7 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 7 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : adolescence, arabie saoudite, deculturation, france, islam, isolement, langue, maladie, peur, soumission, syrie, tristesse, violence
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Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2643
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Posté: Mer 29 Nov 2023 17:37
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Un bon cru mais triste et parfois propre à éveiller l'indignation.
Cf. note de lecture sur mon blog.
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Jeu 19 Jan 2023 20:34
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La vie secrète du djeune.
1994, 16 ans, au lycée de Rennes, Riad Sattouf décroche en première et passe au point mort, avançant en roue libre. Il préfère la fuite dans les jeux vidéo. Son père le hante. Sa mère le surveille. Le sommeil le quitte. L’enfant brillant est devenu atone, transparent, mou. L’enlèvement de Fadi, le frère cadet, emmené en Syrie par le père, entretient un climat dépressif dans la famille Sattouf cantonnée en Bretagne. La mère ne sait plus à quel saint se vouer, consulte régulièrement une voyante, s’adresse à un aigrefin, sollicite Chirac, approche Monsieur Mars, directeur retraité des Renseignements généraux, veut se lancer seule dans un périple syrien à haut risque dans l’espoir insensé de retrouver son fils. Riad déçoit son entourage mais s’obstine sur la seule voie qui lui semble praticable, la bande dessinée. Il tâtonne dans les écoles d’art, dans la recherche d’un style graphique, d’histoires à raconter. Il veut aussi se faire réformer car il est persuadé que l’armée va le couper et le stériliser dans la création artistique. Il s’émancipe, prend sur lui, s’échine au travail et décide de se concilier les bonnes grâces de ses fantômes en commençant une psychothérapie.
Le dernier volet de l’autobiographie concerne dix-sept années courant jusqu’à l’âge des trente trois ans de l’auteur. Autant dire qu’il brasse beaucoup d’événements et d’émotions dans la vie de Riad Sattouf. Il parachève admirablement un travail introspectif sensible et sincère. Sans cesse le récit surprend, ravive des souvenirs, remue les tripes, déroule sans apitoiement et atermoiement une histoire rude et dure que l’humour et l’autodérision sans cesse rendent digeste. Les commentaires du père, dans la tête de Riad, sont cyniques, orientés mais drôles notamment envers la psychothérapeute, sorte de clown Bozo en lévitation mais particulièrement fine et pertinente dans l’approche des névroses de l’auteur. Le passage des trois jours à l’armée peut réveiller la mémoire chez les lecteurs âgés. Beaucoup de détails touchent au cœur. On assiste à l’éclosion d’un auteur à la voix unique, se cherchant et se trouvant. La fin de l’histoire, dans les toutes dernières pages, est intelligente, subtile et magnifique.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Sam 14 Jan 2023 20:44
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Kestadi tôa ?
En 1992, la famille Sattouf vit à Rennes hormis le père qui a enlevé Fadi, son plus jeune fils, pour l'emmener et l'éduquer en Syrie. La mère est effondrée mais elle tente de protéger ses deux autres enfants, Riad et Yahya afin de les soustraire à un possible rapt paternel. Elle entame aussi des démarches mais étant toujours mariée, le père n'est pas fautif vis-à-vis de la loi. Un chemin de croix s'ouvre devant la mater dolorosa. Dans ce triste climat, Riad Sattouf continue de hanter le collège en 4e mais il a su se faire de rares copains parmi les dominés, Nicolas, Sébastien, Grégory et surtout Anaïck qui lui fait immédiatement forte impression et sensation avec son mélange de lavande et de transpiration. "Curieuse, drôle, intelligente et vivante", elle devient en rêve la femme de sa vie.
Dans la droite ligne du précédent tome, l'autobiographie de Riad Sattouf se déguste. Elle a mitonné et elle est réussie. Entre deux chaos, le suspense lié à l'enlèvement de l'enfant et les métamorphoses de l'auteur adolescent, l'équilibre est trouvé. Les relations sont creusées et donnent corps à des individus évoluant dans leurs bulles mais sujets à des échanges marquants. L'empathie devient possible pour des personnes crédibles et proches par leurs histoires et leurs comportements. L'auteur est passé de la caricature dans les trois premiers tomes à un propos plus travaillé et nuancé dans les deux derniers volumes qui gagnent en profondeur et en émotion. Avec un sens remarquable du tempo, Riad Sattouf fait cavaler son passé sans temps mort. Comme il sait amener ses cliffhangers avec maestria, il saura sans nul doute conclure son autobiographie dans le tome 6 d'une main forte en y apposant un poing final dans la tronche de ses hantises.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Dim 11 Déc 2022 18:32
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Les dérives du père.
