10 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 6 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : amour, bibliotheque, curiosite scientifique, hiroshima, litterature francaise, livre, meteorologie, nuage, passion, peinture, photographe, souvenir
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[La théorie des nuages | Stéphane Audeguy] |
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apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1960 Localisation: Ile-de-France
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Posté: Dim 11 Juil 2010 16:01
Sujet du message: [La théorie des nuages | Stéphane Audeguy]
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Ce roman, par l'interposition de deux personnages-narrateurs, contient la biographie romanesque et fantasque des quelques hommes du XIX siècle qui se passionnèrent de nuages en fondant les prémisses de la météorologie moderne. Ces biographies, de savants - Luke Howard, Richard Abercrombie, William Williamsson - et du peintre Carmichael, constituent la partie la plus détaillée et instructive du récit, mais s'y greffent aussi des éléments narratifs fort intéressants sur la vie du principal personnage-narrateur, le vieux styliste japonais Akira Kumo. Son récit adressé à sa bibliothécaire Virginie Latour, dans le cadre d'une relation amicale et sentimentale que la parole développe, lui permet à la fois de (se) préciser les raisons de sa nouvelle lubie de collectionneur d'ouvrages consacrés aux nuages, ainsi que, par là-même, de se remémorer son enfance et d'autres parties refoulées et obscures de sa propre biographie, à l'ombre du Nuage par antonomase, le nuage atomique d'Hiroshima.
Le lecteur avisé devine vite cette association historique, même s'il se laisse aller à la séduction du jeu de reconstitution progressive de mémoire, si bien mené. Il lui faut plus de temps pour déceler d'autres analogies plus subtiles, comme celle entre la sexualité (frôlant la perversion) de Richard Abercrombie et celle de Kumo lui-même. L'auteur suggère : "Ce que Virginie Latour avait d'abord perçu comme le long et doux cortège des amoureux de nuages comporte, elle s'en aperçoit maintenant, un peu trop de suicidés, de désespérés, d'amoureux éconduits et de solitaires tristes." (p. 280) : et c'est presque un "understatement"... Par contre serait-ce surinterpréter que de faire l'hypothèse d'une analogie entre tous ces amoureux de nuages et différentes formes de perversion sexuelle ?
Et sur cette question, le grand manque de ce roman, me semble-t-il dès le début, c'est l'impressionnant silence, l'énorme anémie narrative concernant le personnage féminin, cette Virginie Latour, qui ne sert presque que de catalyseur de récits, et qui ne possède de caractère qu'une caractéristique dysfonctionnelle relative, encore, justement à sa jouissance sexuelle...
Nuages-mort, nuages-perversions... ç'eût été véritablement passionnant. Et le seul personnage féminin était justement là, à portée de la plume !
Matière pour un autre roman, peut-être ? Voici en effet l'excipit:
"Virginie Latour pense aussi, sur sa petite île blanche au milieu des tempêtes, qu'elle va vivre sa vie. Mais ceci est une autre histoire."
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[La théorie des nuages | Stéphane Audeguy] |
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Message |
parsifal
Sexe: Inscrit le: 16 Sep 2007 Messages: 457 Localisation: Belgique
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Posté: Lun 15 Mar 2010 10:33
Sujet du message: [La théorie des nuages | Stéphane Audeguy]
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Akira Kumo, un vieux et très riche styliste japonais de Paris, engage Virginie Latour comme bibliothécaire pour ranger sa collection de livres qui rassemble toutes les études ou les analyses concernant les nuages écrites du début du XIXe jusqu’aujourd'hui.
Le roman commence, de cette façon, à l'apparence banale, ensuite s’éclaircit dans un voyage dans le temps et dans l'espace où la distance est annulée par l’emploi du présent permanent comme pour rendre vraiment l'idée d'un ciel nuageux où les personnages et les événements s’interpénètrent l’un dans l'autre sans frontières nettes ou précises.
Des personnages géniaux, un peu fous, chacun avec sa caractéristique particulière et unique, qui recherchent la vérité et l'essence de la vie en se plongeant dans l’analyse des nuages, obsédés chez eux au point, des fois, de leur fausser l’existence.
