Est-ce que les mains brûlées de l’inspecteur John Rebus vont rester couvertes de cicatrices ? Son adjointe, le sergent Siobhan Clarke, l’a rejoint près de son lit d’hôpital pour lui parler de la tuerie dans une école privée de South Queensferry, petite ville côtière au nord d’Edimbourg, deux lycéens morts, un blessé et le tireur, un ancien militaire, s’était suicidé sur le lieu du massacre mais elle fixe les mains bandées de l’inspecteur. Parallèlement, un truand qui harcelait le sergent Clarke est retrouvé carbonisé dans l’incendie de son appartement. Or, l’inspecteur Rebus a été vu en sa compagnie peu de temps avant son décès. Rebus demeure très évasif quant à ses brûlures. Il ne peut toutefois échapper à une enquête interne de la police écossaise et il est suspendu de ses fonctions. Mort, le malfrat semble renaître de ses cendres puisque le harcèlement reprend et Shiobhan reçoit à nouveau des mots anonymes. La police militaire enquête aussi, parallèlement à la tuerie, sur le passé du tueur. Pour couronner cette triple intrigue, une des victimes du massacre de South Queensferry appartient à la famille de John Rebus. Des pans de son passé vont s’entrouvrir et laisser filtrer un peu plus de pâte humaine, rendant l’inspecteur Rebus plus incarné, humain et sympathique. Il lui faudra d’ailleurs de la présence et de l’esprit, les deux conjugués, pour s’extirper d’un haussement d’épaules du traquenard qui se resserre et des liens du sang qui pourraient l’entraver. Heureusement, le sergent Clarke n’est pas un faire-valoir, un boulet ou une potiche. Elle assure aussi une présence indispensable. Le lecteur peut légitimement penser que Siobhan pourrait prendre la relève de l’inspecteur maintenant tout proche de la retraite.
Bâti sur de multiples dialogues où néanmoins le laconisme prévaut, la 14e aventure de Rebus palpite au rythme de la cité écossaise. Plus qu’une toile de fond, la ville instille une vraie présence et laisse remonter de ses bas-fonds une violence aveugle, fulgurante et incontrôlable, à l’image des « garçons perdus », prêts à ‘caillasser’ quiconque s’aventurant sur leur territoire. Dans un autre registre, James Bell, le fils du politicien corrompu Jack Bell, seul rescapé du massacre de South Queensferry, semble hanté par une monstruosité abyssale et glaçante.
Est-ce qu’il est toujours possible d’esquiver la gigue du chaos d’un simple haussement d’épaules ?