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Les notes de lectures recherchées

7 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (2 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre :

Auteur    Message
kabuto



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 02 Sep 2006
Messages: 606
Localisation: Craponne

Posté: Dim 29 Oct 2023 11:22
MessageSujet du message:
Commentaires : 1 >>

Fin du 19e siècle. Marlow se souvient d’un voyage mémorable sur le fleuve Congo et nous raconte son périple jusqu’au cœur de la forêt équatoriale. Un monde d’où l’homme ne revient pas indemne. Les descriptions de cette nature sauvage qui entoure la frêle embarcation du capitaine sont saisissantes. Quant à la place des colonisateurs qui semblent absurdes au sein de ce monde qui ne veut pas d’eux, c’est tout aussi intéressant. Reste la rencontre avec M. Kurtz qui est le but ultime de ce voyage. Cet homme qui semble s’être fait complètement envoûté par ce monde végétal à l’état brut, marquera fortement les esprits. Belle découverte de Joseph Conrad malgré une lecture pas très fluide par moment en raison peut-être de l’âge du roman. Un léger désagrément qui ne gâche en rien le très bon souvenir que je garderai de ce livre.
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[Au coeur des ténèbres | Joseph Conrad]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Mer 06 Fév 2013 19:15
MessageSujet du message: [Au coeur des ténèbres | Joseph Conrad]
Commentaires : 0 >>

J'avais noté ce titre à l'issue de ma lecture du "Voyage au bout de la nuit" de Louis Ferdinand Céline. Dans le dossier qui suit le récit de mon édition folio destinée aux scolaires, il est conseillé à ceux qui voudraient découvrir un autre texte évoquant l'Afrique (une partie du roman de Céline s'y déroule).
Bon, l'Afrique est le seul point commun flagrant entre ces deux œuvres. La langue de Conrad, bien que vivante et évocatrice, reste plutôt académique, et les aventures de ses héros, même si elles peuvent être qualifiées d'extraordinaires, n'ont pas la truculence des péripéties d'un Bardamu...
Loin de moi l'idée de comparer ces deux auteurs qui sont nés à près d'un demi siècle d'intervalle.
Disons que ces digressions inutiles sont un moyen comme un autre d'introduire mon billet, ne m'en veuillez pas !

Revenons-en donc à ce cher Conrad, et à son voyage non pas au bout de la nuit, mais "Au cœur des ténèbres". Enfin, dans le roman, ce n'est pas lui qui accomplit ce voyage mais Marlowe, un officier de la marine marchande britannique. Précisons néanmoins que l'auteur lui-même, avant d'être écrivain, fut capitaine de cette corporation, et que cette fonction l'a amené, comme son héros, à travailler au Congo. C'est son expérience personnelle qui l'a par conséquent inspiré pour l'écriture de ce roman.

Au début du récit, Marlowe et l'équipage d'un yacht attendent, stationné sur la Tamise, de pouvoir larguer les amarres. Alors que la nuit s'annonce, Marlowe se met à raconter une histoire, celle de son expédition sur un fleuve africain. Il avait alors pour mission de retrouver, en amont de ce fleuve, un dénommé Kurz. Ce dernier était directeur d'un comptoir situé au cœur de la jungle, dont l'administration n'avait plus aucune nouvelle. L'homme, en raison de sa grande efficacité dans la collecte d'ivoire, était quasiment devenu une légende.

La plus grande partie du roman dépeint cette remontée du fleuve, baignée d'une atmosphère à la fois mystérieuse et menaçante, dont l'intensité s'accentue au fur et à mesure que le navire approche du but. A tel point que le périple fluvial semble par moments n'être qu'une parabole pour exprimer le sentiment qu'a Marlowe de s'enfoncer vers la source d'une humanité brute et encore instinctive, vers un univers où l'homme aurait conservé un lien primitif, viscéral, avec son environnement naturel. La forêt impénétrable, l'air chaud et épais, l'apparition d’hippopotames et de crocodiles, tout cela se mêle aux bruits inquiétants et inconnus, aux visions furtives de silhouettes étranges aperçues sur la rive...

