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Mots-clés associés à cette oeuvre : 1001 livres, 1866, alcoolisme, babel, crime, culpabilite, intellectualisme, introspection, litterature russe, meurtre, misere, pauvrete, policier, raskolnikov, redemption, religion, remords, roman, russie
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[Crime et châtiment | Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, G...] |
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ingannmic
Sexe: Inscrit le: 22 Aoû 2008 Messages: 737 Localisation: Mérignac
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Posté: Dim 01 Déc 2013 19:40
Sujet du message: [Crime et châtiment | Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, G...]
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C'est toujours intimidant, d'entamer la lecture d'une ouvre telle que "Crime et châtiment"... Encore un de ces titres dont tout le monde a entendu parler, mais dès que vous creusez un peu, vous vous rendez rapidement compte que rares sont ceux qui l'ont réellement lu.
Entendons-nous bien : mon but n'était pas de pouvoir me vanter d'être venue à bout du roman de Dostoïevski, mais de découvrir ce qui en fait un de ces chef d’œuvre qui résistent au temps.
Comme dans "Les frères Karamazov", j'y ai tout d'abord retrouvé cette force dramatique qui constitue bien souvent une des caractéristiques de la littérature russe, cette exaltation à la limite de la démence, qui dote le récit d'une intensité tragique. Le cadre du récit, les quartiers mal famés de Saint-Pétersbourg, amplifie cette impression : la promiscuité urbaine, sordide et miséreuse donne aux scènes dépeintes un caractère théâtral. Il y a toujours une foule de spectateurs assistant aux événements, créant une agitation populeuse et criarde. L’atmosphère est rendue oppressante par l’exiguïté et l'obscurité insalubre des logements, par le grouillement d'un peuple touché par la malnutrition, la maladie, l'alcoolisme.
La personnalité de Rodion Raskolnikov, principal protagoniste de "Crime et châtiment", est elle-même à l'unisson de ce bouillonnement...
Dès le début du roman, nous le trouvons dans un état d'agitation désordonnée. En effet, l'idée du crime a déjà, de manière insidieuse, germé dans son esprit, colonisant sa conscience et ses pensées. Le mobile de ce futur crime semble dans un premier temps complètement trivial : Rasolnikov manque d'argent et il vise comme victime une vieille et méchante usurière à laquelle les étudiants démunis -dont Raskolnikov- et autres malheureux laissent en gage les derniers quelques objets de valeur qui leur restent.
Lorsque Rodion apprend que sa sœur va épouser un homme bien plus âgé qu'elle, et devine qu'il s'agit là d'un sacrifice auquel sa chère Dounia consent pour lui permettre d'obtenir une situation ou poursuivre ses études, il est pris d'une rage et d'un sentiment de frustration intenses. Il passe à l'acte, assassinant du même coup la jeune sœur de l'usurière, surgie inopinément sur les lieux du crime.
A partir du moment où le meurtre est perpétré, le héros se perd dans les affres d'émotions puissantes et contradictoires. Enfiévré, délirant, paranoïaque, il passe du désespoir le plus fébrile, le plus insensé, à des sautes de joie quasi hystériques. Le texte exprime fort bien ces errements, déroulant parfois telle une litanie la description minutieuse des sentiments qui bouleversent Rodion, ainsi que le mécanisme désordonné de ses réflexions.
On a du mal à discerner si cette agitation qui le tient est le fruit de la culpabilité ou tout simplement l'expression d'une folle terreur à l'idée de se faire prendre...
Il manifeste à plusieurs reprises l'intention de se rendre, mais on a l'impression que c'est davantage avec le but de faire cesser son calvaire psychologique, que pour soulager une conscience repentante.
De même, ses véritables motivations sont dans un premier temps assez floues. Une fois accompli le crime, il ne se soucie guère de l'argent qu'il a volé, dont il ne songe même pas à profiter... un mobile d'ordre plus philosophique nous est peu à peu révélé : Rasolnikov défend l'idée de l'existence, dans le monde, de deux sortes d'hommes. Le rôle des premiers, "matériaux ordinaires", individus passifs et soumis, serait purement biologique, consistant à perpétuer l'espèce. Les seconds, beaucoup plus rares, seraient des hommes exceptionnels, voués à faire progresser l'humanité. Ils seraient ainsi autorisés, au nom de ce progrès, à se placer au-dessus des lois, indispensables certes, mais édictées par et pour des êtres médiocres. Qu'importe la mort d'un petit nombre, provoqué par ces individus d'exception, si elle permet par ailleurs de grandioses réalisations, des avancées notables pour la société dans son ensemble ?
