Ce troisième tome basé surtout sur la disparition du père de Marco est dans le même style que les deux précédents mais bizarrement, il m’a un peu moins accroché. Cette fois, le héros m’a de temps en temps énervé. Ses doutes, ses peurs ont fini par me lasser et ce qui me touchait jusqu'à présent, n’a plus aussi bien fonctionné. Mais heureusement, Larcenet n’a rien perdu de son talent pour nous faire vivre ses petits moments tendres et touchants qui font justement le succès du combat ordinaire et même si j’émets quelques réserves, j’ai apprécié cette lecture.

Le 3e tome intitulé Ce qui est précieux poursuit avec finesse et intelligence la série à forte consonance autobiographique de Manu Larcenet, Le combat ordinaire. Dès les premières cases, le lecteur est happé par l’histoire et se laisse guider par la main et le cœur jusqu’à la dernière planche. Manu Larcenet sait mener son récit avec une évidente maestria et même si son dessin hachuré, crobardé, simplifié, parfois presque malhabile, semble marquer le pas, la densité du propos opère une synthèse entre le texte et l’image et accélère le rythme. Les mots et les dessins sont en symbiose et traduisent au mieux une gamme complexe de sentiments.
Ce troisième volet ne contient plus de scènes légèrement poussives comme dans les volumes précédents lorsque, par exemple, Marco surprend une conversation des trois photographes qui se moquent de ses clichés destinés à une prochaine exposition commune. Au contraire, le cheminement géographique et intérieur de Marco est rendu avec justesse, délicatesse et vraisemblance. Comme Marco, le lecteur est remué par les interrogations soulevées par le suicide et la perte irrémédiable du père atteint de la maladie d’Alzheimer, par le besoin d’Emilie de mettre au monde un enfant, par cette passation secrète de pouvoir et de responsabilité qui fait que le fils devient père. L’histoire est riche, bien construite et donne de l’ampleur à la série. Le titre est suffisamment polysémique pour résonner de différentes manières. Manu Larcenet sait jouer des échos sans créer d’interférences. Ainsi, lorsqu’il fait débuter son récit avec Emilie, de profil, au bord de l’océan, dans une image vide et ouverte sur l’avenir, il le clôt avec la mère de Marco, de dos, sur le rivage, dans une image beaucoup plus touffue et comme tournée sur le passé. A mesure que le temps passe, Le Combat ordinaire devient précieux et c’est tant mieux.

Troisième tome dans l'oeuvre autobiographique de Manu Larcenet qui tranche bien entendu avec le caractère léger et souriant du "Retour à la terre". L'histoire est dure, peut-être la plus dure des trois avec notamment le suicide du père de Manu. Une nouvelle fois, Manu Larcenet prouve qu'il est un auteur capable de travailler sur une grande richesse d'histoires.

Un troisième tome presque mieux que les deux premiers. Par contre, le personnage principal m'est de moins en moins sympathique... Davantage d'égocentrisme et d'apitoiement sur soi-même, les effets du deuil sans doute... Le scénario est toujours aussi habile.

Le héros, photographe bientôt publié, vit un drame familial qu'il vaut mieux que je ne dévoile pas (pour vous laisser le temps d'aller au tome 3 : moi, j'ai carrément laissé de côté les 1 et 2 pour l'instant), et s'insensibilise dans des thérapies qui ne semblent pas avoir d'effet majeur et les anxyolitiques. Son amie aimerait avoir un enfant mais lui feuillette les carnets que son père a laissés derrière lui, se révolte, s'étonne de leur objet, scrute les photos du passé...

Le ton est juste, certains dessins esquissés se taisent pour créer une atmosphère d'une grande beauté. Il faut absolument que j'achève le tome 1 demain !

Youpi