Dans ce tome quelques nouvelles ayant un aspect romantique généralement absent dans les précédents livres que j'ai lus de cet auteur.

Oiseau de passage : dans une vaste grotte étanchéisée de la Lune, les résidents (les Lunatiques) et les touristes venus de la Terre (les Rampants) bénéficient de la faible gravité pour évoluer dans les airs avec des ailes mécaniques.

"Si ça continue" : Dans une Amérique soumise à la dictature de la pensée de la religion du Prophète Réincarné, un garde tombe amoureux d'une Vierge, enfreignant les règles sacrées. Il découvrira que la Cabale, ces parias qui ne reconnaissent pas la divinité du Prophète, n'est pas constituée d'adeptes de Satan comme la propagande le proclame.
La révolte gronde...

Résumé des quatre nouvelles

Oiseau de passage : sympathique nouvelle mais qui a bien failli me faire arrêter la lecture de ce tome. L'histoire est bien gentille, on a l'impression de lire un roman sentimental pour ado, si ce n'est que l'intrigue se déroule sur la Lune dans le cadre de Luna City. On assiste aux tourments amoureux d'une jeune fille qui est une as de l'usage du vol libre (c'est sûr avec la faible gravité qui règne là-bas). Heureusement c'est court. On passe à autre chose après.

"Si ça continue..." : avec plus de 210 pages, on a affaire cette fois-ci à un quasi roman. L'histoire est cette fois-ci très sérieuse. Dans toute "L'Histoire du futur", c'est là que Robert Heinlein va le plus loin dans l'anticipation. La nouvelle aborde un avenir très sombre des Etats-Unis : contrôlés par une religion dictatoriale, limite secte, dirigée par un "Prophète". On suit les aventures d'un des gardes du Prophète : totalement embrigadé par le dogme, c'est de manière totalement improbable qu'il tombe amoureux d'une jeune servante (une "Vierge") du Prophète. En voulant la sauver de ce qui l'attend, il se retrouve du côté de la résistance qui n'est autre que la Cabale. Commence alors une course poursuite semée d'embûches incroyables et d'actions hautes en couleurs qui doit aboutir à la révolution contre cette dictature...

La Réserve : cette fois-ci, les Etats-Unis sont divisés en plusieurs régions hermétiquement closes par une "Barrière" infranchissable. De chaque côté de la barrière, une dictature plus impitoyable que l'autre sévit. On suit cette fois-ci l'aventure, encore en forme de road-movie d'un personnage coupable d'avoir donné un coup de boule à un de ces concitoyens : la sentence, c'est soit un passage en hôpital psychiatrique pour reconditionnement psychologique (hum hum) soit l'exil dans la Réserve !

L'inadapté : à nouveau une nouvelle sympathique sans grande portée littéraire. L'Humanité veut disposer trois stations relais sur le trajet entre la Terre et Mars. Trois relais qui sont autres que d'énormes astéroïdes convertis en stations spatiales. Une mission visant à déplacer et convertir un de ces astéroïdes comporte un étrange personnage, timide et maladroit mais qui possède une aptitude qui risque de sauver la mission : une faculté de calcul hors du commun, qui dépasse notamment les ordinateurs (on sait qu'à l'époque de l'écriture de cette oeuvre ces machines étaient plutôt récalcitrantes)

Conclusion
"L'Histoire du futur" par Robert Heinlein est un grand classique de la littérature SF, au même titre que Fondation de Asimov, Dune de Franck Herbert, Les seigneurs de l'Instrumentalité de Cordwainer Smith... et donc je me devais de lire le cycle complet. A l'issue des deux premiers tomes, la suite des nouvelles avait été assez pénible à lire, alors j'en venais à me forcer à terminer le cycle. Pourtant ce tome 3 marque un changement de perspective : l'anticipation politique abordée dans "Si ça continue..." et "La Réserve" est très intéressante rétrospectivement (quant on se place dans le contexte de la publication de l'oeuvre aux Etats-Unis).
Ceci dit, à la différence des autres cycles cités ci-dessus, cette SF a considérablement vieilli. Plusieurs raisons certainement à cela :
- une perspective trop proche dans le temps et qui s'avère dépassée dès qu'on arrive à l'époque racontée (voir par exemple le phénomène 1984 de Orwell)
- une approche trop technologique qui fait que ce qui tenait du rêve à l'époque est maintenant dépassé
- une narration un peu trop légère : manque de la poésie qu'on peut trouver dans les Seigneurs de l'Instrumentalité, de l'humour et de l'intelligence dans Fondation, de la folie de Dune