Dans le premier tome, Klaus et Lucas sont deux jumeaux d'une dizaine d'années. A cause de la guerre qui sévit, ils sont envoyés par leurs parents à la campagne, chez une grand-mère avare et acariâtre. Confrontés à l'abandon et aux horreurs de la guerre, ils essayent de se blinder et de se construire tant bien que mal. Dans les deux tomes suivants, on les retrouve à l'age adulte, et ils reviennent sur ce qui s'est "réellement" passé dans leur enfance (le "réellement" étant vraiment à mettre entre guillemets...).

Comme nombre de précédents lecteurs, j'ai moi aussi ait eté passionnée par cette trilogie, impressionnée par son originalité, sa force et la complexité de l'intrigue. Le premier tome me semble constituer une histoire indépendante, alors que les deux tomes suivants s'acharnent à multiplier les points de vue et à perdre le lecteur. J'ai eu une baisse d'intérêt au début du 3ème tome (je n'aimais pas la piste qu'on me proposait, trop simple et banale) mais la suite et la fin ont amplement compensé.

En revanche, au vu des nombreuses notes de lecture précédentes et de l'histoire du prof accusé, je m'attendais à un livre plus dur et plus cru que je ne l'ai finalement ressenti. Même au premier tome, j'ai vu plus de détresse et de solitude chez les jumeaux que de cruauté.

Il est difficile d'en dire plus à propos de cette œuvre déjà grandement commentée, mais controversée. Je fais partie de ceux qui ont pris beaucoup d'intérêt à cette lecture. Du plaisir souvent, mais pas tout le temps, car effectivement le texte est parfois très dur.
Je regrette d'avoir lu la trilogie en continu car les trois tomes ont tout de même quelques différences en terme de scénario. Il ne faut pas s'attendre à des suites parfaites. Certains événements de l'histoire ne se déroulent pas de la même manière d'un tome à l'autre.
Le cadre évolue aussi : unité de lieu pour le premier tome, la ville dans le deuxième, le pays dans le troisième. La narration change elle aussi : linéaire tout d'abord, beaucoup plus labyrinthique dans le dernier (flashback, longues ellipses) La tonalité est d'abord marquée par une forme de légèreté tragico-comique avec de la cruauté, puis elle évolue vers une gravité et une émotion plus humaines, plus "lisibles".

Si le thème de la gémellité paraît être le fil rouge des trois tomes, il ne faut pas s'imaginer qu'on en reste là. La concision de l'écriture masque la complexité des rapports humains, le questionnement autour de la décrépitude d'une société doublement agressée (guerre, puis dictature), l'absence des valeurs de civilisation, les drames humains au cœur de la grande histoire.

Le livre est, en réalité, composé de trois romans, publiés aux débuts séparément, ensuite réunis par Points… dans une œuvre unique. L'histoire est la même… les protagonistes sont deux jumeaux qui, en période de guerre (on ne sait pas laquelle) dans un pays de l'est (on ne sait pas lequel, mais l'auteur est hongroise) sont confiés par la maman, en ces moments difficiles, à la garde de la grand-mère. La grand-mère a une réputation de sorcière… pas de celle qui monte le balais, mais plutôt parce qu’elle est sale, mauvaise, cruelle, surtout avec les jumeaux et avec les autres personnes de pays. Mais les jumeaux ont mille ressources pour affronter la vie, malgré les brutalités qu’elle leur fait subir. Le premier livre raconte leurs aventures, par le biais du « grand cahier » où ils épinglent les événements.
Dans le second livre, par contre, les deux frères se séparent… chacun est au-delà du mur et vit une vie séparée de son jumeau…
A la fin, un jumeau part à la recherche de l'autre… ou de soi même… toujours avec la guerre, la peur, l’exposition à la censure. Un contexte qui, en vérité, imprègne la vie de chaque personnage du livre, la modifie, la manipule, l'influence.
Chaque partie du roman est écrite de manière différente… élémentaire pour la première (sous forme de « petites pensées » enfantines), plus structurée pour la 2ème et la 3ème partie. Malgré cela, la lecture est très fluide, agréable et le style ne s'en ressent pas, au contraire, il en bénéficie.
Il ne s'agit pas d'un livre historique, ni d'une biographie, ni de l'histoire vraie de deux frères séparés par la guerre… mais plutôt de quelque chose d’étrange et de magique, de magnétique et de traumatisant, de dur et de délicat.
Une petite perle dans le panorama de la littérature européenne. Qui brille de sa propre lumière, sans publicité, sans clameur, seulement par la force de sa beauté.

Tombée dessus par hasard grâce à sa (moche) couverture argentée, quelle découverte !!!
J'en suis restée... muette. Lu très vite, malgré la noirceur de certains passages, et malgré une histoire très alambiquée. En fait 2 histoires, puisqu'il s'agit de jumeaux. Enfin, je crois...
Un livre qui marque, qui remue. De la grande littérature.

Je viens de terminer ces 3 livres réunis en UN et heureusement je ne pense pas qu'il soit possible d'en lire un séparé des 2 autres.......ce qui est suprenant c'est que l'auteure a écrit ces 3 livres de 1986 à 1991!! je me demande ce que les personnes qui a l'époque ont lu "le grand cahier" à sa sortie en ont pensé......quoique ils doivent avoir été aussi perplexe que je le suis, finalement, à la fin de cette lecture.
C'est pas possible de vous la résumer ou de vous la raconter.....c'est l'histoire de frères jumeaux , au départ du moins après on s'y pert un peu .....dailleurs en lisant je me disait parfois "j'y comprend plus rien", mais en même temps c'est tellement bien écrit et les personnages si attachants qu'on a du mal a lâcher le livre pour faire autre chose ;-) pourtant l'ambiance y est souvent morbide et le paysage soit gris, soit noir !!
J'ai jamais lu un livre aussi prenant/marquant et "construit" de cette façon là.....vraiment je vous le conseille !!

Cette trilogie fait partie des 10 ou 15 romans qui m'ont le plus marqué ces 15 dernières années. Agota Kristof y mêle dans un style très dépouillé et un art consommé de la narration des thèmes qui m'ont profondément touché comme celui du malheur des enfants dans un monde où les adultes s'entredéchirent, celui de l'exil, celui de la résistance à l'oppression, et celui du jeu de la vérité et du mensonge, ce dernier thème étant traité ici avec une virtuosité que j'ai rarement rencontrée. Ce livre m'a laissé une impression inoubliable.