Voyage au bout de la piste.
La fin poignante de Christopher McCandless (1968-1992) le 18 août, à l’âge de 24 ans, sur la piste Stampede, en Alaska, dans un bus désaffecté servant de refuge occasionnel, n’a pu que remuer les consciences planétaires, exciter l’imaginaire collectif tant la charge émotionnelle et symbolique rend l’odyssée du jeune Américain universelle et réactive le mythe du vagabond céleste. Une telle tragédie, dans le périmètre du parc national du Denali ne pouvait que passionner le journaliste et alpiniste Jon Krakauer, féru d’ascensions limites effectuées dans le nord de l’Amérique. La jeunesse et la radicalité d’Alex Supertramp (du nom que McCandless s’est choisi), son émancipation et sa solitude, ses références littéraires (Twain, Thoreau, Tolstoï et Jack London), sa détermination sans repentir, ses avancées sans retour en arrière, sa sociabilité sans attache, tout concourt à construire une figure légendaire à la démesure du continent, une errance rimbaldienne avec « rien que du blanc à songer » dans l’« embêtement blanc », passant le col enneigé du Saint-Gothard en Suisse, le Rimbaud piéton d’alors n’étant probablement pas mieux équipé qu’Alexandre le trimardeur d’aujourd’hui au cœur de l’Alaska. Jon Krakauer écrit d’abord un long article « Death of an Innocent » pour la revue de sport nature Outside en janvier 1993 puis il revient sur le sujet durant trois années afin d’étayer la biographie de Christopher McCandless. Le journaliste a su remonter aux sources, rencontrer les proches de Christopher, légitimes et occasionnels mais néanmoins déterminants, voir les lieux arpentés par le vagabond lettré. La personnalité, l’humeur, les motivations s’ébauchent, se précisent à mesure que les témoignages s’assemblent et se complètent. Le portrait est brossé à partir de cartes postales, d’annotations, de souvenirs. Il se caractérise par le mouvement et l’action, de l’extérieur, sans analyse introspective. En croisant le cheminement de McCandless avec d’autres aventuriers, une trajectoire plus large se dessine, insérant le jeune homme dans une constellation aimantée qui transcende les époques. Chris McCandless aurait dû aller au-delà des routes goudronnées, des pistes défoncées, des carcasses abandonnées, emprunter des pistes intérieures, aller à pied sur tous les chemins du monde et en rendre compte. Avec la disparition prématurée d’un aristocrate de la route, Gaïa a probablement perdu un de ses hérauts.

Krakaeur a le même ton que dans Tragédie à l'Everest : journalistique, concis, à la recherche de la vérité. Le récit du parcours de Chris McCandless à travers les Etats-Unis et jusqu'en Alaska où il a été retrouvé mort dans un autobus est ponctué de questionnements, d'hypothèses, l'histoire se reconstruit au fur et à mesure; on est finalement assez éloigné du récit linéaire et romancé proposé dans la version cinématographique de Sean Penn. Mais la quête de sens, et surtout de vérité, quitte à admettre qu'il n'y a pas de sens possible, propre à Krakauer, a une force particulière.

Cf. note de lecture sur mon blog : http://aufildesimages.canalblog.com/archives/2012/07/28/24792597.html

Après avoir vu le film de Sean Penn, j'ai souhaité en savoir plus sur les motivations de Chris McCandless en lisant ce livre dont le film est tiré.
Cet écrit est l'aboutissement de l'enquête qu'a réalisée Jon Krakauer à son sujet.
Il nous parle également d'autres personnages qui ont souhaité quitter une vie "sociale" pour se rapprocher de la nature, jusqu'à y laisser la vie.
Très intéressant et aussi émouvant que le film.

