Au-delà de ce portrait de Lucile, sa mère, c'est bien sûr aussi sa propre histoire que nous livre et raconte l'auteur Delphine de Vigan.
J'ai eu du mal avec cette lecture et cela vient du fait je pense, que cette famille hors-normes, moi, je ne l'ai trouvée ni touchante ni sympathique. Je n'y ai vu que des individualités occultées, asphyxiées par l'égocentrisme, l'indifférence ou les non-dits, au prétexte d'une apparente unité familiale censée forcer l'admiration de tous.
Au-delà de ce sentiment "inconfortable", j'ai été touchée par l'écriture de cette femme au passé si douloureux. Son récit plutôt atypique est humble et vivant.

Delphine de Vigan trace ici le portrait de sa mère, atteinte de troubles bipolaires, et au delà de la famille dans laquelle elle a grandit. Elle nous parle aussi de la difficulté de décrire à la fois tout le pathologique de cette histoire (que je ne saurai résumer sans trahir la trame du récit) mais sans en nier les couleurs vives, les joies partagées, les solidarités réelles et salvatrices. Le style est clair, direct, franc, jusque dans les hésitations et les craintes de trahir. C'est terriblement beau. C'est un des témoignages les plus poignants (avec celui de Sorj Chalandon, "Profession du père") qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois.

Face au suicide de sa mère, Delphine de Vigan, démunie, ne sait, dans un premier temps, que faire de cet événement qui suscite de douloureuses questions. Le besoin d'écrire vient par la suite. Un besoin d'abord imprécis, qui se focalise ensuite sur le besoin d'écrire plus particulièrement sur sa mère, et se fait de plus plus pressant. Un travail difficile, éprouvant, mais qui s'est soldé par ce texte touchant et ce beau portrait de femme qu'est "Rien ne s'oppose à la nuit".

En s'appuyant sur des témoignages, des lettres, des films et des photos, l'auteur reconstitue l'histoire familiale, pour tenter d'identifier la faille qui a fini par engloutir Lucile. Troisième enfant d'une nombreuse famille, cette dernière, d'une beauté remarquable, s'est toujours démarquée par sa réserve, cette attitude donnant à penser qu'elle était ailleurs, sa manière de tout observer en silence...

A la tête de cette tonitruante tribu, Georges, le père charismatique, patron d'une petite agence de pub, et Liane, ancienne professeure de gymnastique qui a abandonné sa carrière pour se consacrer à son mari et ses enfants. La famille a peu de moyens, que Lucile permet de compléter en posant, dès son plus jeune âge, pour des photos de mode. Malgré tout, le foyer des Poirier dégage une impression de liberté et de bonheur simple. Est-ce la mort d'un des enfants, survenue par accident, qui entache définitivement la joie du clan ? Ou bien cette apparente félicité n'était-elle qu'une image trompeuse, sous laquelle la souffrance et les frustrations, tapies, n'attendaient qu'un signe pour se révéler ?

Sans doute n'est-ce pas si simple. L'auteur semble peiner elle-même à toucher le point qui fait mal, à identifier la cause réelle du mal-être de sa mère, mais aussi celle du suicide ou de l'alcoolisme de certains de ses oncles et tantes. Derrière le bouillonnement joyeux de l'entité familiale, elle tente de sonder les secrets des destins individuels, de traquer les moments où les fissures se sont produites...

Le récit alterne entre la transcription des anecdotes, des drames, et des moments mémorables vécus par la famille Poirier, et les réflexions que suscitent chez l'auteure ce travail d'écriture. Elle nous livre ainsi ses périodes de découragement, face au constat que Lucile gardera toujours une grande part d'énigme, mais aussi sa prise de conscience sur la réelle utilité de sa tâche. En écrivant sur sa mère, en concrétisant son besoin de tenter de revenir à l'origine des choses, c'est surtout avec elle-même qu'elle se réconcilie. Raconter l'histoire familiale, et ce faisant en transmettre le flambeau, lui permet de se l'approprier avec davantage de sérénité.