Avec un langage dépouillé, simple mais en même temps à effet, et un humour raffiné très subtil, l'auteur manipule la plume avec la précision d'une télé-caméra, en offrant des images et des déchirures vivaces et nettes de haute écriture.
Un livre qui, une fois fini, on veut reprendre en main et relire, pour l’appréhender pleinement et le comprendre jusqu'au bout, parce que, comme les nuages dont il traite, chaque fois on lit avec un regard différent.
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[La théorie des nuages | Stéphane Audeguy] |
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Message |
Faelivrin
Sexe: Inscrit le: 08 Jan 2008 Messages: 94 Localisation: Allemagne
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Posté: Dim 13 Déc 2009 19:18
Sujet du message: [La théorie des nuages | Stéphane Audeguy]
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Une très bonne surprise! J'ai lu ce livre car la couverture et le titre me plaisaient, en pensant que ce serait intéressant sans plus. Je ne m'attendais pas du tout à être totalement emportée dans cette histoire vraiment passionnante, originale et très agréable à lire! Je ne comprenais jamais vraiment où l'auteur voulait en venir et sur quoi tout cela allait déboucher, mais je me suis tellement laissée prendre par les histoires étonnantes des différents personnages que ça ne me dérangeait pas, au contraire.
Je mets 5 étoiles pour le plaisir que j’ai eu à le lire, même si j’ai conscience que ce n’est probablement pas un chef-d’œuvre de la littérature :)
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[La théorie des nuages | Stéphane Audeguy] |
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Message |
Cyberugo
Sexe: Inscrit le: 20 Oct 2007 Messages: 164 Localisation: Besançon
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Posté: Jeu 20 Déc 2007 20:10
Sujet du message: [La théorie des nuages | Stéphane Audeguy]
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On peut dire de ce roman qu'il est frais, rafraîchissant, divertissant, mais en même temps instructif et érudit. Il va nous retracer une partie de l'histoire de la météorologie de façon romancée, en nous faisant découvrir la vie de scientifiques concernés, avec la vie de l'époque. On va aussi suivre la vie d'un grand couturier censé vivre à notre époque, ainsi que de sa bibliothécaire qui sera le fil conducteur de l'ouvrage.
L'intrigue est construite sur des allers et retours entre flashbacks et époque contemporaine, en nous entraînant dans différentes intrigues pourtant toutes liées. Cela passe bien, sauf peut-être quelques passages un poil trop longs. De beaux sentiments se dégagent de l'ensemble, nous envoyant un petit nuage. Un comble !!
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[La théorie des nuages | Stéphane Audeguy] |
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Message |
Mariecesttout
Sexe: Inscrit le: 18 Aoû 2007 Messages: 149
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Posté: Sam 18 Aoû 2007 1:37
Sujet du message: [La théorie des nuages | Stéphane Audeguy]
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'ai donc lu La théorie des nuages. J'ai mis un petit bout de temps, car Stéphane Audeguy parle de tellement de choses, que j'allais en permanence vérifier sur mon ami Google s'il inventait, ou si c'était vrai. En fait, c'est les deux, il s'en explique dans les entretiens qu'il a donné.
J'ai beaucoup aimé ce livre...Parce qu'il sort, c'est le cas de le dire, de l'atmosphère plutôt confinée qui règne souvent dans la littérature française. Parce qu'il est brillant et intelligent. Parce qu'on ne comprend qu'à la fin pourquoi ce couturier est à ce point fasciné par les nuages. Le personnage de la bibliothécaire m'a un peu gênée au départ, mais j'aime bien ce que Stéphane Audéguy dit de ce personnage dans l'entretien ci-dessus.
Quelques lignes...
