vers 3 heures et demi du matin François Combe -un grand acteur parisien de plus de 50 ans ayant quitté la capitale après que sa femme l'ait délaissé pour un jeune godelureau de 21 ans- rencontre dans une boutique à saucisses une femme esseulée -Kay- et une attraction immédiate peu explicable se produit entre eux, de scotch en scotch, de cigarette en cigarette, Kay raconte sa vie riche d'hommes, de pays, de malheurs, François est jaloux de ses hommes et de ses péripéties de vie qu'il pense largement mensongères alors que cette femme même pas belle ne lui ait rien, ils marchent interminablement dans Manhattan, ils boivent encore des scotches dans des bars, les cigarettes s'enchaînent entre les lèvres rouges de Kay, elle parle toujours d'elle sans s'intéresser à lui, ils remarchent etc, Et finalement ils vont dans un hôtel et ils baisent... Simenon dans ce grand roman nous parle de la naissance d'une passion amoureuse entre deux êtres cabossés par les aléas d'une existence déjà bien remplie, avec son non-style vif, lapidaire, cru, aussi juste qu'une bouffée d'oxygène -et d'un naturel déconcertant- il suit les états d'âme de François qui passe du simple désir à l'Amour le plus total, avec de la paranoïa, de la jalousie, la crainte de la perdre, de se retrouver seul, totalement incompris des autres qui ne peuvent comprendre ce qu'il ressent pour cette femme qui a un passé, mâle, possessif et égoïste Mais il saura que c'est elle, qu'ils vont commencer une nouvelle vie pour le pire et pour le meilleur. Et en toile de fond New-York dans tous ses états. (Simenon transpose magnifiquement ici la rencontre avec sa seconde femme, une rencontre immédiate, charnelle et absolue ; je dis bien transpose car cela reste un roman puissant et rare -rien à voir avec une autobiographie ainsi que dans de nombreux livres où il s'inspire de sa réalité pour composer des oeuvres d'imagination-). Un grand livre d'une simplicité déconcertante. Je le conseille fortement.
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