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Les notes de lectures recherchées

3 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (2 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : afrique, espionnage, histoire

[Mais le fleuve tuera l'homme blanc | Besson Patrick]
Auteur    Message
onaris




Inscrit le: 28 Fév 2009
Messages: 1451
Localisation: Occitanie

Posté: Mar 25 Oct 2011 7:09
MessageSujet du message: [Mais le fleuve tuera l'homme blanc | Besson Patrick]
Commentaires : 0 >>

Un livre étrange et déroutant. J'aime bien les prises de position de l'auteur parfois à contre-poil des opinions distillées dans les journaux, sa mise en lumière des causes du génocide des tutsis rwandais d'avril 1994.
J'aime aussi les romans où les mêmes faits (il s'agit aussi d'un roman d'espionnage) sont présentés à travers le regards de plusieurs protagonistes. Mais les identités multiples endossées par ces (ex-)espions (l'un des narrateurs s'appelle-t-il Christophe ou Adrien ?) sont perturbantes ainsi que le fait qu'à chaque nouveau chapitre le narrateur ou la narratrice change... ou pas !
Le style est aussi à souligner, très imagé, ainsi que la forme surprenante où les dialogues s'insèrent dans les paragraphes, précédés d'un tiret mais sans retour à la ligne.
Un livre que je relirai avec plaisir, même en connaissant sa fin.
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[Mais le fleuve tuera l'homme blanc | Patrick Besson]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Lun 02 Aoû 2010 11:29
MessageSujet du message: [Mais le fleuve tuera l'homme blanc | Patrick Besson]
Commentaires : 0 >>

Un quadragénaire français ingénieur dans le pétrole,
une ex-espionne de la DGSE sur le retour,
une étudiante congolaise spécialisée dans la philosophie kantienne,
un prêtre rwandais génocidaire...
une japonaise "bleue"...
... et ceci n'est qu'un échantillon de la palette de personnages que vous croiserez dans le roman de Patrick Besson, "Mais le fleuve tuera l'homme blanc", qui a pour cadre le Congo de ces années 2000, mais pas seulement, puisque les événements qui en constituent la trame puisent leurs origines dans certains des épisodes qui ont marqué l'histoire de l'Afrique centrale au cours des trois dernières décennies.

Je dois avouer avoir eu au départ un peu de mal à m'immerger dans ce récit, en raison de la personnalité de son premier narrateur (le pétrolier français), qui se présente dans un premier temps comme un homme plutôt insipide...
Puis d'autres protagonistes prennent à leur tour la parole, chacun apportant sa contribution à l'élaboration de l'intrigue qui prend peu à peu tout son sens. Et il arrive un moment où le récit vous happe, à partir duquel il devient difficile de lâcher ce qui est à la fois un roman d'espionnage, un thriller politico-historique, et la relation de drames personnels.

Ah, j'ai oublié dans ma liste le personnage principal de "Mais le fleuve tuera l'homme blanc"... c'est l'Afrique, une Afrique grouillante, caniculaire, sexuelle, dont Patrick Besson donne une image de carrefour du monde, où se retrouvent tous ceux qui, de par tous les continents, recherchent l'aventure, le profit et le pouvoir faciles, qui devient ainsi le théâtre d'intrigues et de manipulations politico économiques au relent de soufre.
Une Afrique misérable et violente aussi, où l'on s'entretue, et où l'on a peu de chances d'atteindre l'âge adulte sans avoir contracter au mieux le paludisme, au pire le sida.

Ce qui à mon avis fait la principale force de cet ouvrage est la maîtrise avec laquelle Patrick Besson construit son récit. A aucun moment je ne m'y suis sentie perdue, en dépit d'un contexte à composantes multiples, de la diversité des nombreux protagonistes, qui deviennent même des atouts du roman. Ils permettent en effet à l'auteur de porter sur les événements décrits différents regards, de les enrichir de points de vue parfois opposés, selon l'interlocuteur qui les commente, qui peut être tour à tour noir ou blanc, riche ou pauvre, hutu ou tutsi... victimes et bourreaux échangeant à certains moments leurs rôles.
L'ensemble est empreint d'un cynisme désabusé, fustigeant l'hypocrisie des responsables politiques européens successifs (notamment français) qui dans cette Afrique post-coloniale continuent d'exercer, grâce à leur puissance économique, une influence intéressée, déplorant également la mainmise sur les richesses africaines de toutes les nations (américaines, et maintenant asiatiques, entre autres) qui continuent de faire du profit aux dépens de ce continent pauvre, avec l'appui de dictateurs locaux.


