Un bon livre d'Ivan Bounine qui retrace son enfance et son adolescence dans la Russie pré-bolchévique d'Alexandre III. Arseniev c'est Bounine même si l'auteur s'en dédit... Toute la Russie mythique du Tchékov de la "Steppe" est présente dans ce roman d'apprentissage ; les aristocrates décatis (le père d'Arséniev), les popes, les fonctionnaires omniprésents et omnipotents, les jeunes étudiants (es) amourachés des idées neuves,autant dire du bolchévisme, les paysans madrés, et puis autre élément incontournable la steppe russe , infinie et si diverse ,personnage à part entière du roman. Bounine, et il ne s'en cache pas est un réactionnaire, sa famille est issue de l'aristocratie, il condescent a jeter un regard de compassion sur le vieux moujik à son service mais considère que Dieu ,dans son plan divin, a fait les riches , riches, et les pauvres,pauvres.
Cependant gardons nous (nous humains du 21e siècle qui avons vu, ou entendu parler,ou constaté avec horreur..les effroyables tragédies perpétuées tout au long du 20e), gardons nous d'émèttre une fatwa bien pensante sur ce roman autobiographique. Car ,nobobstant ses considérations un tantinet réactionnaires (et alors ?), Bounine (prix Nobel 33 quand même), développe un univers poètique à la mesure des paysages russes ; apologie de la Nature, de la Vie,descriptions somptueuses et irréniques des multiples changements de la steppe russe... et toujours ,planant sur cet océan de plénitude, l'ombre de la mort,de la décrépitude....
Arséniev-Bounine a su très tôt que l'époque qui l"a vu naître était condamnée ; la déliquescence des institutions, l'irrésolution des élites,le désenchantement des masses paysannes ne pouvaient qu'aboutir a ce que nous connaissons de l'histoire russe.
Bounine émigra,comme tant d'autres, et la France (celle de l'époque...) lui ouvrit les bras....
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