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Les notes de lectures recherchées

2 livres correspondent à cette oeuvre.

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Mots-clés associés à cette oeuvre :

[La Hulotte. 98, L'escargot des haies II | Pierre Déom]
Auteur    Message
Franz



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 01 Déc 2006
Messages: 1992
Localisation: Nîmes

Posté: Sam 12 Jan 2013 19:03
MessageSujet du message: [La Hulotte. 98, L'escargot des haies II | Pierre Déom]
Commentaires : 2 >>

L’escargot des haies arrive en deuxième saison dans la dernière livraison de l’« irrégulomadaire » La Hulotte (dont la parution est semestrielle) pour la plus grande satisfaction des fans qui suivent la série made in Boult-aux-Bois, village ardennais où se concocte le journal depuis 1972. A nouveau, le lecteur de la revue naturaliste s’étonne face à une nature sans cesse à découvrir. Le colimaçon n’est pas en reste de confidences à commencer par sa reproduction qui revêt un caractère exceptionnel de par son hermaphrodisme. Bien que produisant spermatozoïdes et ovules, l’escargot des haies ne s’autoféconde pas et cherche un/une partenaire pour procréer. La parade est lente et longue, l’accouplement de même. L’orifice génital est un « trou minuscule sur le côté de la tête ». L’escargot échange ses spermatozoïdes protégés dans un emballage résistant car le/la destinataire stocke les gamètes dans une bourse copulatrice où s’entassent déjà l’éjaculat d’anciens gastéropodes, fruit de plusieurs rencontres. Les « enzymes corrosifs » digèrent tout et obligent les spermatozoïdes à déguerpir au plus vite afin d’atteindre la spermathèque où ils seront en sécurité et à même de féconder enfin les ovules à disposition. Comble de l’ironie, les moins vifs seront éliminés. Il y est aussi question du dard d’amour, un petit os unique en son genre que possède chaque gastéropode qui, une fois enfoncé dans le pied du partenaire, répand des hormones capables de freiner le système anti spermatozoïde. Les difficultés pourraient s’arrêter là mais l’escargot fécondé doit encore creuser le sol sur trois centimètres de profondeur avec son pied mou. Ensuite chaque œuf est expulsé un à un « par le petit orifice sur le côté de la tête, juste derrière les tentacules ». Un quart d’heure voire une demi-heure est nécessaire entre chaque œuf déposé dans la petite chambre alvéolaire souterraine. Une fois recouverts, les œufs sont sensibles à la sécheresse. Les prédateurs sont aussi de la partie à l’image du luisant des caves, un escargot fouisseur qui n’hésitera pas à racler tous les œufs s’il tombe sur la nurserie. Sorti de son œuf, le mollusque doit se fortifier et ses besoins dévorants en calcium l’obligent parfois à râper ses très chairs frères à deux doigts de naître. Naître ou ne pas naître, telle n’est plus la question. La suite de l’existence n’est plus qu’une série d’esquives et d’astuces afin d’éviter la mort par la bouche du crapaud, le bec du merle, les dents de la musaraigne. La survie est de 3 % l’an. Pour les heureux élus, la croissance en spirale de la coquille permet d’être toujours à l’aise dans la maison portative. Au bout de trois ans, le colimaçon décide de stopper une croissance qui pourrait être continuelle et fabrique un bourrelet autour de l’ouverture de sa coquille. La bête à corne hiverne et peut « atteindre l’âge assez incroyable de huit ou neuf ans ».
Pierre Déom tient toujours le haut du pavé avec son grand œuvre perpétuellement remis sur l’établi. Chaque nouveau numéro de La Hulotte construit l’édifice indéracinable de feuille et d’herbe, de bois et de tourbe. Bien que les dessins laissent davantage la place au texte, l’humour est toujours bien présent et l’esprit du lecteur constamment éveillé, voire émerveillé. Le glanage est toujours riche, l’engrangement fécond. De la pierre à grive (l’oiseau saisit dans son bec un escargot et le cogne à coups répétés jusqu’à ce que la coquille éclate) aux escargots perforateurs (le gastéropode perce la roche avec l’acidité de son pied et avance, lui et ses successeurs, de 15 mm par siècle. Un tunnel de 15 cm équivaut à mille ans d’activité opiniâtre), on ne peut compter les oh ! et les ah ! de surprises, de plaisirs et parfois d’effroi avec la découverte des mangeurs de mollusques à l’exemple du carabe doré, du drile jaunâtre, du sombre ver-luisant ou lampyre (« A bas Lampyre ! » clame une cagouille estomaquée). Voir le travail de l’osmie, abeille solitaire, avec une coquille vide d’escargot, le maçonnage intérieur puis le camouflage, « l’osmie bicolore est capable de transporter à travers les airs des poutrelles incroyables faisant jusqu’à quinze fois sa longueur », elle recouvre la coquille d’un amas conique de brindilles afin de dissimuler sa ponte aux prédateurs, tout cela décille le regard et on peut comprendre qu’un naturaliste s’enthousiasme au cours de ses promenades bucoliques. Véritable journal de bord illustré à la plume, La Hulotte défie les modes du zapping, de l’électronique, du tape-à-l’œil pour s’imposer aussi longtemps que la nature demeurera.
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[La Hulotte. 97, L'escargot des haies | Pierre Déom]
Auteur    Message
Franz



