Dans le futur, la terre ravagée par les guerres et la pollution se dépeuple au profit de quelques colonies disséminées dans le système solaire. Des villes naissent ainsi entourées d’un milieu hostile mais elles fournissent néanmoins tout le confort d’une société moderne. Un paradis bien à l’abri des difficultés terriennes. Un cocon aseptisé, contrôlé et sécurisé où les citoyens sont pris en charge jusque dans leurs vies la plus intime. Une fausse démocratie qui truque la réalité et régule à l’excès la vie de ses citoyens. Heureusement, une poignée de fous décide de résister à ce Big Brother invisible et sournois qui anesthésie les habitants en comblant leurs moindres désirs. La zone du dehors, c’est l’histoire de quelques révoltés qui se battront jusqu’au bout pour rester libre et vivant. De leurs débuts hésitants où ils se demandent si distribuer des tracts est suffisant jusqu’à l’affrontement final avec le gouvernement, on suivra ces anarchistes qui rêvent d’un monde idéal et se donneront les moyens d’y parvenir. Difficile pourtant de réveiller les consciences. La population confortablement installée devant ses écrans ne voit pas l’utilité et les dangers de cette énorme escroquerie démocratique. Cette belle aventure, rude, triste et humaine est très bien rendue par l’auteur qui reste toujours lucide sur l’issue d’un tel combat. Un roman politique qui donne matière à réflexion sans jamais imposer son point de vue.
Mais Damasio c’est aussi un style unique! Une écriture inventive, organique, vivante et belle qu’on prend beaucoup de plaisir à lire et à relire. Le genre de livre qu’on annote pour pouvoir retrouver certains passages marquants. En lisant ce roman, on pense obligatoirement à La Horde du Contrevent. Pas pour son histoire mais pour sa manière de jouer avec les mots et pour son ambiance poétique. La Zone du Dehors est un roman stylé et intelligent et vous l’avez compris, j’ai adoré !

La Zone est le 1er roman d'Alain Damasio mais il faut signaler que l'édition de 2007 est une réécriture, d'où une importance intellectuelle certaine accordée à ce texte par son auteur. Voici un titre on ne peut plus représentatif d'une SF française politisée, voire revendicative, où le texte, en décrivant un futur "possible", porte une analyse éclairée sur notre société actuelle. Dans le cas présent, la cité artificielle créée non loin de Saturne (le "Cerclon")est censée représenter une démocratie idéale. Pourtant dans chacun des premiers chapitres, Alain Damasio aborde un thème porteur dans nos démocraties actuelles en le poussant dans des dérives tout à fait crédibles : la notion de hiérarchie / classement / spécialisation professionnelle, les contrôles d'accès, le contrôle biologique (et la perte du corps), les médias anti-démocratiques (car noyautés par le pouvoir central), la justice spectacle...
Le deuxième mouvement du livre est le passage à l'action, la "volte". Il se termine sur la mise en application d'une forme de société anarchique.
Tout le discours est porté par une philosophie politique cohérente, qui est exaltée par la force persuasive de la fiction. Elle se présente presque comme un programme avec les valeurs suivantes (chap. VII "Les fournisseurs d'accès) :
1. La liberté inconditionnelle des forces de vie ;
2. La volonté de créer ;
3. L'exaltation de la multiplicité des pensées, des perceptions et des sentiments donc du non-conforme, du hors-norme et du subversif qui en sont la condition ;
4. La vitalité

Au niveau du contenu j'adhère totalement à la lecture de Swann

J'ai beaucoup aimé ce livre de science-fiction, presque d'anticipation, qui raconte la lutte, puis la révolution de quelques uns contre le pouvoir en place qui régit tout de la vie de ses citoyens : école, travail, maladies et position sociale, et ce avec le libre consentement de citoyens en question sous prétexte d'assurer la sécurité de tous. L'histoire se déroule sur une colonie de la Terre installée sur un satellite de Saturne, avec une zone habitable et l'autre non : la Zone.

Toutes ressemblances avec des situations actuelles n'est pas fortuite.

Le combat final avec la Terre est épique (après avoir "volutionné" la colonie) et incertaine jusqu'au bout. Et les espoirs et déceptions d'une nouvelle vie, que l'on croyait acquise mais qui ne l'est peut être pas.

