Pierre Jourde décrit le retour de deux frères dans leur village natal (quelque part en Auvergne) à l'occasion de l'enterrement d'un cousin. Ce retour est prétexte à l'auteur pour décrire l'ambiance feutrée de ces villages reculés de France dans lesquels la civilisation n'a guère évolué et où des fléaux comme l'alcoolisme, le handicap, la violence conjugale, la solitude sévissent à longueur d'année.

Le climat âpre et rude semble en parfaite adéquation avec l'ambiance qui règne dans ces coins reculés.

Mais lorsque l'on y est né et que l'on a grandi dans ces campagnes, on ne peut s'empêcher de vouloir toujours y revenir pour marcher sur les traces de nos ancêtres.

J'ai beaucoup aimé ce livre "hommage" qui m'a rappelé sans cesse mon "pays perdu".

Intrigue minimaliste; un homme revient dans le village de son enfance pour l enterrement de son père. C est l occasion pour l auteur de nous brosser une France, dite profonde, qui semble n avoir pas bougée de son 19e siècle. Le pays que décrit Jourde (ce n est pas dit mais ça ressemble diablement à la Lozère) est un pays abandonné, abandonné des hommes ,de Dieu,du "progrés". Les etres sont violents, frustres ; les haines sont tenaces , la cruauté s excerce aussi bien sur les hommes que sur les animaux. Cependant je n ais pas senti de mépris dans le propos de P. Jourde, juste un constat clinique de l inexorable disparition de cette France fossile, submergée par tout ce que semble détester l auteur: mercantilisme, "modernisme chic", empire de l apparence...la nouvelle France "chic et toc". Une image me vient à l esprit pour ce bouquin: quand Burt Reynols et ses amis découvrent les habitants du village qui doit etre englouti par les eaux du futur barrage, dans le film de J. Bormann: Délivrance.

Une atmospère lourde et précise pour cette description de retour au pays à l'occasion de funérailles. Pas étonnant que l'auteur se soit, paraît-il, fait mal voir, à l'occasion de ces descriptions. Pourtant, je suis persuadée qu'elles sont réalistes.