La peur, la surprise du narrateur lors de ces rencontres sporadiques, presque irréelles, avec les indigènes de la jungle, peut prêter à sourire aux yeux du lecteur d'aujourd'hui. Mais rappelons que le récit, même s'il n'est pas si éloigné de nous d'un point de vue temporel, se déroule à une époque où l'Afrique et les possessions coloniales conservaient bien des pans de mystères, de terres inexplorées.

L'auteur exprime l'ambivalence des sentiments qu'éprouvent alors les occidentaux vis-à-vis de ces territoires qu'ils exploitent sans vraiment les connaître, entre fantasmagorie et convoitise, entre crainte et mépris pour des autochtones qu'ils ne comprennent pas (et il leur importe peu, d'ailleurs, de les comprendre).

Marlowe, en dépit d'une première impulsion qui le conduit à ressentir un certain malaise face au comportement et à l'aspect de ces autochtones, reconnaît malgré tout en eux ses semblables, sa "parenté lointaine avec ce tumulte sauvage et passionné". Et il comprendrait presque, bien qu'il ne l'ait finalement guère connu, le légendaire Kurz. Ce dernier, en effet, même s'il représente l'un des pires aspects de la présence européenne en Afrique, a peu à peu laissé l'environnement le transformer, faire de lui un individu plus proche des indigènes que ne le furent jamais ceux qui, engoncés dans la certitude de leur supériorité, n'entrèrent véritablement en contact avec eux.

"Au cœur des ténèbres" est un roman à l’atmosphère très prégnante, à l'écriture très évocatrice... c'est ce que j'en retiendrai essentiellement (et ce n'est déjà pas si mal !)


BOOK'ING
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[Au coeur des ténèbres | Joseph Conrad]
Auteur    Message
sentinelle



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 26 Juin 2007
Messages: 228
Localisation: Bruxelles

Posté: Mer 23 Juil 2008 20:45
MessageSujet du message: [Au coeur des ténèbres | Joseph Conrad]
Commentaires : 0 >>

Au cœur des ténèbres est une longue nouvelle parue initialement dans une revue en 1899, puis dans un recueil de trois récits en 1902 (Youth).

Marlow, un jeune officier de la marine marchande britannique, est embauché par une compagnie belge en vue d’accomplir une mission très précise : ramener Kurtz, un agent de premier ordre en charge d’un comptoir en plein pays de l’ivoire, en remontant le cours d'un fleuve au cœur de l'Afrique noire.

Tout le monde parle de Kurtz en termes très élogieux : personne remarquable, orateur né, homme d’une extrême intelligence qui ira loin dans l’administration, agent de premier ordre puisqu’il représente le plus efficace collecteur d’ivoire du pays. Mais dont nous sommes sans nouvelles depuis des mois, ayant mystérieusement fait demi-tour pour retourner au comptoir qu’il avait initialement quitté pour rejoindre le siège central.

Pourquoi ce revirement de dernière minute ? Pourquoi n’avons-nous plus aucunes nouvelles de sa part? Son absence inquiète : il n’y a plus de collectes d’ivoires qui parviennent de son comptoir, son poste serait en péril et certaines rumeurs laissent entendre que Kurtz serait très malade.

Le capitaine Marlow doit auparavant rafistoler son vieux rafiot pendant des mois avant de pouvoir quitter le poste central avec une caravane de soixante hommes pour une marche de deux cents milles afin de rejoindre Kurtz. Sa mission étant de rétablir les liens commerciaux avec le directeur du comptoir ou, à défaut, le ramener parmi les siens s’il le retrouve effectivement aussi affaibli que le disent les rumeurs.

