Guide des gréements. Petite encyclopédie des voiliers anciens / La rédaction du Chasse-marée. – Douarnenez : Le chasse-marée/ArMen, 1996. – 127 p. – ISBN 2-903708-64-9
La mer et la marine ont été mes passions pendant mes années de collège. J'ai d'ailleurs un certain nombre de livres, petits ou gros, achetés en brocante, qui attendent dans mon « fatras à lire » que je renoue avec cette passion. Ce petit ouvrage, lui aussi trouvé il y a peu dans une brocante, me permet de revenir à mes anciennes amours sans m'obliger à y consacrer trop de temps.
Collégien, je ne pouvais pas m'offrir ou me faire offrir de gros traités ou dictionnaires. C'est donc peu à peu, par recoupement, en passant d'un livre à l'autre, que j'ai dû m'initier aux termes de marine et en particulier à ceux qui désignent les divers gréements. Mes connaissances en la matière étaient restées malgré tout assez approximatives pour que même ce petit livre m'apporte des compléments intéressants. J'ai enfin une définition précise de ce qu'est une voile aurique. J'ai compris la différence entre un cotre et un sloup, un ketch et un yawl, un mât de tape-cul et un mât d'artimon. J'ai découvert ce qu'est une voile de paille-en-cul, j'ai compris la différence entre un foc et une trinquette.
Ceci dit, le sujet recèle des difficultés intrinsèques : à côté de tentatives « savantes » pour que les diverses désignations correspondent à des critères stables de classification, les appellations traditionnelles, différentes d'un port à un autre, font que ce qui est appelé cotre dans un port sera appelé sloup dans un autre. Autre difficulté : l'ingéniosité de nos ancêtres leur a fait mettre en œuvre presque une infinité de variantes, de sorte qu'on ne puisse quasiment pas dégager de règles qui ne connaissent des exceptions.
Il ne s'agit que d'un petit livre assez bon marché, ce qui lui fait perdre en esthétique (photos et dessins un peu petits), et ne lui permet pas d'entrer dans tous les détails que j'aurais souhaités. Par exemple, j'ai bien compris qu'il était inévitable qu'une voile à livarde se trouve « à bonne main » d'un bord (la voile se trouve sous le vent par rapport à la livarde et s'en écarte) et « à mauvaise main » du bord opposé (la voile se trouve au vent et appuie sur la livarde, ce qui réduit le rendement de la voile), mais je n'arrivais pas à comprendre comment une voile latine pouvait se trouver dans le même cas.
Il m'a fallu aller sur Internet pour y trouver des éléments de réponse (essentiellement dans de vieux ouvrages numérisés, que je me suis empressé de télécharger) et surtout réaliser que chaque réponse m'amenait à me poser de nouvelles questions. Quelle idée aussi que de chercher à apprendre dans les livres ce qui s'apprend d'ordinaire par la pratique ; pourquoi ne pas apprendre à nager à sec ? Sauf que … c'est ainsi que j'ai pris confiance en moi et développé un certain nombre d'aptitudes à la démarche autodidactique, ce qui m'a permis plus tard d'aborder sans complexe n'importe quel domaine d'intérêt (ma seule limite est mon médiocre niveau en mathématiques). C'est ce qui me fait garder une grande tendresse pour ce thème de la marine et des bateaux.
Ce livre m'a fait passer un bon moment. Et chose amusante, mes recherches sur l'expédition de 1735 au Pérou pour mesurer une partie du méridien terrestre m'avaient ramené elles aussi à la marine : d'une part j'avais lu le journal de bord du capitaine de la flûte qui a emmené l'expédition à Haïti et d'autre part Pierre Bouguer a mis à profit les moments de loisir que lui laissaient les travaux géodésiques pour rédiger le « Traité du navire » qu'il publiera à son retour (il était à l'origine professeur d'hydrographie, c'est-à-dire formateur d'officiers de marine).
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