Une montée en puissance de l'intensité dramatique progressive, bien dosée avec une fin... brutale. Ce livre, comme le dit rivax tient de i.robot et de Terminator. S'il pose la question de la place et des droits des "objets intelligents" dans la société, il évite le piège de la règle d'or que l'on voit souvent dans les livres de S-F "Le robot ne doit pas agresser l'humain".
J'ai bien aimé la description des tourments du premier Alpha et de ses espoirs.

Voici un roman complexe, symbolique et annonciateur de toute un pan de la SF moderne

Nous sommes en 2300 (en gros) et la Terre s'est lentement dépeuplée. Des lois eugénistes ont permis de faire le tri entre individus et seuls les 'utiles' ou 'intelligents' ont eu le droit de procréer. Pour pallier à la raréfaction de la main d'œuvre, ils se sont dotés d'androïdes. Ces humains de synthèse, nés de la cuve, n'ont que peu de différences avec l'homme (ils sont imberbes, ont la peau rouge, sont stériles et surtout très supérieurs physiquement et intellectuellement à l'humain moyen). Ils sont classés en trois catégories : gamma, bêta et alpha en fonction de leur QI.
La population androïde est plusieurs fois supérieur à la population humaine et des mouvements d'émancipation politiques et religieux se multiplient...
Pendant ce temps, le créateur des humanoïdes, un magnat du nom de Krug, dépense sans compter pour faire aboutir un projet de communication avec les extra-terrestres. Il a entrepris un titanesque chantier de construction d'une tour de verre de 1500 mètres de haut qui permettra de communiquer rapidement avec des galaxies lointaines.
Obnubilé par sa tour, Krug ne prête pas attention à son entourage androïde qui a fait de Krug le Dieu d'une religion qui devrait aboutir vers leur émancipation. Les androïdes pensent que leur père, tel le Dieu chrétien, les soumets à des épreuves pour tester leur foi et devrait, un jour, les accompagner sur la voie de l'accession au statut d'humains à part entière.

Il y a donc ce démiurge qui construit sa tour de Babel pour communiquer avec les extra-terrestres et qui ne se rend pas compte que sur Terre, il est déjà divinisé par un peuple qui en fait son berger.
Il y a ces interrogations sur la différence, le statut des humanoïdes (homme ou objet?) et une réflexion sur l'aboutissement de la technologie (le jour où l'homme aura tout appris à la machine, la machine n'aura plus besoin de l'homme pour vivre).

C'est un roman qui ouvre la voie à bien des séquelles (Terminator, 2001, I.Robot...) mais dans lequel les androïdes ne sont pas en conflit ouvert avec l'homme, ils ne veulent pas le remplacer mais seulement être considérés comme des êtres vivants et non des objets.

Magistral