J'avais adoré le film, l'histoire émouvante de cette aventure de communion avec la nature mais aussi de touchantes rencontres. Le livre donne plus de détails, notamment sur les idéaux de Chris et les lectures qui l'ont influencé. On découvre aussi les réactions de différentes personnes suite à la publication de cette histoire, certains jugeant ce garçon stupide et incompétent, d'autres (particulièrement ceux qu'il a rencontrés durant son périple) louant son caractère attachant, sa vivacité, son intelligence. L’auteur nous parle également d’autres jeunes gens, à d’autres époques, qui, comme Chris, sont partis « into the wild » pour fuir la société et apprendre à se connaître et à connaître la nature.

Par contre, j’ai trouvé que le livre manquait de cohérence, avec des aller-retour entre les périodes et des histoires qui cassent un peu le fil principal (comme ces deux chapitres où l’auteur raconte sa propre aventure à la conquête d’un glacier). De plus, on ne retrouve pas l’intensité ni la poésie du film.

Jon Krakauer a enquêté sur la mort de Christopher MCCandless mort en Alaska après un périple de 2 ans dans l'ouest américain. Il en profite pour relater d'autres aventures humaines dont son propre défi, escalader la face Nord d'une montagne en Alaska, appelée le "Devils Thumb". Pour étayer son récit, Jon Krakauer a rencontré les personnes qui ont croisé la route de Alex Supertramp (le nom que s'était choisi Christopher). Il nous laisse à penser que Alex était un jeune homme idéaliste mais qui serait certainement revenu dans le monde des hommes si la nature ne lui avait pas joué un tour fatal. Dans le livre du "Docteur Jivago" que l'on trouva près de lui, Alex avait souligné des passages sur le bonheur et ajouté: " Le bonheur n'est vrai que quand il est partagé".

Je suis relativement étonné d'être le premier à parler de ce livre sur l'Agora, j'espère ne pas rester longtemps à être le seul à l'avoir lu pour avoir vos impressions.

Et si on laissait tout tomber ?
Études, boulot, famille, train-train de la vie quotidienne ... si on remplaçait tout ça par une vie d'aventure, en solitaire pour se rapprocher de la nature...

C'est ce qu'a fait Christopher McCandless au début des années 90 aux Etats-Unis après un long périple fait de haut et de bas, de quelques rencontres, il se retrouve en Alaska au pied du Mont Mc Kinley, coupé de tout, ... , jusqu'à sa mort !
Si ce fait divers n'a pas eut de résonance en France à l'époque, aux Etats-Unis l'histoire de ce jeune hommes a suscité beaucoup d'émotion, tout d'abord de la part d'idéalistes qui en firent un héros, mais aussi de la part de ses opposants lui reprochant son inconscience, son manque de préparation à la survie en milieu naturel, voir même sa lâcheté d'avoir abandonné sa famille.

Jon Krakauer, journaliste a enquêté sur la mort de Christopher McCandless, en allant rencontrer sa famille, puis en suivant sa trace à travers son périple et en rencontrant les personnes qu'il a pu croiser sur son chemin. Tous en gardent un souvenir très fort.
Ce livre a récemment été adapté au cinéma par Sean Penn, je trouve le livre plus nuancé que le film, après chacun peut se faire son opinion sur le court destin de Christopher McCandless, et justement, je trouve que le livre nous laisse plus le choix de la reflexion.

Même si je comprends la démarche de Christopher, j'ai quand même beaucoup de mal à cautionner ses actions. Couper les ponts comme cela avec sa famille me semble être totalement dénué d'humanité d'autant plus pour quelqu'un qui se pose comme un grand donneur de leçon, et peut être, est-ce là la pire de ses tares : de trop réfléchir ! en effet il se rend compte malheureusement un peu trop tard que le bonheur ne vaut que s'il est partagé ...

enfin voilà, ce n'est que mon avis.

ps : j'ai hésité quant à l'emplacement de cette fiche de lecture. Le fait que ce livre soit fortement marqué par son aspect enquête journalistique et réflexion sur la vie me pousse à l'insérer dans "essais-documents", mais j'ai conscience que ça se discute, merci aux admins de la déplacer au cas où mon choix n'aurait pas été le plus judicieux.