Un bon livre que j'ai beaucoup aimé. Un DVD à découvrir également (de la transcription d'un texte en images).
Voir le site Internet : http://www.lavolte.net/lazonedudehors/

Au travers de la création d'une ville extra-terrestre, formatée, aux habitants eux aussi formatés, et du groupe de rebelles qui essaye de sortir cette ville de sa gangue, ce livre offre une réflexion l'air de rien assez poussée sur la démocratie, la liberté, et leurs pièges insidieux. (Je résume, c'est en fait beaucoup plus compliqué que ça, mais c'est très intéressant)
Egalement une réflexion sur la ville, qui répond agréablement (mais tout à fait fortuitement!) à ce livre que j'ai lu juste avant : vies citadines.
parfois des passages mystico-philosophico-poétiques sont un peu perturbants, et la narration passe allégrement et (presque) sans transition d'un personnage à un autre - ça demande d'avoir les neurones éveillés, mais c'est pas si mal, une fois le pli pris, ça rend le récit très vivant.
Ecrit il y a déjà plusieurs années, ce livre reste fortement d'actualité, d'ailleurs il fait l'objet d'une réédition qui arrive à point nommé!
Dommage, il y a un dvd "film original du livre", mais j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque, donc je n'ai pas eu droit au dvd!

Pas réussi à le finir. Trop de longs passages philosophiques. Plusieurs fois décroché, plusieurs repris, tant pis, je renonce à la 160ème page (sur 493).

A côté de Saturne, des Terriens fuyant leur planète ravagée par la dernière guerre mondiale et un environnement pourri, ont fondé des colonies démocratiques appelées les Cerclons, où règnent une sécurité et une docilité aux règles que le monde leur envie censément. Mais la (ré)volte gronde. Un groupe nommé la Volte ne peut se satisfaire de cette démocratie tyrannique, où tout le monde est contrôlé et manipulé en permanence, où sortir dans la zone du Dehors vous rend suspect, etc. Le résumé complet est là.

Comme beaucoup, je craignais d'attendre trop de La Zone du dehors après avoir lu la magnifique Horde du Contrevent. J'ai retrouvé toutes les qualités de style qui m'avaient plu, une polyphonie (pas toujours très claire). Ce qui change réellement, c'est l'aspect engagement politique ; les textes dominants sont des discours politiques, des harangues, des dialectiques (très lisibles, n'ayez pas peur), et il est indéniable que Damasio ne nous parle du futur que pour nous inciter à revenir sur nos démocraties contemporaines où les conditionnements et les peurs sont telles que la liberté dont nous jouissons est extrêmement réduite. La Volte veut la liberté brute, avec ce qu'elle comporte de dangers, mais aussi de vie pleine chair. Elle veut fonder Anarkhia.
J'ai eu la vague impression que La Horde du Contrevent est l'exaltation de cette pleine vie (le vif), de l'importance redonnée au corps et à la lutte non-sécurisée.

Comme chaque fois que je lis un livre qui a de la teneur, il me renvoie à beaucoup d'autres. Celui-ci ne me dissuade pas de poursuivre mon exploration de la philosophie politique, bien au contraire. Et pourquoi pas les textes mis sur le site, comme celui de Deleuze ?

Damasio, en postface à la nouvelle édition, signale que lorsqu'il avait écrit ce livre, certains modes de contrôle de la population lui paraissaient relever d'une science-fiction très lointaine et que l'actualité lui a appris qu'il s'agissait de notre présent, désormais : traçage de l'ADN pour retrouver un scooter, voix qui vous intiment l'ordre, à Londres, de ramasser le papier que la caméra de vidéo surveillance vous a vu jeter...

Challenge Mon Ecrivain Préféré 2007

Plus tard : Coïncidence marrante ! J'ai acheté ce matin le Monde diplomatique d'août 2007 (n°641) : la Une est consacrée à un entretien avec Noam Chomsky intitulé "Plus efficace encore que les Dictatures : Le lavage de cerveaux en liberté" et il y a un encart sur Foucault, largement mis à l'honneur par Damasio.
:D Ce hasard, quand même !

dans un contexte de fiction, une réflexion sur les dérives mercantiles, contrôlantes et manipulatrices de notre société.
J'ai eu un peu de mal à accrocher à l'écriture au début, le style est haché, un peu comme dans La horde du contrevent du même auteur, avec des passages d'un narrateur à l'autre sans plus d'information qu'un signe typographique, il est parfois difficile de savoir qui parle
et puis on se laisse prendre par l'histoire, par les discours inspirés des héros, par les référencesà Nietzsche, Deleuze et consorts
un bon roman qui va plus loin qu'une simple distraction, qui nous pousse à nous interroger sur notre rapport à la société et sur l'évolution de celle-ci