Le temps passe, les chapitres s’égrènent et Riad Sattouf grandit en Bretagne, reléguant la langue arabe toujours plus profondément dans sa mémoire. Le collège et la puberté apportent leur cortège de perturbations, entre préjugés, fantasmes et acné juvénile. Riad voudrait obtenir l’approbation et l’adoubement mais il essuie moqueries et rebuffades en tout genre. Même son talent graphique finit par le desservir. Bien que demeuré en Arabie Saoudite, son père tente tous les rapprochements possibles avec des stratégies puériles, éventées d’office mais terriblement pathétiques. La souffrance du père est patente et son incapacité à l’exprimer est tragique. Les évènements qui vont s’ensuivre sont lourds de conséquence.
Le 4e tome de l’autobiographie de Riad Sattouf prend enfin sa pleine mesure avec un contenu enrichi d’une centaine de pages par rapport aux précédents volumes. Les personnages sont plus creusés et gagnent en épaisseur. Leur présence densifiée contribue à les crédibiliser et à les humaniser davantage. Il devient alors possible d’éprouver de l’empathie et de goûter pleinement l’humour de l’auteur dont une partie de la force de frappe réside dans la survenue d’une scénette qui pourrait n’être qu’anecdotique mais qui se révèle décisive et irréversible.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 29 Nov 2022 10:30
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Le robot géant contre les méchants.
Riad Sattouf débute le 11e chapitre de son autobiographie quand il est âgé de sept ans, en Syrie, dans le village de Ter Maaleh qui désole sa mère. Vide, lézardée, sans confort, la triste maison et la situation végétative aggravent les tensions entre les parents. L'éducation dispensée par un maître d'école brutal et un père borné inculque au jeune Riad un comportement de soumission. La violence exercée par les autres enfants l'oblige à développer des stratégies d'évitement. Quand Riad découvre Goldorak en plastique, un jouet plus haut que lui, grand, fier, puissant, protecteur, il veut se le faire offrir pour Noël mais au regard du prix exorbitant et de l'inutilité apparente du jouet, le père botte en touche.
"L'Arabe du futur" est un travail introspectif majeur pour Riad Sattouf. Il chapitre consciencieusement le grand livre de sa vie et ménage des chutes fracassantes. L'humour tempère un climat délétère. Le 3e volume de l'autobiographie est moins sordide que les deux tomes précédents. Riad semble tenir le choc et trouver du réconfort dans une vie pourtant difficile. Quand la Syrie paraît s'assagir, la Bretagne prend le relais, exposant une bêtise effrayante. Le sort réservé aux animaux par Jeannot et sa femme dénommée Fanchon est juste ignoble. Les derniers chapitres montent encore en puissance avec la naissance, la circoncision et un nouveau départ à reculons. Le lecteur ne s'ennuie pas dans cette tragi-comédie et en demande à voir la suite de la pièce.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 15 Nov 2022 15:35
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Eduqué à la férule.
De retour au village syrien de Ter Maaleh, Riad Sattouf, âgé de six ans, doit intégrer l’école, grande pourvoyeuse de violence, de bêtise et de suffisance. La maîtresse régente son petit monde effrayé et soumis à coup de trique. Malgré la brutalité en classe et dans la cour, le jeune Riad trouve quelques rares camarades qui l’écoute et l’épaule. Avec ses deux cousins, il arpente la décharge publique à la recherche de trésors hypothétiques. A la maison, son frère grandit, sa mère végète dans un appartement vide, son père imagine des rêves de grandeur avec la construction d’une vaste maison prétentieuse, précurseur d’un avenir présidentiel. La visite de la famille Sattouf au cousin Abou Hassan et à sa femme Oum Hassan est un grand moment de solitude, de vanité, d’égoïsme et d’hypocrisie que le regard enfantin de Riad exacerbe.
