Plus qu'une analyse de la guerre d'indépendance d'Espagne, j'ai l'impression d'avoir assisté à l'étalage d'une somme des travaux de précédents historiographes : près d'un tiers du livre est composé d'annexes, d'annotations, et quant au texte lui-même il foisonne de citations entre guillemets...
C'est peut être un excellent livre pour quelqu'un voulant poursuivre une analyse de cet épisode napoléonien. L'approche par grands thèmes se fait au large détriment de l'aspect chronologique, ce qui est un manque pour une période aussi courte et aussi dense. De plus, j'ai trouvé les énumérations (forcément partielles) particulièrement ennuyeuses et sans grand intérêt. Je préfère de loin le style plus vivant d'autres historiens comme René Nelli

Lorsque l'on évoque la période Napoléonienne l'on pense, de manière un peu automatique, à des images d'Epinal comme le pont d'Arcole, Austerlitz,l'entrevue de Tilsitt,Wagram...Joséphine, Marie-Louise...la famille corse envahissante... toutes choses que des historiens scrupuleux et talentueux (je pense à Max Gallo, Jean Tulard...) ont excellemment décrites. Mais dans la Geste napoléonienne l'épisode dit "de la guerre d'Espagne" est souvent escamoté,survolé,passé par pertes et profit...

L'empereur qui voyait dans la perfide Albion son principal ennemi, n'avait de cesse de lui interdire tout commerce avec le continent ; le blocus continental devait mettre l'Angleterre à genoux. C'était sans compter sur la péninsule ibérique et plus particulièrement sur le Portugal qu'une longue tradition d'échanges commerciaux avec l'Angleterre incitait à rester dans la mouvance anglaise. Dans ses délires géopolitiques Napoléon décida d'envahir le Portugal puis l'Espagne afin de mettre la main sur les ports et ruiner ainsi le commerce anglais, et dans l'opportunité offerte, de mettre son frère Joseph sur le trône d'Espagne en destituant le Bourbon Ferdinand VII que Talleyrand se fera un plaisir d'accueullir quelque temps à Valençay...

Jean-Noël Brégeon donne là un bon livre d'Histoire (d'histoires...!) , où l'on voit l'aveuglement de l'empereur, la cupidité et l'incompétence de ses maréchaux, l'impréparation des campagnes (aucune carte d'Espagne, sauf Mortier qui se déplaçait toujours avec son coffre de cartes et dont ses collègues se moquaient...). Et aussi la cruauté, la violence...des deux côtés...
L'on voit aussi le roi Joseph et sa cour de courtisans. Un roi certainement sincèrement désireux d'améliorer le sort du peuple mais complètement ignorant des ressorts de l'âme espagnole. Car cette guerre dite "d'Espagne" pour les français est avant tout "guerre de libération" pour les espagnols. Commencement de la fin pour Napoléon cette guerre de six ans est un moment "clef" de l'histoire de l'Espagne ; élaboration de la constitution de Cadix entre autre...que Ferdinand VII revenu sur le trône s'empressera d'entérrer...! mais c'est là une autre histoire...