Logan Mountstuart écrit un journal intime depuis l'âge du lycée. Décidé à ne rien omettre, il nous livre les expériences essentielles de sa vie d'écrivain, de journaliste, d'espion, de galeriste, de professeur, et pour finir de pauvre. Sa vie est riche en contacts avec des personnes célèbres qui ont jalonné le XX° siècle.
Ce livre m'a passionnée : le style est limpide, dépouillé, sans aucune prétention. Le ton est plein d'humour, mais aussi d'humanité, de compréhension. Et les aventures rapportées sont variées et appellent sans cesse le lecteur à avancer pour connaître la suite de cette vie exceptionnelle.

je pourrais commencer cette note de lecture de " A livre ouvert" de William Boyd par : " Attention chef d oeuvre ! " . J aurais pu aussi mettre 6 étoiles en notation si l administrateur l avait prévu ! tout simplement ça sera : "A livre ouvert" de W . Boyd est un livre formidable !
Boyd est le grand Manipulateur de ces " Carnets de Logan Mountstuart", vrai-faux journaux intimes d un anglo-uruguayen né au début du20e siecle à Montévidéo ; famille trés aisée, éducation à Oxford, future carrière d enseignant, d universitaire... Tout cela ce sont les données. La suite de la destinée de Logan Mountstuart est une illustration des combinaisons toujours aléatoires du hasard et de la nécéssité : ses " Carnets " nous le donne à voir tout d abord comme jeune homme ambitieux n ayant que le désir de se faire un nom dans le monde des lettres anglo-saxonnes, il rencontre V.Woolf, E. Waugh, publie son premier essai (sur Shelley comme Boyd me semble t il ) , puis nous le voyons faire de nombreux aller retour Londres-Paris (il y rencontre Picasso), il voyage en Espagne pour un journal Américain et y rencontre Hemingway pendant la guerre civile ; bref, tout baigne si je puis me permettre cet apparté trivial... La guerre advient (la seconde...)et nous le retrouvons "kidnappé" par le NID , le service de contre -espionnage de la Royal Navy ou il "travaille " sous les ordres de.... Ian Fleming, le père des futurs James Bond ! d aventures en aventures (prison en Suisse,chaperon du duc de Windsor et de Wallis Simpson aux Bahamas...) il se retrouve aprés guerre directeur d une galerie à New York (il cotoit bien sur J. Pollock et toute la nouvelle peinture US) , l age venant et aprés une quasi déchéance aussi bien financière, morale, mais aussi physique, Boyd installe son personnage , (son alter-égo ??? ) dans notre beau pays de France entre Lot et Garonne... Logan Mountstuart se penche sur son passé entre ses nouveaux "french friends", son chien, son chat et sa bouteille de blanc quotidienne ; il meurt apparemment appaisé à prés de 80 ans.

Superbe bouquin ! Une vie ! comme tant d autres , comme les notres ! de la prise de conscience de son individualité à la vieilesse, la déchéance, la mort... Boyd jongle avec les faux-semblants,avec les miroirs... qui est Logan M. ?? est ce Boyd ??? non ,trop facile ! et pourtant... De son éducation à son parcours d écrivain il y a du William dans Logan (l Afrique, la peinture, la France, Oxford...), L auteur mélange les personnages fictifs et les célébrités, ainsi Ben Scabius, l ami galeriste de Logan lui présente Picasso, Logan se trouve à Mougins avec Montand et Signoret ( et trouve Simone plutot gironde!). A la fin de sa vie Logan revient sur son passé (expression consacrée) et se pose les inévitables questions que tout ètre humain rumine à la cinquantaine : ma vie aurait elle pu ètre différente ? ma vie n est elle qu une suite d échecs ? L acceptation lucide de sa destinée sera pôur Logan le meilleur viatique pour l au delà ; il ne regrette rien, et ce qui est advenu devait advenir.

J en ai pas fini... En filigrane, toutes les femmes, toute les conquetes amoureuses de Logan qui ponctuent sa vie et qui ne font que souligner "l insoutenable légereté de l ètre".....