Joli conte, sensible et original, plein de poésie.

C'est une merveilleuse version actuelle du Petit Poucet. Chaque personnage, adulte ou enfant, raconte une partie de l'histoire à sa manière. Le début est effrayant, comme dans le conte, la fin est assez triste, mais quand même très belle. J'ai trouvé cette histoire très émouvante et je la conseillerai à tout adolescent aimant encore les contes.

le héro c'est Yann Doutreleau, « grande poupée aux mains de bébé, dix ans, quatre-vingts centimètres, bout de chou avec une gravité d’adulte autour des yeux et de la bouche ». Puiné d'une famille de 7 enfants, faisant suite à 3 paires de jumeaux, issus d'une famille de fermier pauvre. Le voilà qui une nuit entraine ces frères dans une fuite éperdue vers l'océan : Le père Doutreleau n'a plus d'argent et veut les tuer.

Dans ce Petit Poucet revisité, chacun raconte un peu sa version. l'assistante sociale ouvre le bal en ramenant le petit Doutreleau chez lui. Puis viens le camionneur qui les prend en stop, la boulangère qui leur donne du pain, beaucoup de témoins et aussi à tour de rôle le témoignage de l'un ou l'autre des jumeaux.

Jusqu'où pourront aller les enfants ?

j'ai très envie de vous en dire plus, mais le mieux c'est de le lire.
Bien écrit, plein d'émotions mais aussi d'humour.
Un très beau roman initiatique !

Version modernisée du Petit Poucet de Charles Perrault (1697), l’enfant Océan de Jean-Claude Mourlevat s’appelle Yann Doutreleau, « grande poupée aux mains de bébé, dix ans, quatre-vingts centimètres, bout de chou avec une gravité d’adulte autour des yeux et de la bouche ». Septième enfant né dans une famille de fermiers pauvres, il va entraîner dans une marche initiatique ses six frères. L’histoire est polyphonique. Chaque témoignage fait avancer le périple des enfants vers l’océan Atlantique. Nathalie Josse, assistante sociale, ouvre le bal des errants. Les récits de la famille Doutreleau s’enchaînent, entrecoupés par ceux de Daniel Sanz, chauffeur routier, Jean-Michel Heycken, écrivain, Agathe Merle, Michèle Moulin, boulangère : « Ma seule consolation c’est de savoir qu’il a sans doute mangé un peu de mon pain, ce petit, et que je l’avais donné de bon cœur », Dominique Etcheverry, gendarme et Pascal Josse, mécanicien et mari de Nathalie qui fait la synthèse de la première partie du roman et comprend la source de l’erreur du petit Yann. Le père Doutreleau a parlé de tuer les sept chats qui venaient de naître et non ses sept enfants. La deuxième partie est placée sous le signe de l’ogre. Valérie Massemba, étudiante, Emile Ducroq, épicier, Thierry Viard, chômeur ajoutent leurs visions de l’histoire. Celle de Gilles Faivre, 52 ans, industriel, est hallucinante : « On m’accuse de cruauté. Je crois rêver ». A la fin du livre, les récits se précipitent, brefs, incisifs, haletants. Le récit de Yann vient clore cette fugue majeure. Jean Martinière, officier pont, amène l’ouverture finale : « Un gosse comme ça, il me prend par le bout du nez et il m’emmène où il veut ». « …le ciel était immense. Le bateau filait à bonne allure. Plein ouest. »
La narration a plusieurs voix est originale et intéressante. Elle rappelle que le conte est de tradition orale et que chacun se l'approprie à travers son propre récit. Toutefois, le procédé, en multipliant les points de vue, disperse l'attention du lecteur, émiette son sentiment d'empathie.