Si j'ai lu ce livre, c'est à la note de lecture d'un autre Agorien (maroni) que je le dois. Un pavé de près de 900 pages. Une biographie sans un seul discours (alors que j'aime bien les versions romancée avec des discours reconstitués). Et je ne le regrette pas !
Le style est clair, fluide, précis : on dirait un cours d'Histoire, vraiment captivant.
D'origine italienne et roturière, Mazarin grandit près des serviteurs du Pape avant de se voir confier une mission par lui auprès du cardinal de Richelieu. Celui-ci appréciera ses qualités, le prendra à son service et, à sa mort qui sera suivie de près de celle de Louis XIII, il aura fait de Mazarin le parrain du futur Louis XIV, encore un enfant.
Commence alors la Régence d'Anne d'Autriche qui se liera d'une amitié chaste et profonde avec lui et, tous deux, affronteront la Fronde du Parlement et celle des nobles. Au terme de sa vie, le cardinal Mazarin, travailleur acharné, intelligent et plein d'humanité, mais aussi gros joueur et "promettant beaucoup" à ses alliés, aura ramené enfin la paix en Europe avec le mariage du "Confident" et de Marie-Thérèse, fille du roi d'Espagne.

Très clair, très prenant, très précis. C'est un voyage dans le temps auquel nous convie Simone Bertière. Laquelle avance en étayant rigoureusement ses assertions par des preuves irréfutables. Sa thèse centrale est que Mazarin a été, bien plus que Richelieu, l'homme qui a fait passer la France de la féodalité à la modernité, au centralisme.
Un des plus grands hommes d'Etat que la Terre n'ait jamais porté, qui a été toute sa vie victime de xénophobie et de son extraction roturière.
Quant à l'argumentation concernant son infinie richesse à sa mort, S. Bert!ère n'absout pas le cardinal mais elle fournit une argumentation convaincante de ses causes (comme de ses conséquences).
Au final, près de 700 pages qu'on a peine à quitter. Et cerise sur le gâteau : un style agréable et une méthode qui laisse la main et permet au lecteur de réfléchir.