En conclusion, "Mais le fleuve tuera l'homme blanc" est une fiction d'autant plus passionnante qu'elle met en scène notre monde d'aujourd'hui, sur lequel l'auteur porte un regard certes personnel, mais néanmoins fort intéressant.
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[Mais le fleuve tuera l'homme blanc | Patrick Besson]
Auteur    Message
amiread1



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 16 Mar 2007
Messages: 812
Localisation: Chateaudun

Posté: Sam 28 Nov 2009 0:57
MessageSujet du message: [Mais le fleuve tuera l'homme blanc | Patrick Besson]
Commentaires : 0 >>

Difficile d'écrire , de commenter, un tel livre. L'on connait Patrick Besson pour ses prises de position "non politiquement correctes" , sa défense des Serbes entre autre, lors des guerres inter-ethniques de l'ex Yougoslavie. Son dernier livre ne sera pas porté à son crédit pas les bien pensants de tous bords qui sévissent dans 'l'humanitairement correct". Besson, à l'opposé de l'autre, le traître, jette sur l'Afrique un regard que nulle idéologie ne vient obstruer. Car le "héros" de ce livre c'est avant tout Ce continent mal aimé même si une foule de protagonistes grenouillent dans son antre.

L'axe du roman (roman si près d'un documentaire....) se situe dans la mémoire du génocide rwandais ; une ancienne barbouze de la DGSE, un cadre de Total, un rescapé Tutsi, un prêtre génocidaire Hutu, un ancien gauchiste reconverti dans la flagornerie et l'affairisme, une russe esseulée,une japonaise nympho, et même le président de la République du congo Denis Sassou N'Guesso, tous vont se retrouver sur la scène d'un théatre qui a pour nom Brazzaville et dont le metteur en scène s'appelle Patrick Besson. A ce propos je ne saurai trop conseiller aux futurs lecteurs de prévoir maints marque-pages afin de ne pas se perdre dans les multiples rebondissements et les retours "en arrière" nécéssaires à la construction de l'intrigue...
Il y a ,donc, l'intrigue qui mèle habilement politique , espionnage ,et affairisme très "françafrique", mais aussi, et c'est ce qui m'a le plus intérréssé, une description au scalpel de l'Afrique d'aujourd'hui. Besson ne convoque pas les grands sentiments et ne s'embarrasse pas de litotes pour nous donner à voir une Afrique angluée dans le mortifère. Sa description de Brazzaville et de Kinshasha n'aurait aucune chance de figurer dans le guide Michelin. Bidonvilles, misère,existence passée à subvenir aux besoins élémentaires,trottoirs défoncés, coupures d'éléctricité, quête d'un visa pour la France....chiens errants,drogue...
Et paradoxalemment, et Dieu sait si Besson est un spécialiste du paradoxe, cette vision d'une Afrique à vau l'eau décrite en des termes crus et objectifs , dénuée de tout jugement de valeur, sans "moraline", nous la rend terriblement proche, si proche que c'est celle que nous voyons aux actualités télévisées résumée à un naufrage au large de Gibraltar ou à une manifestation de sans-papiers. Cette Afrique "si mal partie" comme disait René Dumont est peuplée pourtant d'hommes et de femmes qui ne se réduisent pas à des entités pré-définies : Tessy, l'étudiante en philo violée treize fois par les "Cobra" de N'Guesso,Patrice "Pouchkine" métis de russe et de congolais peintre de génie, même Rwabango le prêtre Hutu assassin d'enfants , tous ont une histoire personelle qui ne se confond pas avec la Vulgate mondialisée de "l'Histoire africaine".
S'il est un enseignement que Patrick Besson nous martèle dans ce livre (comme dans d'autres...) c'est que rien n'est simple, simpliste même... l'Histoire n'a pas de fin, ni de dessein...Tout procède de longs cheminements , de rapports de forces amplifiès par le temps... pour aboutir à ce qu'écrivait Shakespeare (ou à peu près car ma mémoire est faillible!!!) : une histoire de fou racontée par un aveugle.


"L'Afrique noire est grise. Kin (Kinshasha) n'est pas une ville, c'est un cancer. Qui progresse. Prolifère.La ville en éperon telle une commanderie. Le ciel est blanc comme un linge :seule chose propre dans le paysage. Marchés populeux aux mille couleurs qui ne sont pas mille.Viandes fendues à la hache d'où décollent des mouches repues. "

L'équivalent de "Mais le fleuve tuera l'homme blanc" c'est, dans un autre genre, "Safari noir" de Paul Théroux.
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