bout en bout sans se lasser et la conviction de faire des découvertes enthousiasmantes, le jeu en vaut la chandelle, sapristi !
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