Tarzan part en expédition avec ses amis fidèles, les guerriers Waziri menés par Basuli, vers l’antique cité d’Opar. La ville en ruine des Atlantes regorge d’or et de joyaux mais les descendants mâles ont muté, devenant laids et stupides, plus proches du singe que de l’homme alors que les femmes ont conservé une beauté aristocratique. Elles détiennent le pouvoir, notamment la grande prêtresse La, toujours amoureuse de Tarzan mais prête à l’immoler sur l’autel sacrificiel. Tarzan n’aime pas La, là ! Na, et ARRRRGH ! Tarzan veut se refaire une santé financière et quelques lingots d’or d’Opar pourraient le renflouer sans vraiment ruiner la cité qui ne sait plus ce que vaut d’or. Tarzan n’est pas avide. Il a son plan. Chaque guerrier portera deux lingots. Comme il a cinquante guerriers à charger, Lord Greystoke a de quoi voir venir. Justement, alors que la rapine a été promptement exécutée, un mini tremblement de terre fait effondrer quelques blocs de pierre, obstruant l’accès dérobé et assommant Tarzan, le rendant amnésique au passage. Il n’a rien vu venir sur ce mauvais coup-là. Quand Tarzan reprend ses esprits dans l’antre d’Opar, il erre et tombe accidentellement sur des joyaux vomis d’un coffre malmené par le séisme. L’homme singe est donné pour mort par les Waziri et surtout il ne se rappelle rien de son passé proche mais les cailloux brillants lui font dire : « Tu tu ! » [traduit du langage des grands singes en parler vernaculaire, cela donne : « C’est beau ! C’est beau ! »]. Ainsi Werper, un aventurier belge que Tarzan a hébergé dans son bungalow, l’a suivi et, cupide, n’a plus que le désir de s’enrichir par tous les moyens au regard des richesses fabuleuses. Ses fourberies de chacal vont donner du fil à retordre à bien des hyènes. Entre-temps, la demeure de Tarzan a été razzié et incendié par des Arabes métis cornaqués par Achmet Zek. Jane est kidnappé. La rançon escomptée est suffisante pour tout mettre à feu et à sang.
Les éditions Soleil continuent leur excellent travail d’exhumation d’un grand auteur américain de bédé aujourd’hui tombé aux oubliettes, Russ Manning (1929-1981). Toutefois, l’éditeur devrait corriger quelques imperfections à savoir, par exemple, qu’il n’est pas le premier à publier en France cette aventure. Tarzan et les joyaux d’Opar est paru dans la revue Tarzan mensuel, n° 3 et 4 de 1968 puis réédité dans Super Tarzan, n° 14 et 15 de 1975/76 avec des couvertures splendidement dessinées et définitivement inoubliables. Ensuite quelques vilaines fautes d’orthographe minent le beau travail éditorial de restauration. Enfin, il est ridicule de faire apparaître dans une bulle le mot « gémissement » quand Jane, prisonnière, émet des sons plaintifs. Ce procédé stupide revient plusieurs fois. Si le volume 1 comptait 102 pages, le volume 2 en possèdent 75, soit 27 pages de moins pour un prix identique. Toutefois, ces menus détails de pinailleur ne peuvent pas escamoter le grand plaisir de lecture. Bien que l’histoire soit naïve, manichéenne, édulcorée par rapport au roman originel de Burroughs, le dessin de Manning est ailé, aérien et justifie à lui seul de s’immerger dans le monde mythique de Tarzan. Une cure de jouvence n’a pas de prix.
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