Cet éloignement progressif de la civilisation prend l’allure d’un véritable périple lorsque Marlow découvre la nature sauvage et les aspects les plus primitifs de l’homme de la brousse le long du fleuve Congo. Véritable progression au cœur des ténèbres, Marlow a le sentiment de revenir aux temps préhistoriques :

Citation:
« Remonter ce fleuve, c’était comme voyager en arrière vers les premiers commencements du monde, quand la végétation couvrait follement la terre et que les grands arbres étaient rois. Un cours d’eau, un grand silence, une forêt impénétrable. L’air était chaud, épais, lourd, languide. Il n’y avait pas de joie dans l’éclat du soleil. »


La personnalité de Kurtz obsède Marlow : comment un homme aussi intelligent peut-il vivre au cœur des ténèbres sans se laisser aller aux pires dérives qui soient ? Ces ténèbres qui rendent fous, ces ténèbres qui remontent ce qu’il y a de plus primitif chez l’homme, ces ténèbres qui déshumanisent ?

Marlow aura sa réponse lorsqu’il rejoindra Kurtz après des journées de navigation où la mort ne sera pas absente suite au danger auquel sa compagnie sera exposée avant de rejoindre le comptoir : cet homme si intelligent n’est qu’une âme folle qui s’est laissée corrompre par les forces du mal.

Citation:
« J’essayais de briser le charme – le charme lourd, silencieux de la brousse, - qui semblait l’attirer contre son impitoyable poitrine en éveillant les instincts oubliés de la brute, le souvenir de passions monstrueuses à satisfaire. Cela seul, j’en étais sûr, l’avait attiré jusqu’au fond de la forêt, jusqu’à la brousse, vers l’éclat des feux, la pulsation des tamtams, le bourdonnement d’étranges incantations. Cela seul avait séduit son âme maudite hors des limites des aspirations permises. »


Véritablement fasciné par Kurtz, pour qui il ressent un mélange de désir et de haine, d’attraction et de répulsion, Marlow ne peut s’empêcher de voir en lui une « bouche vorace » qui dévore « toute la terre avec toute son humanité» . Kurtz a « le visage horrifique d’une vérité entraperçue ». Il a franchi la limite, le dernier pas avant d’atteindre le seuil de l’invisible.


Conrad nous invite à un voyage envoûtant en homme digne de son époque ! Ecrit à la fin du XIX siècle, Conrad partage avec les hommes de son siècle leurs questionnements et leurs angoisses : dans cette société victorienne puritaine corsetée à l’extrême, les névroses se font la part belle ! Si ce siècle voit l’apparition de la psychanalyse, elle voit également l’apparition de la peur suscitée par l’inconscient : l’homme prend le visage de la terreur lorsqu’il se trouve confronté à ses propres abîmes. Deux images de la femme prédominent : la femme tentatrice et castratrice, incompréhensible, pleine de secrets, étrangère et en cela hostile et la femme idéalisée, asexuée ou androgyne. Ces figures féminines se retrouvent exposées dans tous les arts majeurs de l’époque : peinture, poésie, littérature…

Impossible pour moi de ne pas lire entre les lignes, de ne pas saisir à quelle libido tourmentée Conrad expose Marlow en le confrontant aux ténèbres de la brousse :

Citation:
« […]le scintillement de la longueur du fleuve entre les sombres courbes, battement de tam-tam, régulier et sourd comme un battement de cœur – le cœur des ténèbres victorieuses. C’était un moment de triomphe pour la brousse, une invasion, une ruée vengeresse que, me semblait-il, j’aurais à contenir seul pour le salut d’une autre âme. »


La femme pure et asexuée étant représentée par la « promise » de Kurtz, qui telle un ange descendu du ciel, paraît d’une innocence surnaturelle totalement en contraste avec le reste du récit.

Pour conclure ce billet, Au cœur des ténèbres est une œuvre très riche en interprétations diverses que je ne peux que vous conseiller !

Le personnalité envoûtante de Kurtz, le coupeur de têtes, deviendra un personnage à part entière que nous retrouverons mis en scène dans d’autres romans par d’autres auteurs, dont « Le chasseur de têtes » de Timothy Findley.

Le film Apocalypse Now de Coppola est également une adaptation, transposée dans le contexte de la guerre du Vietnam.
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