[Toute ma gratitude à Maroni dont la note sait provoquer plus que de l'intérêt]
Je connaissais déjà l'esprit qui animait Kapuscinski dans ses reportages, sa méthode et son anthropologie si humaniste. Par cet ouvrage, cependant, je découvre une Afrique telle qu'il n'est donné de la lire ni dans les essais politologiques, ni dans les livres d'Histoire - et certainement pas dans la couverture médiatique de l'actualité. Par une prose plus littéraire que journalistique, par l'ambition notoire de l'auteur de prendre pour modèle Hérodote (s'il vous plaît !), par des contenus qui mêlent et alternent du vécu parfois très aventureux, des notes et commentaires d'Histoire, des réflexions de vaste portée sur l'esclavage, sur le colonialisme, sur le racisme et la ségrégation, sur la communauté et l'individu, sur le travail et l'inactivité, etc., enfin par des récits dont la poésie ne saurait dissimuler la valeur emblématique, nous obtenons un cadre multiple et bariolé de l'immense continent. De nombreuses idées reçues sont sainement bousculées ; surtout une passion que l'on devine pluri-décennale est complètement transmise au lecteur.
Personnellement, je ressens désormais de l'Afrique de Ryszard Kapuscinski ce que j'avais ressenti de l'Asie de Tiziano Terzani (hélas si injustement méconnu en France).
Une seule gêne éprouvée au cours de la lecture : l'on devine très clairement qu'il y eut une forte évolution de l'auteur entre son premier voyage au Ghana en 1958 et son dernier séjour qui doit remonter, me paraît-il, à 1997. N'étant pourtant pas du tout sûr que la progression des chapitres soit chronologique, il aurait été intéressant de pouvoir tous les dater.

Quel livre !
En 29 chroniques de voyages mélées d'histoire, d'antropologie, de politique, nous voyons un regard neuf sur l'Afrique et les Africains, regard d'autant plus aiguisé que Kapuscinski ne prend pas parti, n'a pas de message à nous fournir, hormis son amour profond et clairvoyant de l'Afrique. avant la colonisation. D'ailleurs ce que dit Kapuscinski sur la colonisation est particulièrement éclairant quant à la nouvelle blesure qu'a subi le grand continent.
Sur les Afriques, plutôt, continent aux dix mille royaumes,Cependant c'est l'esclavage qui a produit le traumatisme le plus terrible, qui perdure encore. Car comme le dit si clairement l'auteur, outre les dizaines de millions d'Africains arrachés à leur terre, il a crée de façon systèmatique la haine de l'autre, le racisme, le concept de races différentes,bien avant les Nazis et la Shoah.

Une oeuvre passionnante et passionnée ; et vraiment pour moi une découverte
inattendue de ce continent qu'est l'Afrique.

L'histoire post-coloniale de ce pays, vue à travers les yeux de ce journaliste
aventureux, courageux et amoureux de ces territoires et paysages.

Entre autres, une explication de texte sur les guerres du Rwanda, avec des
éléments et des faits dont je n'avais jamais entendu parler jusque là.

Passionnant, parfois même inquiétant.

A découvrir pour tout ceux qui s'intéressent à l'Afrique.

Avant de partir bosser: un must ! Ebene de R. K....ski; j ai fait une recherche et a priori personne ne l a enregistré sur le site ?! Donc, l Afrique , avec un grand A ! reporter pendant de longues années, K. a le continent dans le sang; Ebene c est un condensé de folies, d aberrations, de malentendus ; la guerre est omnipresente, donc la violence, donc les meurtres... c est une Afrique loin des clichés humanitaires politiquement corrects. Un chapitre hallucinant : celui ou K. arrive à l aeroport de Monrovia dans le Libéria en guerre.... Bon si vous le lisez et dans la meme veine "non politiquement correct" : Safari noir de Paul Theroux.