En Europe, les puissants du monde cherchent à savoir quand viendront les tempêtes. Bien sûr, il y a toujours eu des tempêtes en Europe occidentale, et des paysans pour s'en soucier. Mais jamais auparavant ces tempêtes n'ont eu autant d'usines à souffler, de toitures de maisons à emporter, de bétail et d'hommes à noyer. Jamais auparavant les puissants du monde n'ont eu autant à perdre. Le 14 novembre 1854, pendant la guerre de Crimée, des navires de guerre et de commerce, au total trente-huit bâtiments battant pavillon français, coulent au large de Balaklava, dans la mer Noire. Il y aussi, accessoirement, quatre cents morts. Napoléon III convoque le ministre de la Guerre pour savoir comment il a perdu quatre cents hommes et une flotte entière, dont le plus puissant de ses trois-mâts de guerre, le Henri IV.Le ministre de la Guerre convoque le directeur de l'Observatoire de Paris, pour se donner une contenance. Le directeur de l'Observatoire se nomme Urbain Le Verrier. Il n'a aucun mal à démontrer à son interlocuteur que la tempête en question se trouvait ,la veille, au-dessus de la Méditerranée; et que deux jours auparavant elle faisait trembler les habitants du nord-est de l'Europe: il aurait suffi d'une simple communication télégraphique pour éviter la catastrophe. Le Verrier obtient aussitôt une audience auprès de l'Empereur, qui veut savoir comment accomplir de tels prodiges. Urbain Le Verrier a tout simplement écrit à tous les astronomes et météorologues amateurs qu'il a pu recenser dans toute l'Europe; choses des plus aisées, en un temps où les savants passent leur temps à s'écrire pour se communiquer informations et découvertes. Sa requête est simple: il a prié ses honorés confrères de lui faire prt de leurs observations sur le temps qu'il faisait chez eux , entre le 12 et le 16 novembre. Le Français reçoit deux cent cinquante réponses, qu'il reporte sur une carte d'Europe. Il dispose de la trajectoire de la tempête. Naturellement, le système possède un ennemi juré: la chronologie. a quoi bon prédire le temps de la veille? Urbain Le Verrier obtient donc l'argent nécessaire à la création de stations météorologiques sur tout le territoire français. Ainsi s'achève le temps des hommes, ainsi commence celui des réseaux. Bientôt d'autres pays- la Hollande, l'Angleterre, la Suède, la Russie- vont s'inspirer de l'exemple français.
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[La théorie des nuages | Stéphane Audeguy] |
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Message |
Max
Inscrit le: 10 Aoû 2006 Messages: 403
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Posté: Lun 06 Aoû 2007 19:54
Sujet du message: [La théorie des nuages | Stéphane Audeguy]
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«Il est question de nuages et Virginie Latour commence à comprendre. Elle comprend qu'au début du dix-neuvième siècle quelques hommes anonymes et muets, disséminés dans toute l'Europe, ont levé les yeux vers le ciel. Ils ont regardé les nuages avec attention, avec respect même ; et, avec une sorte de piété tranquille, ils les ont aimés.»
Voici la curieuse histoire des nuages et de ceux qui les ont contemplés. C'est une épopée étrange, parfois anecdotique, contée à petites touches par Akira Kumo, vieux et célèbre couturier japonais qui collectionne les ouvrages consacrés aux nuages, à sa jeune bibliothécaire. Il est donc question de nuages et de chasseurs de nuages : Luke Howard qui inventa leurs noms, le peintre Carmichaël qui voua son art à la reproduction des ciels au point de se perdre dans l'impalpable, Richard Abercrombie qui fit le tour du monde pour voir si les nuages étaient partout identiques, Akira Kumo lui-même et son enfance meurtrie à Hiroshima qu'il se remémore petit à petit. Un premier roman qui traite de l'oubli comme moyen de survie.
Les nuages, propices à la rêverie, sont donc les inspirateurs de ce roman : un sujet volatile pour un roman déroutant, d'une érudition légère et élégante, et d'un grand sens de la narration. Un récit dans lequel s'emboîte une multiplicité de destins, tous voués à la contemplation des nuages, et se répondant les uns aux autres, entrant en résonance pour former un hymne aux chercheurs d'absolu, une épopée où la course aux chimères prend des allures existentielles et où chaque page invite à lever les yeux vers les cieux.
«Plus les hommes savent se protéger du temps qu'il fait, plus ils parlent du temps qu'il fait ; peut-être pour passer le temps.»
le cri du lézard
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