Arrivé à la moitié du livre, le lecteur sent que rien ne va plus, les jeux sont faits. Alors qu’il a neigé, Riad Sattouf douche l’émerveillement de l’enfance en remarquant immédiatement que « L’air sentait le mazout ». Ensuite le père, Abdel-Razak, part à la chasse avec son fils dans le no man’s land du faubourg. Comme tout à déjà été laminé depuis longtemps, il fait un carton sur un groupe de moineaux transis de froid et affamés, posés serrés sur un barbelé. Plus tard, Riad trébuche et s’affale dans la boue en allant à l’école. Sale et en retard, il se fait châtier par la maîtresse sadique. Enfin, Abdel Ramane, un enfant de la zone, capture des grenouilles et les attachent aux roues de son vélo. Il analyse ensuite l’état des batraciens et s’étonne que les yeux leur sortent de la tête. L’éducation parentale laisse aussi grandement à désirer. Heureusement, l’humour tempère les propos du père. Ainsi, quand il explique à Riad la présence de gaz mortifères dans le cimetière, la mère prend immédiatement le relais, en colère. Elle doit se contenter d’un réchaud pour faire la cuisine à tout le monde. Abdel-Razak promet aussitôt une gazinière, une machine à laver, un magnétoscope « de grande modernité » et la villa de ses rêves pour la semaine prochaine.
Riad Sattouf continue à autopsier son enfance pour se purger de tous les cadavres qui hantent son passé. Avec un air faussement innocent car revu et corrigé par un regard adulte, un trait en apparence enfantin mais féroce et caricatural, l’auteur croque son monde avec un mordant qui tranche à l’exemple de la mise à mort de Leila par son frère et son père au prétexte qu’elle est tombée enceinte hors mariage. Dans tout ce malstrom de tronches défaites, Leila apparaissait comme une jeune femme éblouissante aux yeux du jeune Sattouf.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mer 12 Oct 2022 11:30
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Le beau gosse.
Aussi loin que ses souvenirs le portent, Riad Sattouf raconte son enfance en France, en Libye et en Syrie. Le 1er volume de son autobiographie dessinée débute à sa naissance en 1978 jusqu’à l’âge de ses six ans, en 1984. 5 autres volumes suivront pour raconter l’épopée de « L’Arabe du futur ». Son père syrien, Abdel-Razak Sattouf vient faire sa thèse d’histoire contemporaine en France afin de fuir le service militaire de son pays et force sa rencontre avec Clémentine, étudiante à Paris. Néanmoins, le couple se forme et s’épaule jusqu’à l’obtention de la thèse en 1978 avec mention « honorable ». Déçu et humilié, Abdel-Razak pense que son jury de thèse est raciste. Finalement, il postule à l’étranger et la Libye lui offre un poste de maître-assistant à l’université. L’odyssée de Riad est enclenchée. La découverte du pays mené par Kadhafi est déprimante et déboussolante. Vue par un tout jeune enfant, la Libye est évoquée entre le cauchemar et l’amusement. Baignant dans le jaune, le pays ne respire pas la santé. Les enfants de palier que Riad côtoie paraissent venus d’une autre dimension, incompréhensibles et insaisissables tout comme le père de Riad qui marque de plus en plus une distance où la puérilité et l’incohérence jouent une partition allant crescendo. Après un bref retour par la case bretonne, la famille Sattouf repart pour la Syrie. Le village de Ter Maaleh habité par le clan Sattouf semble être un dépotoir à ciel ouvert. Les deux cousins Anas et Moktar effraient le petit Riad. Avec son abondante chevelure blonde platine et sa méconnaissance de la langue arabe, Riad Sattouf porte des signes extérieurs d’étranger à ostraciser ; il redoute à juste titre d’être un bouc-émissaire et l’idée d’intégrer l’école le terrorise. Pourtant, son père insiste. La cour des grands fauves lui est grande ouverte.
Dans son autobiographie, Sattouf dézingue tout ce qui l’entoure, Français ou Arabes. Malgré la focale de l’enfance, le vécu retranscrit a des accents de vérité. Avec un sens aigu du détail révélateur, l’auteur pointe les travers et les carences où la bêtise et la méchanceté dominent. Les quelques moments d’échanges et de tendresse sont dépréciés par l’ironie et la caricature. La surprise est constante pour le lecteur et si le sourire pointe souvent, l’arrière-fond est amer.
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