Dans les jupes et les ombres de la reine mère.
Leina, mère du roi Mederion, a fait capturer Astrelia, cousine du monarque. Elle compte bien tirer vengeance des peines et des humiliations causées par feu, son beau-frère Cyrus, ex-roi des félins d’Angleon. Quant à Mederion, il fait emprisonner un groupuscule d’étudiants révolutionnaires dont Logg, idéaliste intransigeant. L’échange dans la geôle entre le roi et l’étudiant est un grand moment par la densité et la pertinence du propos avec ce qu’il sous-tend de violence contenue, de non-dits exacerbés par des silences empoisonnés.
Savamment pensée, chapitrée et orchestrée, l’histoire des 5 Terres est une totale réussite formelle et narrative. Elle est captivante de bout en bout. Feuilletonnesque à souhait, le récit se relance sans répit, passant d’un personnage à l’autre sans jamais perdre en cohérence et en lisibilité. Les dernières planches captivent et médusent le lecteur tel les ralentis et le défilé des personnages en fin d’épisode des grandes séries télévisuelles.

Un tigre dans le retors.
Angleon est à nouveau privé de roi et la cité gronde, inquiète de la versatilité et de la dangerosité des tigres. Les lions, évincés du pouvoir, sentent le vent tourner en leur faveur. Le jeune, fougueux et cynique Terys entraîne un quarteron de vieux briscards lions à prendre confiance et à fomenter un coup d’Etat. Pendant ce temps, Sameus, l’éminence grise de feu, le roi Cyrus, décide de retrouver Aleria, l’ultime héritière directe du trône, afin de la protéger mais il n’est pas le seul à vouloir la retrouver, pour des raisons diamétralement opposées.
Superbe avancée sans temps mort dans le cycle des 5 Terres, le 3e volume de la saga déroule son implacable histoire où les têtes tombent sans savoir qui mène réellement la danse. Les auteurs n’expliquent pas tout mais les évidences s’imposent au lecteur éberlué et conquis. Sur ce canevas politique bien conçu s’agitent moult personnages bien campés et suffisamment nimbés de mystères pour susciter l’intérêt et exciter l’imagination. Le dessinateur Jérôme Lereculey avance d’un bon pas, sans mollir, dans une œuvre forte qui pourrait faire date dans l’histoire du 9e art.