Clarissa Schulmeister, fille d'un militaire autrichien, est née en 1894. À l'aube du premier conflit mondial, elle rencontre en Suisse Léonard, un jeune professeur de français. La guerre les sépare, mais Clarissa attend un enfant. Un enfant d'un ennemi en temps de guerre…
Clarissa, c’est le destin d’une femme, mais aussi la peinture de toute une époque.
A travers Clarissa, Zweig nous dépeint sa foi dans le pacifisme, son refus de la guerre et des nationalismes. Il nous montre comment des hommes peuvent développer une haine envers d’autres, une volonté de destruction, au nom de valeurs qui ont bon dos… Il nous montre de vrais hommes, avec leurs qualités et leurs défauts, y compris chez ceux qui défendent des idéaux humanistes.
La plupart des personnages ont un point de vue fort à défendre. Le père et le frère de Clarissa, officiers, se jettent à corps perdu dans la guerre au nom de l’idéal patriotique. Léonard, son amant, est socialiste et veut comprendre l’humanité en côtoyant les « petites gens ». Quant au psychologue dont Clarissa est la secrétaire, il ose dire, en pleine guerre, que français ou autrichiens, les hommes sont tous frères…
Quant à Clarissa elle-même, on voit ses principes évoluer au fur et à mesure que change le monde autour d’elle et qu’évolue sa propre situation.
Vraiment, Zweig dépeint à merveille la nature humaine, les sentiments, les personnalités… C’est un très grand écrivain. Troisième lecture de cet auteur et troisième moment d’admiration devant tant de talent : son style est parfait, son écriture est captivante, son histoire est bien menée et surtout, il sait faire passer de grandes idées de façon toute simple en apparence.
Petite anecdote, le personnage de Léonard ne peut pas vivre sans avoir à portée de main les « essais » de Montaigne. J’ai toujours eu un gros préjugé au sujet de Montaigne, je me l’imagine comme un type absolument illisible et abscons. Grâce à Léonard (et Zweig !), j’ai envie de changer d’avis et de lire ces fameux essais :-)
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