Il y a des auteurs typiques, reconnaissables entre tous, ou plutôt, dont la musique est unique.
C'est le cas de Jean-Paul Dubois. Parfois, on peut être déçu quand la musique est assourdie, voireinaudible.
Le cas Sneijder fait partie des "grands" J.P. Dubois.
Encore une histoire originale, basée sur un fait divers. Un ascenseur de gratte-ciel s'écrase. Parmi les morts, il y a la fille de Paul Sneijder, lui est le seul survivant. Sneijder est "détruit", et la verticalité funeste va amener chez lui une horizontalité existentielle sans espoir.
Lâchant son travail de directeur, il s'enfonce dans une vie sans but, autre que la recension des écrits concernant les ascenseurs dans le monde. Quand enfin il reprend un travail c'est un job de promeneur de chiens....

Dubois, ou l'art de traduire la lucide désespérance, avec une forme de légèreté et d'ironie qui font de ces ouvrages des oeuvres à part entière, dont on ne sort pas indifférent.

Ce livre m'a laissé perplexe (de même que "Kennedy et moi" en son temps). Il a fallu un grand choc émotionnel pour que le personnage réalise la vie pourrie qu'il s'est construite. Mais il rejette toute la responsabilité sur sa femme et ses fils. Et lui? Qu'a-t'il fait? Ben rien! Au lieu de remettre en cause son immobilisme, il préfère accuser les autres, ceux qui ont fait quelque chose. Je trouve sa femme très cohérente avec ce qu'elle est, même si ce n'est pas un personnage très sympathique. Un peu facile de sacrifier sa fille, de ne pas se battre pour elle et de se sentir victime.
Mais peut-être ce roman cherchait-il une réaction du lecteur? Alors, c'est réussi.

Paul Sneijder a perdu sa fille dans un accident d'ascenseur, dont il est d'ailleurs le seul rescapé... Dès lors il passe son temps à lire tous les articles et livres parlant d’ascenseurs, tout en se consacrant à son nouveau job : promeneur de chiens.
J'ai adoré le ton de ce roman, extrêmement cynique, encore plus que les autres romans de Dubois, et surtout j'ai ri lors des descriptions de sa "vie de famille" : indifférence de sa femme, étrangeté de ses enfants, etc, etc... Le tout semble forcé, exagéré, mais la fin du livre vient mettre un superbe point final, cynique encore, à ce roman drôle et, finalement, émouvant...