Delphine de Vigan réussit un périlleux exercice. Elle parvient à maîtriser suffisamment ses émotions pour faire de "Rien ne s'oppose à la nuit" un texte fort et passionnant, sans jamais tomber dans le pathos.

BOOK'ING

J’ai beaucoup aimé le début de ce livre et la peinture de cette famille apparemment heureuse et généreuse, malgré les drames qui l’ont frappée.
J’ai également apprécié la façon dont l’auteur montre comment elle a du mal à trouver « la vérité » à partir des témoignages recueillis et qu’elle est obligée de se contenter de probabilité, comment l’oubli fait son œuvre en chacun et comment deux personnes ayant vécu le même événement, fût-il traumatisant, en ont des souvenirs différents.
Ensuite, à mesure qu’on s’enfonce dans le drame de Lucile, même si je comprends l’effort fait pour rendre compte des événements au plus près, pour cerner la réalité, j’ai trouvé que le récit s’enlise un peu, que l’auteur se répète, comme les événements.
Ce livre n’en reste pas moins un témoignage très fort sur la vie familiale, l’amour et la solitude mêlés.

Bonjour

C'est ma première note de lecture . Si je ne mets que quatre étoiles, c'est parce que j'ai eu un goût d'inachevé .Soit cette histoire est vraie et écrite de manière "romancé " auquel cas, elle ne nous dévire que certains épisodes de vie et on se pose alors la question : pourquoi ? ; soit cette histoire n'est qu'un pur roman et là ce n'est qu'une suite, une addition pourrait-on dire de petits " délires " et de tranches de vie lambda .

Un livre très bien écrit, et qui nous fait entrer dans l'histoire familiale de l'auteur, tout en nous donnant à penser sur nos propres histoires de famille, sur notre rapport à la maladie mentale, sur la fragilité de nos vies et la force des liens.

J'abonde dans le sens des notes précédentes: c'est un livre douloureux et émouvant. Ce qui m'a frappée c'est l'extrème solitude de la petite Lucile au milieu de cette famille nombreuse un peu farfelue.

Que dire... J'ai été profondément bouleversée par ce livre... J'ai lu, chaque mot, chaque phrase avec attention... suivant la douleur, les silences, la survie et les renoncements...
On lit et on relie à nos maux par ces mots si touchants... et du coup... les mots manquent...

Très beau livre, touchant, émouvant sur le rapport à la mère et le rôle de celle-ci dans l'éducation, la construction de soi-même.
Livre autobiographique qui aborde les sujets de la maladie mentale, du handicap, de la fratrie et des rapports humains difficiles.
très bien écrit, facile à lire
auteur que j'apprécie énormément :D :D :D

Très beau et très touchant.

très beau récit de l'auteur sur sa mère,son suicide, sa famille, sa soeur, les non dits et tout ce qui fait une famille

Un livre bouleversant qui nous parle de la mère de l'auteur, qui souffrait d'une maladie mentale bipolaire et qui à l'âge de 60 ans se suicida. Un texte écrit simplement mais percutant. La vie de cette famille nous renvoie à la nôtre, avec ses joies, ses douleurs, ses échanges... Chapeau madame De Vigan !

Lucile a souffert pendant de nombreuses années de troubles bipolaires. A 62 ans, rattrapée par un cancer, elle s’est donné la mort. Delphine de Vigan est sa fille et, pour tenter d’approcher cette femme douloureuse et secrète, solaire et légère, qui fut sa mère, elle entreprend d’écrire sur sa vie.

Delphine de Vigan rassemble documents et souvenirs, ceux de son entourage et les siens ; elle enquête, pose des questions ; elle doute, perd le sommeil, cherche la façon d’écrire sans trahir… et nous offre, avec infiniment de délicatesse et d’humilité, un portrait tout en nuances, de Lucile si belle et blessée, qui rêvait de devenir invisible…

Magnifique et poignant récit sur la vie de Lucile, sa mère, belle et mystèrieuse enfant, femme aimante, blessée, souffrante et douloureuse.