Rodion Raskolnikov s'est cru de ce nombre... En éliminant ce "pou" que représentait la vieille prêteuse sur gages, il s'est imaginé accomplir une action noble et salutaire.
Et il est probable que ce qui le bouleverse le plus, c'est de réaliser que sa réaction suite au crime va à l'encontre de son illusion. Il est faible, son acte l'a rendu malade, ses émotions ont pris le dessus sur la rhétorique : c'est sans doute qu'il n'est finalement qu'un individu comme les autres, commun et pitoyable...
Au-delà de l'intérêt que présentent les circonvolutions psychologiques du héros, "Crime et châtiment" est un récit passionnant, par le jeu du chat et de la souris auquel jouent Rodion, bien malgré lui, et d'autres protagonistes, tels le juge Porphyre Pétrovitch ou encore l'étrange et pervers Svidrigaïlov, qui poursuit Dounia de ses assiduités. Car s'il n'est jamais vraiment mentionné dans les échanges entre les personnages, le crime est omniprésent, par le truchement d'allusions, de regards qui se veulent tacites, de soupçons chuchotés du bout des lèvres...
Face au gouffre intérieur qui agite et torture le héros, quelques belles figures opposent leur sens de l'abnégation, leur sollicitude et leur optimisme. Je pense notamment à la jeune Sonia, douce et timide, qui se prostitue pour permettre à sa famille de se nourrir, ou au joyeux Dimitri Prokovitch Razoumikhine, l'ami fidèle et dévoué toujours présent pour Rodion, malgré l’irascibilité de ce dernier.
Comme si l'auteur avait voulu lui prouver que c'est finalement parmi les êtres ordinaires que l'on trouve les plus belles âmes...
Ne vous laissez pas intimider par l'aura que dégage "Crime et châtiment"... Ce monument de la littérature est aussi un roman passionnant et accessible !
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[Crime et châtiment | Fédor Dostoïevski, Jean-Louis Back...] |
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Automnale
Sexe: Inscrit le: 30 Oct 2007 Messages: 576 Localisation: Montigny le bretonneux
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Posté: Sam 10 Déc 2011 18:19
Sujet du message: [Crime et châtiment | Fédor Dostoïevski, Jean-Louis Back...]
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Une écriture imagée, des dialogues riches, des rebondissements, des personnages accablés, un roman très vivant et prenant.
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[Crime et châtiment | Fédor Dostoïevski] |
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Message |
Kundry
Sexe: Inscrit le: 30 Juil 2008 Messages: 400 Localisation: Yvelines
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Posté: Jeu 23 Sep 2010 12:56
Sujet du message: [Crime et châtiment | Fédor Dostoïevski]
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Commentaires : 4 >> |
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Raskolnikov, étudiant issue d'une famille noble et désargentée, décide d'assassiner une prêteuse sur gage - et ce pour des motifs obscurs (prendre son argent? mettre à l'épreuve son courage et sa détermination? se prouver qu'il fait partie des "grands de ce monde" à l'instar de Napoléon? parce qu'il déteste la bassesse humaine de cette prêteuse sur gages indigne de vivre? parce qu'il est fou?).
La suite du roman s'étend longement sur les états d'âmes de Raskolnikov, son sentiment de culpabilité, et la recherche précise des motifs qui ont conduit au meurtre. Se greffent à cela des histoires annexes (sans grand rapport avec la choucroute selon moi): celle de sa soeur et de son fiancé, celle de son ami Razoumikhine, celle de la famille Marmeladov, celle du juge Petrovitch, etc.
Comme le titre l'indique, suit un châtiment. Toutefois, contrairement à ce qui a été dit dans une note précédente, la fin ne consitute pas pour moi un châtiment mais une rédemption. En fait, c'est la tempête intérieure qui secoue Raskolnikov pendant tout le livre qui consitute selon moi le châtiment.
Ce livre m'a laissé complètement indifférente. L'histoire n'est pas inintéressante - mais je ne suis pas parvenue à me passionner pour le cheminement intérieur du "héros". En fait, il me semble tout simplement complètement bête, et ses actes totalement irrationnels. Comme ceux de tous les autres personnages d'ailleurs - pourquoi diable Razoumikhine se met-il soudain à tout faire pour aider Raskolnikov, qu'il connaît à peine?