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 01 Déc 2006
Messages: 1992
Localisation: Nîmes

Posté: Mar 17 Juil 2012 15:21
MessageSujet du message: [La Hulotte. 97, L'escargot des haies | Pierre Déom]
Commentaires : 0 >>

L’escargot des haies et celui des jardins sont deux espèces distinctes qui se différencient par la lèvre (la bordure de la coquille), « sombre comme l’ombre d’un buisson » pour le gastéropode des haies, « claire comme un jardin au grand soleil » pour celui des jardins.
Le dernier opus de La Hulotte, le n° 97 du 1er semestre 2012, est consacré à l’escargot des haies, un colimaçon qui pourrait paraître de prime abord anecdotique, voire invisible mais réserve, après lecture, de multiples étonnements et interrogations. Pierre Déom orchestre avec maestria, gourmandise et humour les recherches scientifiques les plus sérieuses en provenance de Paris, Rennes, la Franche-Comté, la Pologne ou l’Australie. On y apprend à distinguer les rayures des coquilles, le sens de la spirale et à découvrir les perles rares à l’instar du roi des escargots, le rarissime animal dont la spirale s’enroule dans le sens opposé des aiguilles d’une montre. Les colonies d’escargots sont fragiles car elles sont peu mobiles et inféodées à un milieu qui peut être bouleversé en un temps record : la haie est arrachée, le fossé creusé à la pelle mécanique, le talus brûlé et le terrain vague retourné au bulldozer. On admire ensuite la bave (le mucus) de la bête et ses étonnantes propriétés, capable de passer instantanément et indifféremment de l’état solide à liquide selon les besoins et devenir soit une colle forte, soit une huile fluide. Le mucus protège l’escargot des piqûres et des coupures. Le scientifique aimerait copier la composition du mucus afin d’équiper des micro-robots qui pourraient circuler partout, du sol au plafond. Gourmand en eau, toutes proportions gardées, l’escargot doit l’économiser pour survivre, la stocker dans son poumon, son jabot, son intestin, son sang, la recycler depuis ses urines et ses excréments, absorber la moindre humidité et se mettre en estivation c’est-à-dire vivre à l’extrême ralenti en plein été. Quand la pluie apporte enfin la délivrance, l’escargot attend patiemment la fin des gouttes qui cribleraient son corps tendre et mou puis absorbe l’eau par la semelle. C’est aussi par le pied que vient l’extase des Jeannettes. On regarde différemment ses cornes (des tentacules, le mollusque terrestre est un lointain cousin des pieuvres) nanties de deux yeux noirs à l’extrémité des grandes tentacules et de deux réceptacles olfactifs au bout des mini-tentacules. Capable de régénérer entièrement ses « cornes » en les fabriquant à l’identique, l’escargot utilise encore le système de la pompe hydraulique pour s’extraire de sa coquille car il n’a pas de muscle pour le tirer vers l’extérieur. Il comprime et fait gonfler ses organes comme un ballon de baudruche. Reste encore à découvrir ses plantes préférées, des « vieux débris juteux, très faciles à râper » et les orties ainsi que la manière de les déguster à l’aide d’une langue (la radula, le racloir) tapissée de minuscules dents alignées, serrées et pointues, remplacées régulièrement. Pour la fabrication de sa coquille, le colimaçon « souffre d’une terrible fringale de calcium » et il lui arrive de piller les moindres débris de coquille d’oiseau ou d’escargot, n’hésitant pas à râper le dos d’un congénère encore bien vivant.
Une nouvelle fois, La Hulotte accorde son attention à l’animal d’apparence banale, anodin, vu et revu mais demeuré pour l’essentiel totalement inconnu. La verve intacte de Pierre Déom transfigure des données scientifiques en un journal vivant, poétique, puisant dans l’émerveillement de l’enfance. Le plan en coupe de l’escargot montre une architecture complexe avec la simplicité conférée par un dessin précis, fouillé mais clair, évident, didactique. Il faudra attendre le prochain semestre pour voir à nouveau déambuler le colimaçon, « fonçant ventre à terre », « se hâtant avec lenteur ». L’automne arrivera avec ses grisailles et ses flamboiements, un temps idéal pour déguster la suite des aventures de l’escargot des haies.
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