Braquage à Nogales.
Tex Willer et Kit Carson remontent la piste de braqueurs de banques et finissent par s’intégrer à la bande de Don Domingo Torres sous une fausse identité. Le plan de Torres est simple : une partie des bandits s’occupe de la banque de Nogales ; lui-même et quelques affidés kidnappent Manuela Montoya. Dans le montage de l’opération, Tex Willer apporte son concours afin de mieux maîtriser la situation d’autant périlleuse que son propre fils est dans le collimateur de Torres. En parallèle, il prévient le shérif et ses adjoints afin de mieux duper les dangereux pistoléros mais tous ne sont pas en admiration devant la faconde du ranger notamment Keel, bellâtre cruel et suspicieux.
Le scénariste s’ingénie à orchestrer les tensions qui vont crescendo. Le découpage et la mise en scène que le dessinateur réussit superbement passent d’une situation à l’autre très rapidement. A tout moment, la machinerie risque de gripper et fatalement, elle se dérègle là où on ne l’attendait pas. Le 2e tome apporte le dénouement à une histoire bien menée et prenante.

Un colt pour Manuela Montoya.
La belle et fougueuse Manuela Montoya revient à Nogales prendre possession du ranch après la disparition de ses parents mais le potentat local, Don Domingo Torres, rancher mexicain, raciste et violent, veut faire main basse sur la beauté et la propriété de la jeune femme. Ne doutant pas de ses atouts, il croit la partie gagnée d’avance. En envoyant ses sbires la forcer à accepter son invitation, il n’imagine pas que l’intervention providentielle de Kit Willer bouscule ses projets. Par le passé, Kit et Manuela ont noué une idylle. Leurs retrouvailles inopinées rallument les désirs.
Mauro Boselli sait toujours aussi bien construire ses histoires en donnant de la consistance aux personnages. Une romance qui pourrait n’être que banale et ridicule devient un ressort tendu dans une intrigue aux multiples ramifications. Le dessinateur Mauro Laurenti fait son entrée dans l’univers de Tex Willer après s’être essayé à une courte histoire dans le Tex Color n° 10, de novembre 2016. Quelques dessins manquent encore de souplesse, l’épaisseur de l’encrage et l’absence de détails rendant les maladresses plus visibles. La prestation graphique reste néanmoins de bonne facture mais s’il faut comparer avec l’excellence des réalisations des autres dessinateurs attachés à la série, Mauro Laurenti vient de faire ses armes. La suite ne peut être qu’enthousiasmante à l’image de la sensualité dégagée par Manuela Montoya qui nimbe les cases à chacune de ses apparitions.

L’agent indien.
Tout débute avec l’attaque nocturne par quatre jeunes malfrats d’un comptoir commercial isolé aux marches du désert, à Ganado, en Arizona. Rusty, chef du gang, semble prudent et réfléchi. Joe et Smith sont plutôt des suiveurs et Caleb, probablement un meurtrier sadique. Opérant sur les terres navajos qui sont sous la protection d’Aigle de la Nuit, les sinistres bandits espèrent faire main-basse sur un butin empoché facilement.
La petite trentaine de pages liminaires sont un régal narratif et visuel. Les gangsters sont crédibles et bien campés. Les surprises sont multiples, la tension constante. L’entrée en matière mouvementée permet d’introduire l’histoire du trading post dix années auparavant quand Lorenzo Hubbell et sa femme se sont attelés à restaurer une ruine. L’agence indienne était située à Fort Defiance dirigé par le commandant Bullard, de mèche avec Bruce Lanigan, l’agent aux affaires indiennes corrompu, tous deux désireux de s’enrichir sur le dos des Indiens Navajos et du gouvernement des Etats-Unis en prélevant une dîme substantielle sur les vivres destinées aux peuples autochtones. Tex Willer, chef des Navajos, a eu alors fort à faire pour régler une aussi épineuse affaire sans déclencher une guerre indienne que Bullard appelait de tous ses vœux.
Les éditions Bonelli ont eu la bonne idée d’insérer un numéro bis annuel dans le déroulé des parutions mensuelles de la série princeps. L’histoire inédite et complète en un seul volume prend le temps en 114 pages de développer une aventure prenante où les rapports entre les personnages prévalent. Bien des détails dans les expressions et les attitudes retiennent l’attention et ajoutent au plaisir de la lecture. Maurizio Dotti est un dessinateur généreux capable de beaucoup produire avec une qualité remarquable.