Peut-être faut-il une meilleure connaissance de la société russe de cette époque pour apprécier le livre. Je pense être passée à côté de nombreuses références et critiques sociales. Ainsi, le fiancé de la soeur de Raskolnikov, un homme fat et imbû de sa personne, est décrit comme étant un "homme positif". Or dans une nouvelle de Tourgueniev que j'ai lue récemment, un homme de caractère semblable se définissait également comme étant un "homme positif". A qui cela fait-il référence? A un courant de pensée? A un mouvement politique libéral? Mystère...
Plus généralement, je pense que ce classique a bien plus mal vieilli que d'autres comme Madame Bovary ou Le rouge et le noir. En effet, je suis incapable de rattacher Raskolnikov à un être pouvant exister actuellement. Alors que Emma Bovary et Julien Sorel me semblent être restés des caractères intemporels.
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[Crime et chatiment.1. | Fédor Dostoïevski] |
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Message |
Pasdel
Sexe: Inscrit le: 10 Avr 2009 Messages: 10 Localisation: Bruay Labuissière
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Posté: Sam 11 Avr 2009 18:11
Sujet du message: [Crime et chatiment.1. | Fédor Dostoïevski]
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Raskolnikov nous entraîne dans ses certitudes, ses pensées. La Russie du 19è siècle, qui tente de s'occidentaliser, de s'intellectualiser, mais qui conserve ses racines populaires, ses croyances populaires, c'est l'oeuvre de Dostoïevski. Ce premier tome axé sur Raskolnikov nous ouvre les portes de ce monde plein de contradictions où les personnages se croisent, se choquent, se perdent peu à peu. Cette vieille femme qu'on assassine c'est la Russie que l'on tue!
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[CRIME ET CHATIMENT. | Fédor Dostoïevski] |
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Message |
amelie
Sexe: Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 22 Localisation: Paris
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Posté: Mer 14 Mar 2007 21:31
Sujet du message: [CRIME ET CHATIMENT. | Fédor Dostoïevski]
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très impressionant. Dostoievski est très novateur par rapport aux auteurs français de la même époque (monologues, longs récits de rêve...). LE déroulement du récit est aussi assez peu conventionnel et assez surprenant, et déroute les idées à priori que le titre implique. Le crime intervient très tôt, et le jugement très tard, ce qui laisse le temps au développement d'un état de flottement et de stupeur du personnage, que je n'attendais pas du tout et qui est brillant.
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[Crime et châtiment | Fedor Mikhailovitch Dostoïesvski] |
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Message |
kalistina
Sexe: Inscrit le: 29 Avr 2006 Messages: 620 Localisation: marseille
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Posté: Mar 08 Aoû 2006 19:40
Sujet du message: [Crime et châtiment | Fedor Mikhailovitch Dostoïesvski]
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Un homme extraordinaire a-t-il le droit de tuer une repoussante vieille usurière afin de pouvoir, par ce crime, améliorer le sort de l'humanité ?
Voilà un roman tragique, où les héros sont de vrais torturés du bulbe made in XIXe siècle… Dostoïevski nous dépeint l’âme humaine, les interrogations sans fin de Raskolnikov, c’est vrai que c’est une prouesse dans l’analyse psychologique. J’ai mis un certain temps à le lire, et je n’arrivais pas à le lire seul, sans un autre ouvrage en parallèle ; je pense que c’est dû justement à l’intensité des réflexions qu’il suscite. Il n’y a pas de complaisance, Dostoïevski ne nous laisse pas de répit, c’est en permanence que Raskolnikov se livre à l’introspection. C’est vrai que c’est ardu, mais je ne regrette pas de l’avoir lu, c’est vraiment plein de talent.
ATTENTION SPOILER
– j’ai été surprise par la fin, je ne m’attendais pas à cette « rédemption par l’amour », j’ai cru pendant un bon moment de la lecture qu’il n’y avait plus d’espérance ni de foi dans l’ouvrage. - FIN SPOILER
Outre les interrogations métaphysiques que peut susciter « crime et châtiment », je me suis aussi posé une question toute pragmatique : pourquoi les russes ont-ils trois noms ? Qu’est-ce que c’est que le deuxième, qui finit toujours en « itch » ou « ytch » ?
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