Relecture d'un bref roman plein de talent qui distille avec une relative discrétion son message spirituel sous la peinture d'une aliénation familiale bourgeoise.
Cf. note de lecture sur mon blog.

J'ai eu envie de relire Thérèse Desqueyroux et bien m'en a pris. J'avais le souvenir d'un livre ennuyeux que j'avais lu sans doute trop jeune. Au contraire, que de surprises dans ce livre, publié en 1927, que l'on croirait beaucoup plus récent, notamment par la force des prises de positions féministes qu'il exprime. Le personnage de Thérèse est d'autant plus attachant qu'elle a beaucoup de mal à se comprendre elle-même, même si elle a compris ce dont elle ne veut plus, cette vie étriquée d'épouse soumise que veut lui imposer Bernard, son mari. Mais Bernard aussi est intéressant dans l'évolution qu'il accepte de faire. Finalement, même derrière les barreaux de cette prison que forment les pins des landes, les personnages du roman sont tous amenés à changer, même si aucun d'eux n'est capable de maîtriser cette évolution. Le style de Mauriac, avec ses métaphores, avec le rythme très varié du récit - étirant parfois les minutes, et parfois sautant par dessus plusieurs mois -, contribue amplement à donner une saveur très particulière à ce récit qui est aussi une leçon de vie et de courage.

Le retour de Thérèse à Argelouse, après avoir bénéficié d'un non-lieu pour la tentative d'assassinat sur son mari, est l'occasion pour elle d'une réflexion rétrospective sur sa vie, sur ses actes et sur ses sentiments (ou son absence de sentiments) envers son entourage.
Un récit fascinant, dont j'admire l'écriture et la maîtrise, et qui me donne envie de lire d'autres romans de Mauriac.

Déconcertante cette histoire d'une femme quasi enterrée vivante au sein d'une famille et qui commet un acte criminel dont elle sera acquittée. Mais l'acquittement sera pire qu'une condamnation car elle vivra recluse jusqu'à ce que son procès soit oublié.

Un des romans phares du 20e siècle parait-il... C'est bien écrit, l'atmosphère est pesante à souhait (pourquoi Thérèse a-t-elle commis ce crime?), mais... franchement je n'accroche pas!

Beaucoup m'ont dit que c'était un des meilleurs Mauriac.
Jusqu'à ma femme qui en a un très bon souvenir.
Bon, ben moi - au risque de décevoir tout ce petit monde - j'ai nettement préféré le noeud de vipères.
Dans les deux cas on touche à la famille et au prestige du nom.
Dans les deux cas on évoque l'héritage et la mort.
Mais le Thérèse, j'ai eu du mal à y entrer. Je ne me suis pas passionné par l'histoire. Je ne m'y suis pas ennuyé non plus, remarquez, mais bon, ce livre n'a pas accroché mes sentiments.

Voilà pourquoi 3 étoiles (vous savez maintenant que chez moi, 3 étoiles c'est autant pour un livre que j'ai aimé que pour un livre que je n'ai pas aimé, finalement je ne suis peut-être pas si éloigné de la maladie de Thérèse... m'enfin, tant que je ne tue personne ça va).